Au Mont-Saint-Michel, Emmanuel Macron appelle à " ne pas redouter l’avenir "

June 06, 2023
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Emmanuel Macron, à son arrivée au Mont-Saint-Michel (Manche), le 5 juin 2023. LUDOVIC MARIN / AFP

Emmanuel Macron est monté très haut, lundi 5 juin. Là où, a-t-il observé, le « ciel est presque palpable ». Depuis le cloître de l’abbatiale du Mont-Saint-Michel, après avoir gravi avec son épouse, Brigitte, les 350 marches qui séparent la terre ferme du monument millénaire, le chef de l’Etat a pu prendre ses distances avec ce qu’il décrit comme les « fracas du monde ».

A la veille d’une quatorzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le président de la République s’est mis à distance de l’actualité. Et, tel un candidat en campagne, s’est lancé dans un éloge à « cet art d’être français », incarné, selon lui, par le petit bout de terre coincé entre Bretagne et Normandie.

Sous le regard amusé des sœurs de la fraternité monastique de Jérusalem, Emmanuel Macron vante cette France humaniste et spirituelle, éternelle et résiliente face aux périls de l’histoire et aux bouleversements de la nature. « Le Mont-Saint-Michel est capable d’affronter l’avenir », assurait, en 1983, François Mitterrand. « Ne redoutons pas l’avenir », plaide aujourd’hui le chef de l’Etat, rappelant qu’« ici avait été restaurée la possibilité d’une île ».

Une allusion au barrage du Couesnon, qui, en 2015, après vingt ans de travaux et de recherches, a pu stopper l’ensablement du mont. Une évocation, aussi, du roman du même nom, La Possibilité d’une île, de Michel Houellebecq, paru en 2005, narrant le désir baudelairien d’un héros en proie à la mélancolie. Le cloître, prouesse d’architecture où « les siècles s’enchâssent », et où « chaque pilier d’un âge permet de soutenir le suivant », est, aux yeux du chef de l’Etat, le signe de la réconciliation possible entre « le génie humain et la grandeur de la nature ».

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Une métaphore permettant de dessiner un futur où le progrès l’emporte sur l’angoisse écologique. Pour Emmanuel Macron, le mont Saint-Michel est la preuve que la « main de l’homme » n’est pas destructrice mais peut être réparatrice. Citant l’écrivain Charles Péguy, il compare les Français à ce « peuple d’architectes » prompts à transformer et à embellir. « Ce lieu est celui de la maîtrise du destin par la volonté », s’enflamme-t-il alors que, dans son dos, le paysage s’inonde peu à peu sous l’effet de la marée. « Le Mont est la preuve que rien n’est impossible si nous adaptons notre usage du monde aux éléments qui changent. N’en doutons pas, car notre grande et vieille nation a toujours su relever les défis du temps », pointe-t-il.

Séduction de la droite

La réforme des retraites, que son adversaire du camp Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez, avait qualifiée quelques semaines auparavant de « réforme du XXe siècle », est derrière lui. « Les choses sont plus calmes qu’elles ne l’ont été », a-t-il constaté un peu plus tôt dans la journée, mettant en garde contre ceux qui tentent de raviver les flammes de la colère : « Il ne faut pas s’habituer à une radicalité de minorités », tance-t-il.

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Source: Le Monde