“Spin City” sur Paramount + : “La série passe très bien le test de la ‘cancel culture’”

June 04, 2023
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Plus de vingt ans après sa fin, retour sur la série culte avec un de ses acteurs, Michael Boatman. Portée à l’époque par un Michael J. Fox qui allait bientôt révéler sa maladie de Parkinson, la sitcom est de nouveau visible en France, en intégralité.

« Les personnages surgissent de toutes parts, il y a beaucoup de gags. Un peu comme dans le théâtre de boulevard. » Photo Bob D'Amico/Disney General Entertainment Content via Getty Images

Par Pierre Langlais Partage

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Diffusée sur ABC de 1996 à 2002, et dès 1997 sur Jimmy en France, Spin City a participé, aux côtés de Friends, Seinfeld et quelques autres, à l’âge d’or des sitcoms américaines. Co-créée par Gary David Golberg et Bill Lawrence (Scrubs, Ted Lasso), elle met en scène l’équipe de Randall Winston (Barry Bostwick), maire de New York maladroit – pour ne pas dire incompétent –, dirigée par son bras droit Mike Flaherty (Michael J. Fox). Une cousine comique de À la Maison-Blanche, qui a marqué l’histoire des séries, notamment grâce au personnage de Carter Heywood, responsable des questions liées aux minorités, Noirs et homosexuels. Son interprète, Michael Boatman (The Good Fight), revient pour Télérama sur les coulisses de Spin City.

Comment Spin City vous a-t-elle été présentée à sa création ?

Comme le grand retour de Michael J. Fox à la télé, aux côtés de Gary David Goldberg, le créateur de Sacrée famille [Family Ties en VO, ndlr], comédie qui a lancé sa carrière au début des années 1980. Je venais du drame, je voulais développer ma sensibilité comique grâce à cette série, qu’on m’a très justement vendue comme une sorte de farce.

Comment cela se concrétise-t-il, visuellement ?

Les deux premières saisons en particulier sont très rythmées, les personnages surgissent de toutes parts, il y a beaucoup de gags. Un peu comme dans le théâtre de boulevard. Mais Spin City avait aussi la particularité d’être tournée là où se déroule son intrigue, à savoir à New York [Friends ou Seinfeld étaient filmées à Los Angeles, ndlr]. On a filmé pas mal de scènes en extérieur, à l’Empire State Building, à la statue de la Liberté, etc.

Michael J. Fox (Mike Flaherty dans la série), joue le bras droit (et gauche) du maire de New York. Photo Timothy White/Disney General Entertainment Content via Getty Images

Elle se déroule à la mairie de New York, mais était-ce pour autant une comédie politique ?

Il y était question de sujets sérieux comme les droits des minorités, défendus par mon personnage, ou, dans un épisode, les programmes d’échange de seringues pour les toxicomanes. Une sitcom de grande chaîne ne se permettrait plus ça aujourd’hui, mais il faut se souvenir que le climat politique était moins tendu à l’époque et la société américaine, loin d’être aussi divisée. Par ailleurs, la série était très prudente et ne prenait jamais clairement position sur l’échiquier politique.

Comment appréhendiez-vous la modernité de Carter Heywood, votre personnage ?

À l’époque, les personnages gays, dans les séries comiques, étaient excessivement flamboyants, frôlaient le ridicule. Carter, lui, était un New-Yorkais comme les autres, loin des stéréotypes. Un type droit, engagé, auquel chacun pouvait s’identifier, homosexuel ou pas. N’étant moi-même pas membre de la communauté LGBTQI+, j’ai beaucoup échangé avec mes amis queer pour m’assurer de faire honneur à leur identité et à leurs valeurs. Je sais que je ne pourrais pas jouer Carter aujourd’hui, mais l’enjeu qui sous-tend tous mes rôles reste inchangé : représenter un groupe de personnes, que j’en fasse partie ou non, sans jamais le tourner en dérision. En riant avec lui, pas à ses dépens.

Tous les personnages issus de la diversité qui y jouent un rôle, même secondaire, sont traités avec bienveillance.

Les nouvelles générations portent un regard très critique sur les sitcoms cultes comme Friends, accusées d’être offensantes. Comment vont-elles accueillir Spin City, selon vous ?

Je crois que la série n’a pas trop mal vieilli. Tous les personnages issus de la diversité qui y jouent un rôle, même secondaire, sont traités avec bienveillance. Le dindon de la farce, c’est toujours Mike ou un de ses collègues – à commencer par le maire lui-même. Elle passe très bien le test de la « cancel culture ».

« Je crois que la série n’a pas trop mal vieilli. Tous les personnages issus de la diversité sont traités avec bienveillance. » Photo ABC Photo Archives / Disney General Entertainment Content via Getty Images

Michael J. Fox a quitté la série en 2000, après avoir annoncé être atteint de la maladie de Parkinson. Comment avez-vous vécu ce départ ?

Son diagnostic remontait à 1991. Il avait décidé de ne pas en parler mais, à la fin de la saison 3 de Spin City, sa maladie est devenue trop difficile à gérer. J’ai fait partie de ceux qu’il a pris à part, un par un, pour expliquer sa situation avant d’en parler publiquement. C’était un moment assez effrayant, j’avais peur pour lui et pour sa famille, mais Michael est un grand optimiste. Le documentaire Still montre très bien sa capacité à garder espoir, à jouer la comédie malgré les terribles conséquences de sa maladie.

Il a été remplacé par Charlie Sheen. Qu’est-ce que cela a changé pour Spin City ?

Ça n’a pas été facile. Nous étions marqués par le départ de Michael et devions pourtant nous concentrer sur l’évolution de la série, qui par la même occasion a alors déménagé à Los Angeles. Sa tonalité a légèrement évolué pour s’adapter au charisme de Charlie, à son image de play-boy. La vie politique est passée au second plan, les relations amoureuses et amicales ont pris le dessus. Il a fallu s’adapter, mais certains de ses épisodes comptent parmi les plus drôles.

Source: Télérama.fr