Consommation de gaz et d’électricité : la France a du mal à passer d’une sobriété de crise à une sobriété plus structurelle
Devant les deux tours de refroidissement de la centrale nucléaire du Tricastin, à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 26 janvier 2023. OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP
A la mi-mai, la consommation cumulée de gaz et d’électricité depuis le 1er août 2022 était en baisse de 12 % par rapport à 2018-2019. Même une fois les radiateurs arrêtés, les Français ont continué à utiliser moins d’énergie que précédemment. Il y a un mois, le gestionnaire Réseau de transport d’électricité (RTE) notait que l’effet baissier diminuait, mais restait « significatif pour cette période de l’année ». Un signe que les efforts de sobriété mis en œuvre pendant l’hiver pourraient s’inscrire dans la durée ?
Selon une enquête d’opinion réalisée par l’institut Ipsos pour RTE auprès d’un échantillon représentatif de plus de 11 000 personnes, dont les résultats sont publiés mercredi 7 juillet, 70 % des personnes interrogées disent avoir diminué la température de leur logement au moins de manière ponctuelle pendant l’hiver, et 51 % disent avoir décalé l’utilisation de leurs appareils électroménagers.
« Beaucoup de gestes ont été faits et on estime qu’ils pourront être prolongés, observe Xavier Piechaczyk, le président du directoire de RTE. Soixante-seize pourcents des personnes interrogées déclarent avoir fait des efforts cet hiver, et deux tiers d’entre elles disent que ça n’a pas été très difficile. Et le terme sobriété est majoritairement associé à des notions positives. »
« Une certaine évolution culturelle »
Du côté des collectivités, certaines commencent à faire le bilan des efforts mis en place pour faire face à la flambée, en 2022, des prix de l’énergie. La ville de Grenoble, par exemple, estime que différentes mesures, telles que la suppression des éclairages permanents, la limitation de la température à 19 degrés ou le déclenchement du chauffage par les utilisateurs ont permis d’économiser environ 25 % de chauffage et d’électricité dans les bâtiments municipaux, permettant des économies de plus de 400 000 euros.
« Certaines collectivités qui avaient du mal à éteindre l’éclairage public sont maintenant interpellées lorsqu’elles le laissent allumé trop longtemps, il y a eu une certaine évolution culturelle, note aussi Hélène Gassin, la présidente de l’association négaWatt, qui milite en faveur de la sobriété. Certains acteurs intermédiaires, tels que des chambres de commerce, se sont aussi emparés du sujet. »
De là à transformer l’essai ? Pour l’instant, Hélène Gassin juge que la France est encore « au milieu du gué ». « Pour que les changements de comportements s’installent, il faudra des politiques bien plus pérennes et structurelles, explique-t-elle. On ne peut pas jouer uniquement sur le ressort de la responsabilité morale des citoyens ou sur leurs inquiétudes par rapport au prix. » Dans l’enquête Ipsos mentionnée, 79 % des personnes interrogées mettent en avant des arguments financiers pour expliquer pourquoi elles ont réduit leur consommation énergétique, quand seuls 20 % citent la lutte contre le réchauffement.
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Source: Le Monde