" Alors que la Chine et les Etats-Unis s’installent dans une phase de confrontation historique, y aurait-il, ces jours-ci, la possibilité d’un début de dialogue ? "
Un souffle d’air frais, l’esquisse d’une brise printanière ? En Europe, à l’affût du moindre signe de détente américano-chinoise, on scrute le ciel. On s’interroge sur le sens des nuages, on cherche à décrypter les déclarations des uns et des autres. Question : sur fond d’écran plutôt sombre, tant la Chine et les Etats-Unis s’installent dans une phase de confrontation historique, y aurait-il, ces jours-ci, la possibilité d’un début de dialogue ?
Les milieux d’affaires américains font pression en ce sens. Des poids lourds du business, comme Michael Bloomberg ou Henry « Hank » Paulson, ex-secrétaire au Trésor et ancien patron de la banque Goldman Sachs, multiplient les avertissements.
Les échanges avec la Chine sont l’un des éléments constitutifs de l’économie américaine. Les sanctions commerciales décidées par Donald Trump et maintenues par Joe Biden n’ont pas d’impact sur les orientations politiques de Pékin. Elles ont davantage coûté que rapporté à l’économie des Etats-Unis.
La Chine – son marché, ses capacités industrielles – titille plus que jamais la libido des investisseurs américains ; les Chinois ont absorbé pour 192 milliards de dollars (environ 170 milliards d’euros) d’exportations en provenance des Etats-Unis en 2021, lesquels représentent un million d’emplois américains. Le Congrès à Washington ne mesure pas le poids de l’empire du Milieu, dit le groupe de pression US-China Business Council. Il serait temps de changer de politique chinoise, entonnent Bloomberg et Paulson.
Tension rhétorique
Le temps de baisser le ton ? Ce n’est pas l’humeur dominante au Congrès, où, pour une fois d’accord, démocrates et républicains rivalisent dans les postures antichinoises.
Dans le Washington Post (6 mars), l’historien Max Boot, que l’on n’accusera d’aucune faiblesse à l’égard des autocrates de la planète, met en garde contre ces moments d’emballement bipartisan. Il en fut ainsi en 1964, les élus des deux formations, fusil en bandoulière, votant à l’unanimité pour l’engagement des Etats-Unis au Vietnam… Et c’est dans un patriotique élan bipartisan que le Congrès, à de rares exceptions près, donna son accord, en 2002, à l’intervention en Irak !
Résumons. Entre la Chine et les Etats-Unis, la tension rhétorique est au sommet. Les gesticulations armées sont fréquentes, la probabilité d’un conflit trop souvent évoquée. Il n’y a plus de dialogue politique à haut niveau. Institutionnalisés dans les années 1980, les contacts entre militaires ont été abandonnés, pour cause d’antagonisme dans le Pacifique. Les relations commerciales se portent bien, mais en dehors de toutes les règles de l’Organisation mondiale du commerce – ce régulateur international du libre-échange que les Etats-Unis, Trump puis Biden se succédant dans la besogne, s’attachent à tuer à petit feu.
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Source: Le Monde