Au Cachemire, les autorités arment des citoyens pour protéger les hindous

June 04, 2023
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Murali Lal Sharma, fermier hindou du Jammu, la région méridionale du Cachemire, est membre d’une milice d’autodéfense contre les séparatistes musulmans parrainée par les autorités. A Dhangri, le 26 février 2023. TAUSEEF MUSTAFA / AFP

Le jour, Murali Lal Sharma, 55 ans, cultive du maïs et des légumineuses dans une petite ferme de Dhangri, au Jammu, la région méridionale du Cachemire indien. La nuit tombée, cet agriculteur, marié et père de trois enfants, charge une vieille arme et se tient à l’affût, prêt à tirer sur n’importe quel militant séparatiste. « Ce n’est pas adapté pour combattre des adversaires qui portent des armes sophistiquées, grommelle-t-il en montrant le fusil à verrou Lee-Enfield que les autorités lui ont récemment confié pour défendre Dhangri. Mais au moins, cela me permet d’avoir l’esprit tranquille. Je dors bien la nuit, maintenant. »

Lire aussi l’éditorial (2019) : Le Cachemire proie du nationalisme indien Ajouter à vos sélections Ajouter à vos sélections Pour ajouter l’article à vos sélections

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Nichée au pied du Pir Panjal, une région montagneuse, et située le long de la ligne de contrôle qui divise le Cachemire entre l’Inde et le Pakistan, Dhangri et ses 3 500 habitants sont encore traumatisés par la nuit du 1er janvier. Murali Lal Sharma s’apprêtait à aller se coucher lorsque deux militants séparatistes, munis d’armes et d’explosifs, ont débarqué dans la bourgade pour y commettre un carnage. A 300 mètres à peine de sa maison, une veuve a perdu deux jeunes fils et deux enfants ont été soufflés par une explosion massive. Au total, sept villageois, tous hindous, ont péri.

Quelques semaines après l’attaque, Murali Lal Sharma a rejoint les Village Defence Guards (gardes de défense des villages), une milice d’autodéfense parrainée par les autorités. Au Jammu, il en existe des dizaines comme celle de Dhangri, composées de volontaires civils qui reçoivent une formation au maniement des armes et des fusils, ainsi qu’une somme mensuelle autour de 4 000 roupies (45 euros) pour défendre leur village.

Nouveau champ de bataille

Le ministre de l’intérieur, Amit Shah, a décidé de réactiver ces réseaux civils en 2022, à la suite d’une série d’assassinats au Jammu ciblant des civils et des pèlerins hindous, des militants politiques du parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien), et des membres des forces de sécurité. Le Jammu constitue la partie hindoue du Cachemire, composé à près de 70 % de musulmans. Jusqu’ici épargné par les violences exercées par les groupes séparatistes au Cachemire au cours des trois dernières décennies, qui ont fait près de 60 000 victimes, le Jammu s’est transformé en un nouveau champ de bataille pour les insurgés musulmans à la suite de la révocation de la semi-autonomie du Cachemire, décidée abruptement en août 2019 par le premier ministre indien. La région a été placée sous le contrôle direct de New Delhi.

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Source: Le Monde