Transferts - Real Madrid : Karim Benzema, nouveau fer de lance de l'offensive saoudienne

June 06, 2023
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Un second Ballon d'Or rejoint donc la Roshn Saudi Pro League, en attendant, qui sait, un troisième, Léo Messi, ambassadeur officiel de Visit Saudi et un temps annoncé à Al Hilal. Pour la première fois, à tout le moins en club, Karim Benzema aura face à lui son ancien coéquipier du Real, Cristiano Ronaldo, à qui Al Nassr, dauphin d'Al Ittihad dans le dernier championnat saoudien, verse un salaire estimé à 200 millions d'euros annuels pour défendre ses couleurs.

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Dernier tour de piste

La tentation serait d'ajouter : Karim Benzema a 35 ans, Cristiano Ronaldo, 38 (et Léo Messi en aura 36 dans trois semaines). Il s'agit du dernier tour de piste de deux grands joueurs que le temps a fini par rattraper comme il nous rattrape tous, qui ne sont plus faits pour le Carnegie Hall mais peuvent encore remplir un théâtre à Las Vegas. Cela n'implique pas qu'il s'agira de shows au rabais, indignes de ce qu'ils ont apporté autrefois. Simplement que l'été a cédé le pas à l'automne, et qu'ils ont des dizaines, des centaines de millions d'excellentes raisons d'aller le passer ailleurs.

Cristiano Ronaldo Crédit: Getty Images

Ceci est en partie exact. Le "mirage saoudien" (autant lâcher le poncif de suite) peut faire songer au New York Cosmos de Pelé, Cruyff et Beckenbauer, note en bas de page dans le livre d'or du football mondial, le charme en moins. Il peut aussi rappeller ce à quoi on assista dans les années 2010 en Chine, quand une course aux grands et moins grands noms du football entre propriétaires de clubs de Chinese Super League déclencha une hyperinflation incrontrôlée des transferts et des salaires qui attira, entre autres, Axel Witsel, Carlos Tévez, Javier Mascherano, Ramires, Ezequiel Lavezzi, Oscar, Jackson Martinez et Hulk dans un championnat dont le reste du monde se fichait éperdument.

Le résultat de cet assaut fut une catastrophe pour le football chinois, qui n'en avait certainement pas besoin. Le boom ne dura que quelques saisons, après quoi les plus jeunes des expatriés revinrent au bercail, et les autres se retirèrent pour de bon, laissant un champ de ruines derrière eux.

Le foot, une affaire d'État

Le parallèle est séduisant d'apparence, mais n'a pas lieu d'être. Ce à quoi on assiste aujourd'hui en Arabie Saoudite, et qui ne fait que s'amorcer, n'a rien à voir avec le chaos qu'on observa en Chine. C'est qu'en Arabie Saoudite, le football est une affaire d'État, au sens propre.

On en a eu une nouvelle illustration ce lundi, quand le PIF, le fond souverain saoudien qui est dirigé par le prince héritier Mohammed Ben Salmane et est propriétaire à 80% de Newcastle United, annonça que, dans le cadre de son "Projet de privatisation et d'investissement dans les clubs de sports", trois clubs de première division saoudienne, Al Ittihad, Al Nassr et Al Hilal, et un de seconde, Al Ahli, avaient changé de statut pour être transformés en sociétés placées sous la tutelle des autorités.

Un milliard de dollars pour faire venir des stars

Il a déjà été question ici du rêve de Mohammed ben Salmane d'organiser une Coupe du monde de football, et des alliances que le régime a récemment nouées avec diverses fédérations et confédérations pour s'assurer de leur soutien lors du Congrès de la FIFA qui choisira, en septembre 2024, le pays-hôte de l'édition 2030 du tournoi. La volonté d'attirer des noms illustres dans un championnat saoudien turbo-propulsé par un investissement d'État sans précédent dans quelque sport ou quelque pays que ce soient participe de la même démarche.

Cet investissement, si l'on en croit des informations récemment publiées par le New York Times , pourrait atteindre le milliard de dollars, rien que pour financer les contrats de la vingtaine de stars grâce auxquelles les Saoudiens entendent faire de leur championnat le plus performant - et le plus médiatisé - d'Asie, en attendant mieux. L'Arabie Saoudite n'est-elle pas le sponsor à répétition de cette vitrine parfaite qu'est la Coupe du monde des clubs de la FIFA, dont elle accueillera d'ailleurs la prochaine édition ?

Selon le New York Times, l'homme à qui a été confié le soin de diriger le processus de recrutement n'est autre que le Britannique Garry Cook, directeur exécutif de la Roshn Saudi Pro League depuis janvier dernier, dont on se souvient qu'il avait aussi occupé une position similaire à Manchester City après que Sheikh Mansour en était devenu le propriétaire.

Benzema jouera aussi pour l'Arabie Saoudite

Ce que ce projet a d'unique est qu'il se donne pour objectif la transformation d'une ligue, pas seulement d'un club, en se servant des clubs phares de cette ligue comme d'autant de briques dans la construction de l'édifice. Les ordres sont émis par le palais. L'argent vient du fonds souverain. Les clubs concernés sont intégrés dans une même entité, comme s'ils étaient quatre clubs en un. Karim Benzema ne jouera pas que pour Al Ittihad. Quand il participera à la Ligue des champions d'Asie ou à la Coupe du monde des clubs avec Al Ittihad, il jouera aussi - littéralement - pour l'Arabie Saoudite, pour le PIF et pour Mohammed ben Salmane.

Ceux qui s'imagineraient qu'il ne s'agit là que de la lubie d'un prince victime de la folie des grandeurs, d'une ambition icarienne qui aura vite fait de s'étioler au soleil, ceux-là se trompent du tout au tout. Ronaldo, Benzema, voire peut-être Messi, ne viennent pas faire leurs adieux au football comme d'anciennes gloires sur le point de quitter le stade en font le tour au ralenti, histoire de mieux savourer les applaudissements de la foule. Ils sont les précurseurs, les fers de lance d'une offensive dont on peut se demander qui, ou quoi, aura les moyens de l'arrêter.

Karim Benzema Crédit: Getty Images

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Source: Eurosport FR