" Les joueurs sont les premiers responsables "... La Fédé se lave les mains après l'échec des Français

June 02, 2023
197 views

A Roland-Garros,

Pour comprendre l’état du tennis français après cette nouvelle purge version 2023 de Roland-Garros, pas besoin de longs discours, du moins pas tout de suite. Ce vendredi, il nous a suffi de regarder la tête déconfite du DTN Julien Escudé, quand il s’est présenté en conférence de presse pour dresser le bilan du désastre, pour comprendre que les lendemains qui chantent ne sont pas pour tout de suite. Mais, contrairement aux autres années, où on nous expliquait que la nouvelle équipe aux commandes de la fédé était en train de mettre des choses en place, qu’il fallait patienter avant de lui mettre un tir, cette fois-ci le ton a changé. Si l’habituelle trame est toujours là - ça bosse, ça avance, ça devrait bien finir par payer un jour – on note tout de même un durcissement du discours. Voire un début de friction avec les joueurs et joueuses.

Voyez plutôt : Après avoir admis d’emblée que le bilan des tricolores cette année « n’est pas bon », Nicolas Escudé a enchaîné en prenant la défense de la FFT, sans que personne ne l’ait attaqué sur ce point. « Je pense qu’on ne peut pas non plus rendre la fédération responsable de tout, a-t-il indiqué. Ça ne veut en aucun cas dire que la fédération n’assume pas les responsabilités qui sont les siennes, mais on met en place énormément de choses depuis deux ans sur la formation de nos joueurs et de nos joueuses, sur la façon dont peut fonctionner le pôle France à Poitiers, le CNE. On a tous un seul but, que nos joueurs et nos joueuses brillent mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. Et quelque part les premiers pénalisés et les premiers responsables de ces résultats, ce sont les joueurs et les joueuses. » Sans le vouloir, l’ancien vainqueur de Coupe Davis vient de nous jouer un magnifique remake du sketch des Inconnus et leur mythique « responsable, mais pas coupable ».

L‘accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement En cliquant sur « J‘ACCEPTE », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires J‘ACCEPTE

Des éléments de langages répétés à foison

Le DTN a enchaîné en prenant l’assistance à témoin. « Vous connaissez suffisamment le tennis, si je venais à vous retourner la question, ‘vous vous attendiez vraiment à ce qu’un garçon français gagne Roland-Garros cette année ?’ », a-t-il lâché. Touché. Mais entre une victoire en finale et passer le deuxième tour, on estime qu’il y a tout de même un espace acceptable dans lequel s’engouffrer, non ? Quand un confrère lui a demandé ce qu’il manquait pour enfin arrêter de se retrouver comme chaque année dans cette même salle de presse à dresser le bilan des disparus au second tour, Escudé s’est mis à rigoler. Avant de se lancer : « Déjà, on n’a pas un Français qui est tête de série… Ça demande un travail, un investissement de tous les instants pour avoir un classement qui vous permette d’être tête de série. Il faudrait avoir plus de garçons a minima classés dans les 30. Ce qui leur manque individuellement ? Je ne saurais vous répondre ».

Et celui-ci d’en remettre une couche sur les athlètes, premiers responsables de qui leur arrive : « Après, ce ne sont que des projets individuels, ce sont eux qui se structurent, eux qui choisissent leur coach, leur staff, eux qui se fixent une feuille de route pour atteindre leurs objectifs. » Le message est passé. Et sur le fond, le constat que dresse Escudé est loin d’être à côté de la plaque - le tennis est un sport individuel et les résultats de ces dernières années montrent que ce n’est rarement les fédés les plus riches et/ou les plus impliquées qui produisent des champions – mais c’est surtout la forme qui interroge. Comment réagiront nos athlètes en écoutant les mots du DTN ? Wait and see (and make the pop-corn).

On serait curieux d’avoir l’avis de Corentin Moutet, qui n’avait déjà pas particulièrement apprécié notre question quand nous l’interrogions sur le triste bilan des Français, mercredi soir, après sa défaite contre Taylor Fritz. « Je n’ai aucun avis là-dessus, je ne suis pas journaliste. Je ne donne pas mon avis sur les autres, avait-il lâché, un brin agacé. Je pense que tout le monde fait de son mieux. Que les joueurs perdent au premier, deuxième ou troisième tour, ils méritent tous du respect. Ce sont des énormes sportifs. Ce n’est pas donné à tout le monde de jouer un Grand Chelem. C’est super respectable, avec énormément d’efforts depuis qu’on est petits. Peu importe le résultat, on mérite tous le respect. Il faut donner du mérite à tous les athlètes. Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, ce n’est pas ce qui définit les valeurs et le mérite d’un athlète. »

Les 33 trucs qui disparaissent aussi vite que les Français à Roland-Garros

➡️ https://t.co/324FX1XaC6 pic.twitter.com/UF2RTmGORu — 20 Minutes Sport (@20minutesSport) June 1, 2023 L‘accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement En cliquant sur « J‘ACCEPTE », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires J‘ACCEPTE Et pour mieux rémunérer 20 Minutes, n'hésitez pas à accepter tous les cookies, même pour un jour uniquement, via notre bouton "J‘accepte pour aujourd‘hui" dans le bandeau ci-dessous. Plus d’informations sur la page Politique de gestion des cookies.

Mettre le paquet sur la terre battue

Parmi les pistes évoquées pour sauver le soldat tennis français, une a retenu notre attention. Puisque ce que veut le peuple de France - qui ne regarde le tennis qu’une fois dans l’année au moment de Roland-Garros - c’est une victoire sur l’ocre parisien, alors autant mettre le paquet sur cette surface. Pourtant, aux dernières nouvelles, en France seulement 16 % des courts utilisés sont en terre battue, contre 75 % en Espagne.

« On essaye de faire jouer nos jeunes un maximum dehors dès qu’il fait beau. Mais même en plein hiver, dès qu’on peut jouer dehors, on joue dehors. Et au maximum sur terre battue parce qu’il faut passer le plus de temps possible sur cette surface (pour réussir), c’est une orientation qu’on a prise depuis deux ans déjà. Il n’y a pas de secret, pour arriver à briller sur une surface aussi spécifique que celle-là, on se doit d’y passer beaucoup plus de temps. Et aujourd’hui, nos jeunes y passent beaucoup plus de temps que par le passé. »

Interrogé par un confrère suisse pour savoir si la FFT, l’une des fédérations les plus riches du monde, n’avait peut-être pas trop mis tout ce petit monde dans un confort financier dès le plus jeune âge, Escudé admet que « c’est une réflexion qu’on peut avoir ». « A-t-on trop aidé nos joueurs ? C’est un débat perpétuel. Nous, on essaye de les sensibiliser à ce qu’est le haut niveau et les concessions qu’il va falloir faire, l’investissement que ça va demander de leur part, que ce soit humain ou financier, pour pouvoir atteindre leur objectif, a-t-il développé avant de revenir à nouveau à son postulat de départ. Ce n’est pas une fédération qui va faire que quelqu’un va gagner un tournoi du grand chelem. » On met cette phrase bien au chaud au cas où la Fédé voudrait se faire mousser le jour où Arthur Fils succédera à Yannick Noah.

Source: 20 Minutes