A Singapour, un homme a été pendu pour le trafic d’un kilo de cannabis

April 27, 2023
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Prison de Singapour, le 26 avril 2023. LIONEL NG / AP

L’exécution à Singapour, mercredi 26 avril, de Tangaraju Suppiah, un Singapourien d’origine tamoule de 46 ans, pour trafic d’un peu plus d’un kilogramme de cannabis, confirme que la cité-Etat de 5,5 millions d’habitants n’a aucune intention de réformer sa justice, particulièrement sévère face au trafic de drogue. Onze personnes ont été pendues en 2022 – toutes pour des affaires liées aux stupéfiants – après deux ans sans exécution.

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Le principe de tolérance zéro pour le trafic de drogue défendu par Singapour rend la peine capitale quasi obligatoire au-delà de certains seuils – 500 grammes pour le cannabis et 15 grammes pour l’héroïne – les juges ne pouvant imposer des sentences plus modérées. Nombre de condamnations à mort concernent donc des affaires dans lesquelles les quantités de drogue sont ridiculement faibles. « En arriver à imposer la peine de mort pour de la marijuana : la position de Singapour est tout simplement médiévale ! », s’est indigné depuis Bangkok mercredi 26 avril Phil Robertson, directeur adjoint pour l’Asie de l’ONG Human Rights Watch, qui accuse dans un communiqué le pays d’être « en complet décalage avec les concepts fondamentaux des droits humains, de proportionnalité des sanctions pénales et de justice ».

Plusieurs mesures récentes signalent même un durcissement général. Les conditions pour les appels de dernière minute ont été rendues plus strictes en novembre. Les avocats sont régulièrement harcelés ou frappés d’amendes dissuasives. En mars, l’avocat et défenseur des droits de l’homme Ravi Madasamy, l’un des rares à Singapour à s’impliquer dans la défense des condamnés à mort, a été suspendu pour cinq ans après avoir fait requalifier en peine de prison une condamnation à mort. La raison officielle ? Avoir dénoncé l’excès de zèle du parquet et s’être interrogé sur l’équité des procédures que ce dernier avait lancées.

Une forte mobilisation

Derrière sa vitrine de modernité, la cité-Etat, dirigée par Lee Hsien Loong, le fils du fondateur de Singapour, cache un ordre moral anachronique et des pratiques antidémocratiques vis-à-vis de la presse, de l’opposition politique et plus généralement de toute dissidence, y compris familiale : des membres de la famille Lee ont récemment choisi l’exil en dénonçant la « persécution politique » de l’aîné du clan.

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L’attachement de Singapour au principe de tolérance zéro s’inscrit en outre dans un contexte régional d’assouplissement. La Malaisie, qui respecte depuis 2018 un moratoire sur les exécutions, a adopté début avril deux lois pour réformer la peine de mort et abolir douze des trente-trois délits qui l’entraînent obligatoirement. Le trafic de drogue, sauf dans certains cas, en fait partie. La décision a été applaudie. En Thaïlande, le cannabis a été dépénalisé en 2022, même si la loi censée encadrer son usage n’a pas encore été adoptée.

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Source: Le Monde