La Russie se construit un nouvel abri anti-atomique, mais en France, où peut-on se réfugier en cas d’attaque ?

June 05, 2023
163 views

La Russie se construit un nouvel abri anti-atomique, mais en France, où peut-on se réfugier en cas d’attaque ?

Par l’édition du soir

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, la demande d’abris anti-nucléaires a bondi. Si des pays comme la Russie ou la Suisse sont très équipés, la France, qui a misé sur la dissuasion nucléaire, l’est beaucoup moins. L’Hexagone dispose d’un millier d’abris anti-atomiques militaires, dont 300 à 400 abris privés. En voici quelques-uns.

Où se cacher en cas de bombardement atomique ? À Moscou, un nouvel abri anti-atomique devrait bientôt voir le jour. Alors que le lancement d’une grande contre-offensive ukrainienne contre les forces russes semble de plus en plus imminent, la présidence russe va faire construire un bunker sous l’hôpital clinique central de Moscou, établissement réservé à l’élite moscovite. Comme l’indique The Moscow Times, dans un article repéré par Courrier international, cet abri, qui pourra accueillir 800 personnes, devrait être achevé d’ici le 20 décembre 2023, « un temps quasi record » précise le quotidien russe. « L’abri anti-bombes devrait protéger à la fois d’une puissante onde de choc et des radiations dans une zone de 10 kilomètres. » Cette construction sera équipée, selon le descriptif officiel, d’un « système sophistiqué de ventilation et de chauffage pour purifier l’air des moyens gazeux de destruction massive et pour permettre les procédures médicales en temps de guerre ».

Lire aussi : Comment survivre à une attaque nucléaire ?

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’intérêt pour les abris anti-atomiques a explosé, et pas seulement en Russie. En France, depuis un an, ce marché un peu particulier se développe. Il faut dire que le pays, qui possède pourtant le plus grand parc nucléaire français, est faiblement équipé. L’Hexagone dispose en effet de 1 000 abris antiatomiques militaires, dont 300 à 400 abris privés. Des équipements bien moins nombreux qu’en Russie, en Israël ou même en Suisse.

Selon la loi fédérale de ce dernier pays, il est obligatoire d’avoir un abri à proximité de son habitation. Ainsi, nos voisins suisses possèdent 370 000 abris répartis sur tout le territoire. De quoi permettre, en principe aux 8,7 millions d’habitants de se protéger, ce qui correspond à un taux de couverture de 107 %, selon l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP). En France, où sont situés les abris antiatomiques ? Et où se cacher en cas d’attaque nucléaire ?

Lire aussi : Cet ancien abri antiatomique datant de la guerre froide est à vendre

Un abri chez soi

C’est un marché florissant. La demande d’abris anti-atomiques a explosé depuis plus d’un an auprès de fabricants privés en France. L’entreprise franco-suisse Amesis Bat, par exemple en a construit pour des particuliers en Bretagne, en Franche-Comté, en Bretagne, à Aix-en-Provence et à Bordeaux. Encore faut-il en avoir les moyens. Les abris, pouvant abriter entre 6 et 12 personnes selon la taille (de 14 à 26 mètres carrés), sont vendus par cette société entre 93 000 € à 116 000 €.

Lire aussi : Offrez-vous un abri anti-atomique !

Dans les sous-sols de l’Élysée

Tout le monde ne pourra pas s’y réfugier. Néanmoins, il existe un bunker sous l’Élysée. Capable de résister à une attaque nucléaire, cet abri de 250 m2 construit sous l’aile est du Palais présidentiel en 1940, abrite le poste de commandement Jupiter, le PC Jupiter. C’est depuis cet abri que le président peut déclencher la force nucléaire. C’est aussi le lieu privilégié par le chef de l’État pour abriter le conseil de défense, un conseil des ministres restreint qui définit les priorités en matière de sécurité et de défense, précise Le Monde.

Lire aussi : À quoi ressemble un abri antiatomique ?

Sous la Maison de la Radio

La Maison de la Radio abrite 14 abris anti-atomiques. (Photo : FRANCOIS GUILLOT/AFP)

La Maison de la Radio, à Paris, fait partie des rares bâtiments parisiens à avoir en sous-sol des abris anti-atomiques. Il y en a 14 qui ont été construits le long du couloir circulaire du sous-sol de la Maison Ronde, inaugurée le 14 décembre 1963 par le Général de Gaulle et construite en pleine Guerre Froide, précise un article de france TV info. Ils n’ont jamais servi et sont utilisés comme lieux de stockage.

L’abri sous-terrain de la Gare de l’Est à Paris

À Paris encore, un abri sous-terrain est situé sous la Gare de l’Est. Construit à partir de 1939 par la SNCF, cet abri de 120 m2 et composé d’une dizaine de pièces, devait servir de lieu de repli pour le personnel de la gare en cas d’attaque aérienne et de poste pour continuer à faire rouler les trains, précise la Mairie de Paris. L’ensemble était protégé par des portes hermétiques pour préserver le personnel des attaques au gaz. Près de 70 personnes pouvaient occuper ce bunker, qui a été investi par les Allemands pendant l’Occupation dès 1940. Aujourd’hui, il est inaccessible au public, mais se visite parfois lors des Journées du Patrimoine.

Un abri anti-nucléaire souterrain aux portes de Lyon

Paris n’est pas la seule ville équipée. Plusieurs abris anti-atomiques ont été construits à Lyon dans les années 1950. La majorité de ces abris sont aujourd’hui encore secret-défense, mais pas tous, précise la Tribune de Lyon. Parmi ces abris : le site militaire du mont Verdun, aux portes de la métropole de Lyon, est censé résister à toutes les attaques, comme le détaille Actu Lyon : crash d’un avion, attaques nucléaires et chimiques… Cette base militaire, qui se trouve à 130 mètres sous sol, constitue l’abri nucléaire le plus important de la région lyonnaise sur 2 hectares. Cet abri est même doté d’une centrale électrique qui peut prendre le relais en cas de coupure électrique.

Le sous-marin le Redoutable à Cherbourg

La visite du Redoutable se fait de façon immersive, les bruits, les lumières et les odeurs, ont été recréés comme à l’époque de ses plongées. (Photo d’archives : Ouest-France)

L’ancien sous-marin nucléaire le Redoutable, qui se visite à La Cité de la Mer à Cherbourg depuis le début des années 2000, pourrait aussi servir d’abri anti-nucléaire efficace. Fleuron de la dissuasion nucléaire française et premier sous-marin à propulsion nucléaire français, ce bâtiment naval mesure 128 mètres de long, et il a pu accueillir tout au long de ses années de service, 135 hommes à son bord. Retiré du service en décembre 1991, rappelle le ministère de la Défense, le Redoutable a été ensuite désarmé et dénucléarisé. Il n’en reste pas moins un potentiel bon abri anti-nucléaire.

Les blockhaus du « Mur de l’Atlantique »

Malgré leur vétusté, les blockhaus érigés pendant la Seconde Guerre mondiale par l’armée allemande le long des côtes de la Manche et de l’Atlantique peuvent aussi, éventuellement servir d’abri, à condition de les restaurer…

Lire aussi : Ce Breton a rénové un bunker allemand et le met en location sur Airbnb

Tout bâtiment blindé et hermétique

Plus généralement, en cas d’attaque nucléaire, p our se protéger des radiations, il faut rapidement rejoindre un bâtiment, si possible un bâtiment en béton armé, précise un article de Ça m’intéresse. Une fois abrité, il convient de se tenir à distance des portes, des fenêtres, des issues de secours ou d’aération. Vous pouvez rajouter les tissus, des draps, des habits trempés dans de l’eau qui serviront à boucher les trous en dessous des portes. Les pièces situées au centre du bâtiment ou au sous-sol offrent une meilleure protection. Dans l’idéal, il faut pouvoir s’abriter dans un bâtiment blindé, hermétique. Le coffre-fort d’une banque peut aussi servir d’abri. Et pensez à emporter avec vous des comprimés d’iode stable. Ce médicament empêche la thyroïde d’absorber l’iode radioactif rejeté dans l’environnement, précise l’IRSN, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.

Source: L'édition du soir