En Colombie, Gustavo Petro opère un virage à gauche par un remaniement ministériel

April 27, 2023
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Le président colombien, Gustavo Petro, au siège de l’Organisation des Etats américains, à Washington, le 19 avril 2023. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

La crise couvait. Mardi 25 avril, le président colombien, Gustavo Petro (gauche), demandait la démission de tous ses ministres. Mercredi, sept d’entre eux ont été remerciés, dont le ministre des finances, José Antonio Ocampo, un économiste qui inspirait confiance au secteur privé. Le chef de l’Etat a annoncé la fin du gouvernement de coalition mis en place lorsqu’il est arrivé au pouvoir, en août 2022. Les ministres remerciés ont été remplacés par des proches du président et de son projet politique. C’est dire qu’il a pris un virage – ou du moins inflexion – à gauche.

« Le nouveau gouvernement aidera à consolider le programme du gouvernement », a annoncé le communiqué de la présidence, publié en début d’après-midi. Pour le chercheur Yann Basset, de l’Université du rosaire, à Bogota, « ce nouveau remaniement marque l’échec du pacte national voulu par Petro pour faire adopter ses réformes structurelles ». Il y a deux mois, trois ministres avaient déjà été évincés de l’équipe gouvernementale. Désormais, la question est posée de savoir comment le président va gouverner sans majorité parlementaire.

« Tous les présidents de Colombie ont eu recours à des coalitions pour gouverner, rappelle l’analyste Ricardo Garcia. Mais, elles étaient relativement homogènes idéologiquement, puisque la droite dominait tout. » Gustavo Petro est le premier président de gauche de l’histoire du pays.

En arrivant au pouvoir, il y a neuf mois, M. Petro avait joué l’ouverture au centre pour s’assurer une majorité parlementaire. Plus soucieux de prébendes que de cohérence idéologique, les partis traditionnels (libéral et conservateur) ainsi que le Parti social d’unité nationale (Parti de la U), fondé par l’ancien président Juan Manuel Santos, et le parti écologique Alianza Verde, acceptaient la main tendue. Ils rejoignaient la coalition présidentielle, aux côtés du Pacte historique, qui réunit les formations de gauche. Le projet de réforme du système de santé a finalement fait capoter cette coalition gouvernementale hétéroclite. Les partis alliés, et notamment le parti libéral, ont ouvertement critiqué la proposition gouvernementale.

Engager des réformes sociales

Sénatrice de gauche, Maria José Pizarro approuve le coup de balai ministériel décidé par M. Petro. « Il faut que le pays le sache. Depuis des semaines, le changement pour lequel les gens ont voté était compromis par le comportement inadmissible et les chantages exercés par des chefs de partis traditionnels, explique-t-elle, indignée. Notre pacte fondamental est avec les gens, pas avec les élites politiques accrochées à leurs privilèges. »

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Source: Le Monde