Crash du Rio-Paris : le parquet général fait appel de la relaxe d’Airbus et d’Air France

April 27, 2023
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La dérive de l’avion qui s’était abimé dans l’océan Atlantique, repêchée le 8 juin 2009. HANDOUT / AFP

Le parquet général de Paris a annoncé, jeudi 27 avril, faire appel du jugement de relaxe du constructeur Airbus et de la compagnie aérienne Air France dans l’affaire du crash du Rio-Paris, qui avait fait 228 morts en juin 2009. Le 17 avril, le tribunal correctionnel avait mis hors de cause les deux entreprises sur le plan pénal, suscitant « l’écœurement » des proches des victimes. Le tribunal avait jugé que, si des « fautes » avaient été commises, « aucun lien de causalité certain » avec l’accident n’avait « pu être démontré ».

L’avionneur européen et la compagnie française étaient poursuivis pour « homicide involontaire » et le procès devait permettre de dire s’ils avaient commis ou non des fautes techniques ayant conduit directement à l’accident. Les deux entreprises encouraient 225 000 euros d’amende. En interjetant appel de ce jugement, le parquet général entend donner « leur plein effet aux voies de recours prévues par la loi » et « soumettre l’affaire à un second degré de juridiction », déclare-t-il dans un communiqué.

« C’est un immense soulagement », a réagi auprès de l’Agence France-Presse Alain Jakubowicz, avocat d’une quarantaine de victimes et de l’association de familles Entraide et Solidarité. « Cet appel du parquet général était la dernière chance pour les familles des victimes », a-t-il insisté, soulignant les nombreux « errements dans ce dossier ».

M. Jakubowicz a salué une « décision très rare du parquet général de faire appel » alors que le ministère public avait requis la relaxe lors du procès. « Il va y avoir un nouveau procès, et la détermination des familles sera encore plus grande. Cela nous laisse beaucoup d’espoir », a-t-il poursuivi.

Contacté, Simon Ndiaye, avocat d’Airbus, n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat. François Saint-Pierre, avocat d’Air France, n’était pas joignable dans l’immédiat.

Deux mois de procès

Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s’est abîmé en pleine nuit dans l’Atlantique, quelques heures après son décollage, entraînant la mort de ses 216 passagers et 12 membres d’équipage. A bord de l’A330 immatriculé F-GZCP se trouvaient des personnes de 33 nationalités, dont 72 Français et 58 Brésiliens. Cet accident est le plus meurtrier de l’histoire des compagnies aériennes françaises.

Les premiers débris de l’AF447 et des corps ont été retrouvés dans les jours suivants le crash. Mais l’épave n’a été localisée que deux ans plus tard, après de longues recherches, à 3 900 mètres de profondeur. Les boîtes noires ont confirmé le point de départ de l’accident : le givrage des sondes de vitesse Pitot alors que l’avion volait à haute altitude dans la zone météo difficile du pot au noir, près de l’équateur.

Déstabilisé par les conséquences de cette panne, l’un des copilotes a adopté une trajectoire ascendante et, dans l’incompréhension, les trois pilotes n’ont pas réussi à reprendre le contrôle de l’avion, qui a décroché et heurté l’océan quatre minutes et vingt-trois secondes plus tard.

Les investigations ont montré que des incidents de sondes similaires s’étaient multipliés dans les mois précédant l’accident. La compagnie Air France a-t-elle suffisamment formé et informé ses équipages ? Airbus a-t-il sous-estimé la gravité du problème et trop peu alerté les compagnies ? Ces questions ont ainsi été minutieusement débattues pendant les deux mois de procès.

Après la catastrophe, le modèle des sondes installées sur l’Airbus du vol AF447 a été remplacé dans le monde entier. Le drame a entraîné d’autres modifications techniques et une formation renforcée au décrochage ainsi qu’au stress des équipages.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde