Le prince Harry fait le procès des tabloïds devant la Haute Cour de justice d’Angleterre

June 06, 2023
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Le prince Harry sort de la Haute Cour de justice d’Angleterre, mardi 6 juin 2023. TOBY MELVILLE / REUTERS

Dans l’un des grands procès de l’année au Royaume-Uni, le prince Harry, 38 ans, a comparu, mardi 6 juin, comme le principal plaignant devant la Haute Cour de justice d’Angleterre, en plein Londres, dans le cadre d’une procédure qu’il a intentée à MGN, l’éditeur du Daily Mirror, un des principaux tabloïds britanniques. Le fils cadet du roi Charles III, cinquième dans l’ordre de succession, accuse le journal d’avoir, entre le milieu des années 1990 et 2010, eu régulièrement recours aux écoutes téléphoniques pour nourrir des articles exposant sans ménagement sa vie privée d’adolescent puis de jeune homme.

Les actions du quotidien « ont affecté tous les aspects de ma vie », a affirmé le prince dans une déclaration écrite, déposée auprès de la cour avant le début de l’audience. Ces actions ont altéré ses relations sociales, les entourant d’une « énorme paranoïa », a ajouté le royal plaignant : « J’avais l’impression que je ne pouvais faire confiance à personne, ce qui est un sentiment terrible, surtout à un jeune âge. » MGN a, à plusieurs reprises, déjà été poursuivi pour avoir eu recours à la pratique illégale des écoutes avec d’autres célébrités, mais pas avec le prince Harry, sauf dans le cas d’un article publié en 2004 qui relatait l’une de ses soirées dans une boîte de nuit de Londres.

C’est la première fois en plus d’un siècle qu’un membre de la famille royale britannique apparaît devant un juge : un évènement étonnant d’un point de vue constitutionnel, la justice étant rendue au nom du roi. Connu pour son existence dissolue, le prince de Galles, futur roi Edouard VII, avait été appelé une première fois à la barre, en 1871, pour expliquer sa relation avec une femme mariée, et une seconde fois, quelques années plus tard, pour une dispute de jeu.

Un long contre-interrogatoire

Le procès qu’intente le prince Harry (et trois autres plaignants) contre MGN n’a rien d’aussi scabreux, mais il constitue un test crucial pour le groupe de presse, ouvrant la voie au paiement de dommages et intérêts considérables s’il est reconnu coupable. En 2011, l’accumulation des scandales d’écoutes téléphoniques avait contraint le très puissant News of the World, une autre légende de Fleet Street (la rue de la presse), à cesser de paraître.

Mardi, la première journée d’auditions du prince Harry était consacrée à son contre-interrogatoire par l’avocat de MGN, Andrew Green, un professionnel courtois mais sans égard pour les titres du plaignant. Il a passé cinq longues heures à tenter de mettre en lumière ses contradictions ou les faiblesses de son argumentaire. Décortiquant un à un les articles litigieux sélectionnés par Harry (la Haute Cour en a retenu trente-trois), l’avocat a voulu montrer que les informations dont ils faisaient état au moment de paraître étaient souvent déjà présentes les jours précédents dans des journaux concurrents et qu’elles n’étaient donc probablement pas obtenues par des écoutes.

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Source: Le Monde