La menace d’une crise financière plane sur les pays en développement, selon la Banque mondiale
Au siège de la Banque mondiale, à Washington, le 17 janvier 2019. ERIC BARADAT / AFP
L’optimisme aura été de courte durée. Après le rebond post-pandémie de l’activité économique mondiale en 2022 et l’espoir suscité par la levée progressive de la stratégie zéro Covid en Chine, en janvier 2023, la croissance se révèle finalement moins pérenne que prévu. Selon les dernières prévisions de la Banque mondiale, publiées mardi 6 juin, le rythme de l’économie mondiale devrait ralentir, passant de 3,1 % en 2022 à 2,1 % en 2023.
Ce coup de frein n’a rien d’anodin. L’économie se trouve actuellement « dans une situation précaire », fragilisée par une forte inflation et des politiques monétaires restrictives menées par les grandes banques centrales pour tenter de l’endiguer, explique l’économiste en chef de la Banque mondiale, Indermit Gill.
Si aucun pays n’est épargné par le resserrement du crédit observé depuis quelques mois, c’est bien la conjoncture des économies émergentes et en développement qui inquiète les spécialistes. Rapport après rapport, les prévisions de croissance sont revues à la baisse. Celle-ci ne devrait finalement pas dépasser les 2,9 % en 2023, selon les dernières prévisions de la Banque mondiale, contre les 4,4 % attendus dans les estimations parues en janvier 2022.
« Agir rapidement »
Une révision largement imputable à la situation financière tendue : un quart des pays en développement – les moins solvables – n’ont actuellement plus accès aux marchés obligataires internationaux.
Le risque d’une crise de la dette d’envergure dans les pays les plus vulnérables ne peut donc pas être écarté, selon les auteurs du rapport. Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de l’institution financière, enjoint aux décideurs politiques de ces pays d’« agir rapidement » afin d’éviter une « contagion financière ». Un pays à faible revenu sur deux est déjà en surendettement ou à haut risque, un chiffre qui pourrait encore augmenter dans les mois à venir.
Cette situation préoccupante – principalement alimentée par « la hausse des rendements des bons du Trésor américains », selon le rapport – a des répercussions déjà visibles sur le budget des pays à bas revenu, dans lesquels le coût de la dette atteint 70 % du PIB en moyenne. Or chaque hausse des taux diminue les montants alloués par les Etats au « filet de sécurité sociale ».
Source: Le Monde