Pollution plastique : une nouvelle étape vers un traité mondial validée in extremis à Paris malgré l’obstruction des pays pétroliers

June 02, 2023
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L’installation de l’artiste Benjamin Von Wong intitulée « Perpetual Plastic Machine », présentée par Greenpeace sur les quais de la Seine en marge du Sommet sur la pollution plastique, au siège de l’Unesco. A Paris, le 27 mai 2023. VINCENT ISORE/IP3 PRESS/MAXPPP

« Il n’y a pas de temps à perdre », avait rappelé Emmanuel Macron en ouverture des négociations organisées à Paris du 29 mai au 2 juin pour mettre un terme à la pollution plastique, qualifiée de « bombe à retardement » par le chef de l’Etat. Plus de 350 millions de tonnes de déchets de plastique sont générées chaque année à l’échelle de la planète et menacent les écosystèmes, la santé et le climat. Le calendrier est serré : la communauté internationale s’est donné jusqu’à la fin de l’année 2024 pour parvenir à un traité mondial juridiquement contraignant.

Après cinq jours d’âpres tractations entre un millier de délégués de 175 pays, le sentiment qui prédomine est pourtant celui d’avoir « perdu du temps » pour arracher in extremis un accord qui n’hypothèque pas la suite du processus d’élaboration du traité. A l’issue de la dernière séance plénière, vendredi 2 juin, à l’Unesco, les Etats ont confié au Comité intergouvernemental de négociation un mandat pour préparer un « zero draft », comprendre un premier projet de texte, avant la prochaine session de négociation, prévue en novembre au Kenya.

Mais les tensions et les résistances ont été vives. « On a vécu un début de semaine laborieux avec beaucoup de pinaillages et des manœuvres un peu dilatoires sur des points de procédures qui ont conduit à ce qu’on entre tardivement dans les choses sérieuses », a commenté Christophe Béchu. Le ministre français de la transition écologique avait présenté la séquence parisienne comme une étape « cruciale ». Elle a failli devenir fatale.

Deux jours de blocage

« On a évité le pire », admet un négociateur européen. Les deux premiers jours de discussions se sont enlisés sur des questions de procédure. Emmenés par l’Arabie saoudite, plusieurs pays du Golfe rejoints par la Russie, l’Iran, la Chine, l’Inde ou encore le Brésil refusent que le futur traité soit approuvé par un vote – à la majorité des deux tiers – si aucun consensus n’est trouvé. Un principe pourtant validé lors de la première session de négociations, fin novembre en Uruguay.

« La question sur le vote a eu le mérite de faire tomber les masques très tôt, analyse David Azoulay, observateur averti des joutes diplomatiques au sein du Centre pour le droit international de l’environnement (CIEL), elle est portée par des Etats pétrogaziers et producteurs de plastiques qui savent que si le traité va au bout, il ne sera pas bon pour leur business. C’est pourquoi ils ont essayé de le faire dérailler avant qu’il ne soit lancé mais ils n’ont pas réussi. »

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Source: Le Monde