PSG-Clermont : Entre feux d’artifice, sifflets et soutien à Rico, la drôle de fête du PSG pour son 11e titre de champion
Au Parc des Princes,
Une soirée à l’envers, comme seul le PSG a l’art d’en offrir. Certes, et il faut le dire tout de suite, l’état de santé très préoccupant du gardien Sergio Rico, victime d’un grave accident le week-end dernier en Espagne, a évidemment pesé. Mais il ne suffit pas à expliquer tout ce qu’a été ce dernier rendez-vous d’une saison qui restera décevante malgré un 11e titre de champion.
Le soutien du club et du public pour son gardien a transpiré de partout, avec les maillots des joueurs floqués à son maillot, l’immense tifo des Ultras ou la minute d’applaudissements à la 16e, laissant constamment tout le monde dans une sorte d’entre-deux étrange, entre célébration et retenue. La priorité n’était pas au foot, comme l’a rappelé Kylian Mbappé à la fin de la rencontre au micro de Canal : « Le plus important, c’était l’hommage à Sergio. Sur le terrain, on était déjà champions. On aurait perdu 22-0, ça n’aurait rien changé pour nous, a lancé le capitaine du soir. Il fallait vraiment qu’on rende hommage à Sergio. Je pense qu’on est tous touchés, c’est une situation extrêmement grave. Ça nous a préoccupés toute la semaine. »
Cela s’est vu sur le terrain, où Paris a dilapidé une avance de deux buts en arrêtant de défendre après 25 minutes de jeu. Si la défaite est excusable, elle est aussi et surtout le symbole de cette saison finalement oubliable, ponctuée de sept revers en championnat et d’une élimination dès les 8e de finale de la Ligue des champions, qui a achevé d’irriter les supporters quant à la manière dont est mené le projet. Leur colère s’est méthodiquement concentrée sur deux hommes, Lionel Messi et Christophe Galtier.
Le premier, dont le départ avait été acté dans l’après-midi, aura connu une triste dernière. Hué à la composition des équipes, à l’appel des joueurs pour venir soulever le trophée et lorsqu’il a reçu la distinction de meilleur passeur du championnat, il a vite filé aux vestiaires une fois la photo de groupe évacuée. Il y a quelque chose de gênant à voir l’un des meilleurs joueurs de l’histoire rhabillé de la sorte, même s’il n’aura que trop rarement été à la hauteur de son talent pendant ces deux saisons sous le maillot parisien. Il fallait voir la tête des collègues espagnols assis à côté de nous en tribune de presse, qui se demandent encore ce que l’idole du Barça était venue faire dans cette galère.
Lionel Moussi. - Michel Euler/AP/SIPA
Galtier a lui aussi été conspué à chaque occasion, notamment au moment de monter sur l’estrade. « On fait une deuxième partie de saison très moyenne avec sept défaites, je comprends qu’il y ait de la déception, un décalage avec la joie de ce 11e titre. On s’est accrochés jusqu’au bout. Quand il y a de l’amour, il peut y avoir de la colère aussi », a-t-il commenté quelques minutes après en conférence de presse. Annoncé partant certain par L’Equipe ce samedi, ce qu’a démenti le directeur sportif Luis Campos, l’ancien entraîneur de Nice a assuré qu’il restait motivé pour honorer sa deuxième année de contrat. « On doit se voir avec ma direction en début de semaine prochaine pour faire un bilan. On verra ensuite quelles décisions elle prendra », a-t-il indiqué. On voit tout de même difficilement par quel miracle il pourrait rester.
Décalage
Avec tout ça, la fête ne pouvait qu’être bancale. Pour ne rien arranger, il y a eu une certaine dichotomie entre les messages diffusés par le club ces derniers jours puis par le speaker avant la rencontre, annonçant une célébration tout en mesure vu le contexte, et le grandiose spectacle son et lumière qui a fait trembler le Parc et certainement réveillé toute la petite couronne quelques minutes après le coup de sifflet final. Un truc gros comme deux 14-juillet, avec du Rihanna à fond les ballons, légèrement en décalage avec l’enthousiasme montré par les Parisiens.
Pour terminer cette soirée décidément baroque, les tribunes du Parc n’ont pas vu la couleur du tour d’honneur des joueurs annoncé en grandes pompes après la remise du trophée. Leur célébration s’est limitée au terrain, avec femmes et enfants descendus sur la pelouse pour quelques photos et embrassades, les supporters attendant que quelqu’un daigne s’approcher pour leur faire un petit coucou. On saluera quand même l’effort de Nuno Mendes, venu soulever Hexagoal au pied de la tribune Auteuil.
Ça ne consolera pas les fans, mais on n’a pas été mieux lotis de notre côté. Seul Gigio Donnarumma est passé par la zone mixte nous donner rapidement ses impressions après ce titre. « C’était une soirée particulière. Après, c’est quand même une bonne saison, nous avons remporté le titre, même si tout le monde dit que c’est facile, a estimé le gardien italien. On n’a pas fait trop attention aux sifflets, mais les réactions de supporters, je comprends, on a perdu trop de matchs, ça ne doit pas arriver. Cette année il nous a manqué un peu de mental. » Au sortir de cette saison, le chantier est sûrement plus vaste que jamais pour les dirigeants du PSG.
Source: 20 Minutes