A We Love Green, un menu 100 % végétarien et des têtes d’affiche françaises
Le public du festival de musique We Love Green dans le Bois de Vincennes, à Paris, le 3 juin 2023. ZOULERAH NORDDINE/AFP
Les plaies d’Egypte semblaient s’être abattues sur We Love Green, ce qui est bien cruel pour un festival menant précisément des actions de sensibilisation pour prévenir l’apocalypse. Après deux saisons blanches pour cause de pandémie, l’édition 2022 avait été gâchée par un déluge biblique, le samedi, qui avait nécessité l’évacuation de 40 000 spectateurs sur le site. Thomas Mars, chanteur du groupe Phoenix, n’a pas oublié cet épisode, en s’adressant ainsi au public, dans la soirée du samedi 3 juin : « Un an plus tard… Merci d’être venus sous la pluie ! » Ces ambassadeurs de la pop française en langue anglaise avaient été programmés le même jour en 2022 et il fallait donc rattraper le temps perdu : « J’aimerais vous parler, mais on a une heure quinze… Sinon, il n’y aura pas tous les morceaux de la setlist. » Disciple d’Iggy Pop sous ses airs sages, le Versaillais a néanmoins exécuté son numéro de bravoure en fin de concert : traversée à pied de la fosse sur plusieurs dizaines de mètres, station debout au-dessus du public, retour sur scène à l’horizontale, porté par une forêt de bras. Respect.
Champion à l’export, Phoenix constituait, entre les rappeurs Orelsan et Lomepal, l’une des trois têtes d’affiche de l’édition 2023 de We Love Green. La France y était donc à l’honneur, au risque de faire ressentir l’absence de grand nom international, comme Gorillaz en 2022, Tame Impala, Björk ou PJ Harvey auparavant. L’inflation incontrôlable des cachets d’artistes, que seuls quelques mastodontes européens peuvent supporter dans ce secteur, en est la raison principale. Dans Le Monde du 16 mars, Marie Sabot, directrice de We Love Green, révélait que, entre 2017 et 2023, le montant de tels émoluments pour une journée du festival avait presque triplé, de 450 000 euros à 1,2 million d’euros. Cela a sans doute affecté la fréquentation, puisque, pour la première fois depuis sa naissance, aux jardins de Bagatelle en 2011, puis son déménagement dans le bois de Vincennes en 2016, We Love Green a connu une décrue, à 90 000 spectateurs.
Mixité des publics
Beau temps et forte chaleur ont en tout cas marqué les trois journées de ce premier week-end de juin – mais faut-il se réjouir de ces conditions climatiques ? Après les calamités passées, le retour à la normale (avec tout de même une annulation de dernière de minute, la chanteuse américaine Caroline Polachek, malade) aura permis de renforcer l’identité environnementale de l’événement. La mesure la plus symbolique et radicale a été le passage à des menus 100 % végétariens, une révolution qui semblerait inconcevable chez les métalleux du Hellfest. Un des débats organisés par le think tank du festival, « Verdir nos assiettes pour sauver la planète », y joignait la parole. Ce changement de carte n’a hélas pas freiné le coût élevé de la nourriture sur place, même si We Love Green revendique de miser sur la qualité gastronomique avec la présence de cinquante restaurateurs.
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Source: Le Monde