Carburants : vers une hausse des prix à la pompe d’ici cet été ?
Rien n’est éternel. Et surtout pas la stabilité des prix à la pompe. Le Brent, la référence du brut en Europe, s’échange actuellement à 76 dollars le baril. Quand son équivalent américain, le WTI (West Texas Intermediate), émarge de son côté à 71 dollars, soit bien loin des sommets enregistrés en mars 2022 au début du conflit en Ukraine (où les prix étaient montés à plus de 140 dollars). De quoi faire le bonheur de tous les consommateurs de carburant, à commencer par les 1,4 milliard d’automobilistes (particuliers et utilitaires) dans le monde. Mais les producteurs d’or noir voient cette tendance actuelle d’un très mauvais œil. Et ils espèrent pouvoir l’inverser rapidement.
À l’occasion d’une réunion ce dimanche à Vienne (Autriche) des ministres de l’Opep +, réunissant les treize pays membres permanents exportateurs de pétrole et dix autres emmenés par la Russie, l’Arabie saoudite, le poids lourd du secteur (sept millions de barils par jour, ou bpj) a annoncé une nouvelle diminution de sa production, dans l’espoir de faire remonter des cours. Cette mesure s’appliquera à compter de juillet et « pourra être étendue », a précisé le prince saoudien Abdelaziz ben Salmane.
Un marché en berne et des taux qui grimpent
« Pas sûr pourtant que cette nouvelle mesure ne produise rapidement l’effet escompté, s’interroge Benjamin Louvet, directeur des gestions matières premières à OFI Invest AM. L’Opep + avait déjà annoncé des baisses de productions en avril dernier, portant à 3,66 bpj le volume total de la réduction. Et cela n’a pas empêché les prix de continuer leur dégringolade. »
La faute à un marché durablement déprimé par les craintes de récession économique mondiale. Mais également aux hausses répétées des taux des principales banques centrales, Réserve fédérale américaine (Fed) et Banque centrale européenne (BCE) en tête, ainsi que la laborieuse reprise de la demande en Chine, après la fin de sa politique zéro Covid.
La « driving season » bientôt lancée
Dans un premier temps, la Russie se montrait pourtant très réticente à resserrer davantage les vannes de son or noir. Cette manne continue en effet de lui servir à financer son offensive militaire contre l’Ukraine, en dépit des différents embargos européens. Au point que des signes de discorde entre Ryad, la capitale de l’Arabie saoudite, et Moscou, étaient apparus ces dernières semaines et menaçaient même de perturber la rencontre de ce dimanche. Mais finalement, l’Opep + a affiché un front uni en décidant de garder le cap défini quelques semaines plus tôt.
D’autant que certains indicateurs semblent également pencher pour une reprise des marchés du brut dans les semaines à venir. « D’une part, la reprise économique de la Chine, et donc de sa demande en pétrole, va bien finir par se faire sentir, reprend Benjamin Louvet. Ensuite, la période estivale lance traditionnellement la « driving season », c’est-à-dire le moment où tous les automobilistes, à commencer par les Américains, prennent le volant pour partir en vacances. »
Une année record
Autre facteur : les chaleurs de l’été sont également propices à l’augmentation de la consommation de pétrole pour alimenter en énergie les systèmes d’air conditionné au Moyen-Orient. « Tout cela pourrait donc se traduire dans les semaines qui viennent par un rebond des marchés, et in fine à la pompe », analyse Benjamin Louvet.
Source: Le Parisien