Autisme : Georgio Loiseau, un maire et un père en grève de la faim

June 02, 2023
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Georgio Loiseau, le maire de Poses, devant la mairie de sa commune de l’Eure, le 29 mai 2023. LAURENT PHILIPPOT / RADIO FRANCE / VIA MAXPPP

Ce mercredi 31 mai, Georgio Loiseau sort d’une réunion avec des députés au Palais-Bourbon en s’épongeant le front, fatigué mais déterminé. Pour son fils atteint de troubles autistiques, le maire de Poses (sans étiquette), commune de 1 162 habitants située dans l’Eure, est prêt à se battre corps et âme. Ce qu’il a prouvé en commençant une grève de la faim trois jours plus tôt après avoir appris qu’Elyes, son fils de 11 ans, n’aurait pas de place en institut médico-éducatif (IME) à la rentrée 2023. En raison de son âge, le garçon est supposé quitter à la fin de l’année l’unité d’enseignement en élémentaire autisme (UEAE) créée par son père en 2018.

L’élu est engagé depuis plusieurs années pour que l’autisme soit mieux pris en charge. En 2015, il a fondé une association, L’Oiseau bleu, afin de sensibiliser à l’autisme et de venir en aide aux familles. Au-delà du cas d’Elyes, l’édile veut, avec sa grève de la faim, mener un combat global. « Je ne me fais pas trop de soucis pour mon fils, mais j’emmène dans mon escarcelle des milliers de familles », assure-t-il. Il dit avoir reçu, depuis lundi, des témoignages de toute la France. Une vidéo postée sur les réseaux sociaux, mercredi 24 mai, dans laquelle il dénonce les carences des politiques publiques en matière de handicap, cumule 92 000 vues sur Facebook.

« Cela fait dix ans que les pouvoirs publics nous font des promesses, sans que rien ne se passe », déplore le maire de Poses. A ces yeux, les chiffres officiels cachent une réalité complexe : « On dit que 430 000 enfants handicapés sont scolarisés, mais c’est faux. Ils ont une modalité de scolarisation, ce qui peut se traduire par une heure par jour ou par semaine. » Une situation expliquée, en partie, par le manque de personnel spécialisé. En 2022, quarante postes d’accompagnant d’élève en situation de handicap (AESH) étaient à pourvoir dans le département de l’Eure, avance-t-il.

Ce manque de prise en charge affecte directement les familles, selon Georgio Loiseau : « Le retour à domicile [faute de place en établissement spécialisé] signifie souvent l’arrêt de la vie sociale et professionnelle des aidants. » Selon la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, 21 % des mères qui bénéficient de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé ne travaillent pas, afin de pouvoir s’occuper de leur enfant, soit 2,5 fois plus que les autres mères. Le maire de Poses évoque plusieurs cas de foyers en détresse. « J’ai échangé avec une famille prête à se faire déchoir de ses droits parentaux pour que son enfant soit confié à l’aide sociale à l’enfance et qu’il ait plus de chance d’obtenir une place en établissement », relate l’élu.

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Source: Le Monde