Le Superéthanol E85 est-il l’essence du futur ?
A l’extérieur d’un supermarché Leclerc, à Reims, en 2006. ALAIN JULIEN/AFP
Carburant vert et pas cher, le superéthanol E85, avec 850 millions de litres écoulés l’an passé, a vu sa consommation progresser de 83 %. Issu de la filière agricole, ce carburant affiche en effet un prix à la pompe imbattable : en 2022, le litre de E85 était commercialisé 75 centimes d’euro quand le sans-plomb 95 culminait à 2 euros le litre. Son atout maître : une fiscalité limitée à 11,83 centimes d’euro au litre, alors qu’elle s’élève à 68,29 centimes pour les SP95 et SP98. Il faut dire que le bioéthanol est issu de l’agriculture locale et produit dans des bioraffineries à partir de végétaux.
Au sein de la Collective du bioéthanol, Sylvain Demoures, président du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA), rappelle que le bioéthanol est présent à hauteur de 7,5 % dans le SP95 et le SP98, jusqu’à 10 % dans le SP95-E10, et surtout entre 60 % et 85 % dans le superéthanol E85. La combustion de ce carburant engendre une baisse de 50 % d’émissions de carbone, une réduction de 90 % des particules fines émises et une économie de 50 % de gaz à effet de serre par rapport à un carburant classique.
« Sa part de marché est passée de 4 % à 7,5 % par rapport à 2021 », indique Sylvain Demoures, et le nombre de points de vente le délivrant a progressé de 20 % pour s’élever à 3 400 stations-service, soit plus d’une station sur trois en France.
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De quoi convaincre, l’an passé, pas moins de 35 000 acheteurs de voitures neuves, dont le choix s’est porté sur un véhicule flexfuel (qui peut accepter plusieurs types de carburants) fonctionnant au superéthanol E85, ainsi que 85 000 automobilistes qui ont, eux, choisi d’équiper leur propre voiture d’un boîtier E85. « Avec une multiplication par trois de la demande de boîtiers E85 par rapport à 2021 et une croissance des ventes de véhicules flexfuel multipliée par six, ce sont 300 000 véhicules qui carburent actuellement au superéthanol, soit environ 2 % du parc automobile français », signale Nicolas Kurtsoglou, responsable carburants au SNPAA.
Bras de fer inattendu
L’année 2023 marque cependant une rupture. Depuis janvier, le superéthanol a vu son prix à la pompe grimper de 25 % pour s’établir pour la première fois à plus de 1 euro (1,12 euro). Pourtant, constate Nicolas Kurtsoglou, « au premier trimestre, 10 000 nouveaux véhicules flexfuel ont été immatriculés, et la consommation de superéthanol a progressé de + 18 % par rapport aux trois premiers mois de 2022 ».
Seule fausse note à ce tableau, trois marques automobiles seulement proposent des voitures équipées usine pour carburer au superéthanol : Land Rover, Jaguar et surtout Ford, dont 80 % des ventes en France l’an passé étaient constituées de modèles flexfuel. A la Collective du bioéthanol, on ne désespère pas de voir d’autres marques automobiles s’ouvrir au superéthanol. Comme le signale Nicolas Kurtsoglou, « les voitures neuves en version flexfuel proposées actuellement par les constructeurs associent, pour réduire leur consommation, une motorisation hybride et la compatibilité E85. Mais rien n’empêche par ailleurs un constructeur de proposer sur le marché une voiture carburant au GPL tout en disposant dans le même temps de la technologie flexfuel ».
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Source: Le Monde