La Bulgarie se dote d’un gouvernement pro-occidental après deux ans de crise politique

June 06, 2023
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Le nouveau premier ministre bulgare, Nikolaï Denkov, au Parlement du pays, mardi 6 juin 2023, à Sofia. VALENTINA PETROVA / AP

Après deux ans de crise politique marqués par cinq scrutins législatifs consécutifs, la Bulgarie a fini par se doter, mardi 6 juin, d’un gouvernement de coalition regroupant les forces pro-occidentales de ce pays profondément divisé sur la question russe. Le Parlement de Sofia a approuvé par 132 voix sur 201 la nomination d’un gouvernement soutenu par le parti conservateur GERB (pour Grazdani za Evropejsko Razvitie na Balgarija – « Citoyens pour le développement européen de la Bulgarie ») de l’ancien premier ministre Boïko Borissov et les forces centristes proeuropéennes regroupées derrière le mouvement « Continuons le changement » de Kiril Petkov.

Ces deux forces ont été longtemps profondément antagonistes sur le sujet de la lutte contre la corruption dans ce pays qui est l’avant-dernier de l’Union européenne (UE) en la matière selon le classement de l’ONG Transparency International. Mais M. Petkov, ancien entrepreneur diplômé de Harvard âgé de 43 ans, entré en politique en 2021 en promettant de mettre fin au règne de M. Borissov, 63 ans, a fini par s’entendre avec celui qui a dirigé la Bulgarie, pendant près de onze ans dans les années 2010, en multipliant les scandales.

L’incapacité des deux camps à former une majorité stable malgré la succession des scrutins, associée à la guerre en Ukraine, a finalement poussé au compromis ces deux forces qui se revendiquent pro-occidentales, face à une opposition qui sera fortement prorusse.

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« C’est le mieux que nous puissions faire » pour éviter « une sixième élection » après celles du 2 avril avait défendu M. Petkov, le 23 mai, à l’ouverture des négociations. Il avait alors alerté notamment sur la montée « des pseudo-nationalistes » du parti prorusse Renaissance, qui progresse à chaque scrutin, en s’appuyant sur les 32 % de Bulgares qui affirment garder une perception « positive » de Vladimir Poutine, selon un sondage publié le 31 mai par le cercle de réflexion Globsec.

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Situé sur les bords de la Mer noire et produisant – en toute discrétion – de nombreuses armes pour l’Ukraine, ce pays de 6,5 millions d’habitants cultive une proximité historique, culturelle et religieuse avec Moscou, tout en faisant partie de l’UE et de l’OTAN. Il présente un intérêt stratégique majeur pour le camp occidental, qui a soutenu en coulisses la formation de cette coalition.

Sur la forme, les acteurs du nouveau pouvoir refusent d’ailleurs le terme de « coalition ». Le gouvernement ressemble davantage à un cabinet technique formé autour du professeur en chimie Nikolaï Denkov, 60 ans, qui devient donc premier ministre. Ce discret chercheur a été brièvement ministre adjoint, puis ministre de l’éducation de différents gouvernements entre 2014 et 2022. « Mon rêve d’enfant n’était pas d’être premier ministre d’un pays en crise politique et économique grave et dans une société divisée », a-t-il reconnu devant le Parlement, mardi. Soutenu par « Continuons le changement », il sera remplacé dans neuf mois par la ministre des affaires étrangères, l’ex-commissaire européenne Mariya Gabriel soutenue, elle, par le GERB.

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Source: Le Monde