" Nevermore " : Ils iront voir Mylène Farmer en concert, cinq, sept ou même onze fois

June 02, 2023
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Neuf villes, treize dates. Samedi, Mylène Farmer donnera à Lille le coup d’envoi de « Nervermore », la plus grande tournée des stades jamais effectuée par une artiste française. Le retour à la scène de la star est très attendu, quatre ans après sa résidence à la Paris La Defense Arena qui a réuni 243.000 personnes le temps de neuf soirées. Cette année, comme lors des précédentes tournées et résidences, des centaines de fans ont prévu d’aller la voir, la revoir et la revoir encore. Cinq, sept ou même plus de dix fois. Pourquoi ? Tentative de réponse en quelques témoignages.

Motivation numéro 1 : la rareté. « Les concerts sont le seul moment où on peut partager quelque chose avec Mylène Farmer. Elle ne fait quasiment plus de télé, pas de séance de dédicace », nous glisse Alexandre. Alors, ce quadra de Saint-Ouen ira applaudir plusieurs soirs celle qu’il admire depuis vingt-cinq ans. Il a ses tickets pour les shows de Lille, Nantes, Lyon, Bruxelles ainsi que pour les deux Stade de France… « C’est un budget, admet-il, mais c’est aussi l’occasion d’en profiter pour passer des week-ends dans ces villes-là et de joindre l’agréable à l’agréable. »

125 euros par date

Michael, 33 ans, a quant à lui prévu d’assister à onze des treize concerts. « Quand j’en parle, mes proches font des yeux ronds, j’ai conscience que c’est un privilège », explique ce responsable RH de Maisons-Alfort. Il n’a pas fait le décompte précis de ses dépenses mais, pour ses places en pelouse or, il a investi au total 1.375 euros (125 euros par date). « Les billets ont été mis en vente il y a deux ans, cela m’a permis d’étaler les achats dans le temps, précise-t-il. Pour les transports, j’ai pris les tickets dès que cela a été possible afin de débourser le moins possible et, pour l’hébergement, on se partage les frais avec des amis. » C’est d’ailleurs ce dernier point qui le motive le plus à enchaîner les concerts de Mylène Farmer : « passer des soirées avec [ses] potes qui partagent [sa] passion pour l’artiste ».

Même chose pour Jean-Marie. Ce Marseillais de 43 ans, directeur commercial dans la beauté, est « avant tout » galvanisé par « le côté humain » de l’expérience. Les rendez-vous farmeriens rythment sa vie : c’est à un concert de la star qu’il a rencontré, il y a quatorze ans, celui qui est aujourd’hui son mari. Il a prévu d’aller à sept dates, qu’il partagera, selon les soirs, avec son époux et/ou avec ses meilleurs amis. Sylvain est l’un d’eux. Co-créateur du podcast Mylène Farmer - Histoires de… - dont les épisodes cumulent 600.000 écoutes depuis quatre ans –, il sera de la partie pour cinq concerts.

Etre présent dès le lancement à Lille était une évidence pour Sylvain. « J’aime voir son visage quand elle découvre le public. J’ai toujours l’impression qu’elle est soulagée de nous voir, qu’elle se dit : "Ils sont là !" », sourit-il. Le quadragénaire francilien, qui a l’habitude d’aller applaudir la chanteuse plusieurs fois à chaque tournée ou résidence, note qu’elle est « concentrée comme rarement », lors des premières. L’un de ses plaisirs consiste à la voir quitter sa retenue au fil des soirs.

« Il y a des soirs où elle ne pleure pas »

Si Alexandre estime que, d’un concert à l’autre, il y a des différences « qui ne sautent pas aux yeux du grand public », Michael est plus catégorique : « Aucune date ne ressemble à une autre. Les petites phrases, les petits couacs, l’atmosphère… Tout cela change d’un jour au suivant. Personnellement, j’arrive très bien à distinguer chacun de mes souvenirs. Je peux dire ce qu’il s’est passé et à quelle date. » Benoît, Bruxellois de 36 ans, ne dit pas le contraire. Il a prévu d’aller à cinq concerts de Nervermore et s’attend à découvrir quelque chose de nouveau à chaque fois. « Les spectacles de Mylène Farmer sont denses en matière de théâtralité. Cette année, je ferai deux dates en gradin pour bien en profiter, et les autres en fosse, pour être plus près d’elle », détaille-t-il.

La fosse, c’est le cœur vibrant de tout concert farmerien. C’est là où les émotions sont les plus bouillonnantes. C’est là où se goûtent le mieux les instants lacrymaux, à savoir les ballades en piano-voix qui ont contribué à la légende de Mylène Farmer. Les mauvaises langues y voient des larmes versées sur commande. « C’est une idée reçue, balaye Sylvain. En live, tout est réuni pour que l’émotion soit là, ce n’est donc pas étonnant qu’elle puisse être émue. Mais il y a des soirs où elle ne pleure pas et d’autres où l’émotion surgit plus qu’un autre. Je me souviens par exemple d’un concert à Angers en 1999 et de ses yeux brillants sur Souviens-toi du jour, qu’elle n’avait pas les autres fois. »

Aller à plusieurs concerts de Mylène Farmer, c’est aussi multiplier ses chances d’assister à des moments où la machine bien huilée s’enraye quelque peu. « En 2019, à la fin de Désenchantée, le public a continué à chanter le refrain, or, la technique avait déjà basculé sur le tableau suivant, celui de Rêver. On a senti que ça ramait », se remémore ainsi Jean-Marie avec amusement.

« On croit toujours que ce sera la dernière fois »

Sylvain, lui, a en tête ce soir de 2013 où l’artiste a « atterri sur les fesses » en pleine interprétation de XXL. « Elle a des réactions drôles. On a l’impression que rien ne peut la toucher sur scène. En 2006, elle s’est perdue dans le rythme et les paroles de Déshabillez-moi. Elle a stoppé et dit : "On recommence". En 2009, au Stade de France, le son a lâché sur Désenchantée. Plus rien ne sortait des enceintes, plus rien ne marchait, mais elle a fait le final malgré tout, en pleine maîtrise. Elle a une aisance sur scène, elle se permet tout. Elle a vraiment une décontraction incroyable au milieu de ce barnum. »

Ces aficionados de Mylène Farmer ont aussi tous en commun de prendre leurs distances avec la caricature voulant que les fans de la rousse tombent dans tous les excès. « Je la suis depuis longtemps, mais je n’accroche pas à tout ce qu’elle fait, comme son disque Monkey Me ou la tournée Timeless, avance Alexandre. Cela ne m’empêche pas de revenir. J’ai adoré L’emprise, son dernier album. »

Benoît, lui, aime beaucoup moins cet opus sorti cet automne. « Je ne suis pas fan des compositions de Woodkid. Je ne me le passe donc pas en boucle. C’est bien le signe que je peux avoir un regard critique », insiste le Bruxellois. Lui ira donc au concert de Lille « pour ne pas être spoilé », au Stade de France « car il y a des rumeurs de guests » et à Nice « parce que ce sera la dernière ». « On croit toujours que ce sera la dernière fois », reprend-il. Avec une tournée s’intitulant Nevermore, « Plus jamais », les craintes d’ultime rendez-vous sont renforcées. S’il s’agit là d’un adieu à la scène de Mylène Farmer, aller la voir plusieurs fois, c’est donc aussi accumuler les au revoir.

Source: 20 Minutes