Crise du logement : une nouvelle bombe sociale en vue ?

June 05, 2023
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Les professionnels lancent l'alerte, en réponse aux déclarations de l'exécutif concernant les coupes budgétaires envisagées dans le secteur du logement. Selon le président d'Action Logement, ne rien faire pour relancer la construction de logements neufs déclencherait une bombe sociale, économique et sociétale.

Crise du logement, une nouvelle bombe sociale en vue ? -iStock-Serge Cornu

Des budgets amputés dans le secteur du logement

Le président d'Action Logement, Bruno Arcadipane, a exprimé ses inquiétudes après les critiques exprimées par Emmanuel Macron sur le "système de sur-dépenses publiques pour de l'inefficacité collective", et l'annonce de Gabriel Attal, ministre des Comptes publics, d'une diminution des fonds publics qui concernerait particulièrement le secteur du logement. L'organisme dédié au logement, dont la fonction est de gérer plus d'un million de logements sociaux et de piloter des aides à la mobilité professionnelle, estime ces déclarations inconséquentes, dans une période où le secteur aurait justement besoin d'être relancé. Selon son responsable, les coupes budgétaires annoncées, qui démontrent l'absence de vision en matière de logement, sont inquiétantes tant d'un point de vue social qu'économique et sociétal.

Une aide "immédiate et rapide"

Il réclame donc une aide immédiate et rapide pour permettre une sortie de crise des professionnels de l'immobilier, fortement impactés par les différents freins actuels (augmentation du coût des matières premières, accès difficile au crédit, hausse des taux d'intérêt...). Selon lui, la rénovation énergétique des logements prônée par le gouvernement est envisageable, mais seulement à moyen et long terme, compte tenu des moyens importants à déployer, notamment en termes de formation et d'accompagnement des entreprises. Or, l'urgence s'impose face à la flambée des demandes de logements sociaux (2,4 millions actuellement, pour 1,7 million en 2017). Face à ces besoins impérieux, Bruno Arcadipane a demandé à l'État de signer le projet de convention quinquennale 2023-2027 avec Action Logement. Le texte de cette convention prévoit notamment un soutien des primo-accédants à la propriété par une réduction à 1 % du taux de prêt d'accession (au lieu d'1,5 % aujourd'hui), ainsi qu'un doublement du nombre de bénéficiaires de la garantie locative Visale (soit deux millions au lieu d'un million actuellement). En revanche, il ne cautionne pas le projet de l'étendre à tous les locataires sans conditions, comme l'avait envisagé Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle.

Une réaction partagée par l'ensemble des acteurs

Le président de la FNAIM (Fédération nationale de l'immobilier), Loïc Cantin, a également signé la lettre ouverte au président de la République publiée par les professionnels de l'immobilier. Comme l'ensemble des signataires, il estime qu'il est impératif de prendre acte des constats et de mettre en place les mesures d'urgence qui s'imposent. Il déplore que la date de remise des propositions préparées pendant 4 mois par quelque 200 acteurs, dans le cadre du CNR (Conseil national de la refondation), ait été repoussée au 5 juin alors qu'elle était fixée préalablement au 9 mai, report dont les fédérations et les professionnels n'ont pas été informés. Le représentant de la FNAIM estime que l'État doit construire d'urgence 350 000 logements, et que les banques ont également un rôle à jouer pour redresser le secteur. Les taux d'intérêt sont en effet passés, en 18 mois, de 1 % à 4 %, ce qui réduit de 25 % la capacité d'emprunt des potentiels acquéreurs. Ce frein à l'achat engendre un encombrement du parc locatif, de plus en plus saturé. Selon lui, il convient donc de revoir le système afin de l'adapter à la réalité.

Source: Boursorama