Rammstein accusé de prédation sexuelle : Till Lindemann, diabolique docteur Abuse

June 07, 2023
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L’affaire Rammstein a subitement fait pâlir l’étoile des superstars allemandes de la pop indus. Si le concert du groupe le 22 juillet au Stade de France est maintenu, la tournée solo de Till Lindemann semble compromise.

Till Lindemann en concert à Toluca, au Mexique, en décembre 2022. Photo Ismael Rosas/ Eyepix / NurPhoto via AFP

Par Hugo Cassavetti Partage

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«A partir de 299 €, billet avec accès aux loges. » Une aubaine pour certains amateurs endurcis de Rammstein, impatients de voir leur groupe préféré au Stade de France le 22 juillet. Un peu moins pour d’autres. Surtout depuis les accusations de plusieurs femmes pour agressions sexuelles à l’encontre de Till Lindemann, le chanteur du groupe allemand le plus populaire de ces quinze dernières années. Till Lindemann, dont le concert parisien programmé en solo le 20 décembre à l’Accor Arena paraît aujourd’hui sérieusement compromis, et même en voie d’annulation, comme la tournée promotionnelle de son album.

C’est un cas d’école où la frontière s’avère des plus poreuses entre les sources d’inspiration – esthétique totalitaire puisée chez Leni Riefenstahl, sexualité extrême ou abusive, thèmes abordés dans des textes flirtant avec les limites de la provocation et de la violence – et le comportement d’un groupe dans la réalité.

Rammstein déploie depuis presque trente ans un peu subtil mais impressionnant mélange de metal, d’indus et de pop, porté par une scénographie dantesque avec effets spéciaux à gogo, savamment orchestrée. Ce cocktail explosif fait donc fureur auprès de centaines de milliers d’amateurs. Dont bon nombre de jeunes filles, en pâmoison devant le sulfureux chanteur de 60 ans. Des adoratrices dont Lindemann aurait profité allègrement.

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Ce n’est pas la première fois que les récits de ce qu’on appelait autrefois des « groupies », plus ou moins consentantes, passant par dizaines entre les mains pour le moins indélicates de l’objet de leur fantasme, se font jour. Il s’agit même d’une constante du mythe, largement célébré par certains, du mode de vie « sexe, drogues et rock’n’roll ». Et qui, soit dit en passant, ne se cantonne nullement au rock ou au metal, touchant autant le rap, l’électro et la chanson (n’oublions jamais Cloclo qui se délectait chaque soir d’élire une des adolescentes qui campaient dans ses escaliers pour passer la nuit ou juste un moment intime avec lui).

Mais Till Lindemann ne s’est pas contenté d’abuser de la dévotion de ses fans les plus naïves. Les révélations des victimes ont mis au jour un véritable système organisé de « recrutement » de jeunes filles, en ligne comme sur les lieux du concert où, repérées, elles étaient approchées par des rabatteurs attitrés proposant aux chanceuses élues d’accéder en coulisse à leur idole. Une offre difficile à refuser, sans illusion pour certaines quant à sa finalité, un traquenard pour d’autres, prises au piège d’une star, en position de force, qui se croyait tout permis, alcool et expédients à l’appui.

Si de nombreux fans du groupe, comme souvent, hélas, dans ce genre d’affaire, ont tout de suite pris la défense de leurs chouchous en dénigrant avec véhémence ces gamines qui n’auraient eu que ce qu’elles cherchaient, l’étoile de Rammstein, dont les membres prétendent, officiellement, prendre l’affaire au sérieux, n’en pâlit pas moins pour autant. Et perd un peu de sa superbe – déjà fort discutable – auprès d’une part de son public.

Pour l’heure, le concert du 22 juillet au Stade France semble maintenu en l’état, alors qu’en Allemagne, à Munich notamment, à la demande de la ministre de la Famille, l’écologiste Lisa Paus, des aménagements sont prévus pour assurer la protection de potentielles victimes. Selon le quotidien suisse Le Matin, « la zone juste devant la scène (Row Zero) dans laquelle le chanteur aurait repéré les jeunes femmes sera supprimée ». Et la soirée d’après concert elle aussi annulée, a affirmé la direction du stade qui accueille l’événement. Des équipes seront susceptibles d’intervenir en cas de tentative d’agression sexuelle.

On savait, depuis le documentaire Völkerball (2007), que Rammstein était avant tout une vaste entreprise de marketing, ayant parfaitement ciblé son très lucratif marché potentiel, adepte de grand frisson et d’effets spéciaux, aussi chocs que démesurés. On pensait même que son art très commercial de la provoc était maîtrisé au point de ne pas déraper. Aujourd’hui, son public a toutes les raisons d’être écœuré et de se sentir floué.

Source: Télérama.fr