Energie : les besoins de la France " imposent une électrification accélérée ", alerte le patron de RTE

June 07, 2023
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Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE (Réseau de transport d’électricité), dans son bureau à La Défense, à Puteaux (Hauts-de-Seine), le 13 septembre 2022. PHILÉMON BARBIER / COLLECTIF HORS FORMAT POUR « LE MONDE »

Quelle sera la consommation d’électricité en France en 2035, et par conséquent quels moyens de production faut-il déployer ? Un an et demi après la publication, fin octobre 2021, des « Futurs énergétiques 2050 », un vaste travail de modélisation à l’horizon 2050, le gestionnaire Réseau de transport d’électricité (RTE) met à jour ses prévisions pour la prochaine décennie.

Le président de son directoire, Xavier Piechaczyk, commente, mercredi 7 juin, les principales conclusions de la concertation menée avec l’ensemble des acteurs du secteur pour préparer ces nouveaux scénarios – le « Bilan prévisionnel » –, qui seront détaillés en septembre. Des éléments qui viendront aussi nourrir le débat parlementaire, attendu à l’automne, sur la prochaine loi de programmation énergie-climat.

Pourquoi prévoyez-vous une forte hausse de la consommation d’électricité d’ici à 2035 ?

Les nouvelles ambitions européennes, que ce soit en matière de climat ou de réindustrialisation, imposent une électrification accélérée. Ce qui a changé depuis la publication des « Futurs énergétiques », c’est notamment « Fit for 55 », un plan européen qui impose un objectif de décarbonation très ambitieux [adopté en 2022, il prévoit de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici à 2030 par rapport à 1990].

Ces nouvelles ambitions impliquent une nette hausse de la consommation électrique, qui correspond à l’hypothèse maximale décrite dans nos publications de 2021. La consommation pourrait ainsi être comprise entre 580 et 640 térawattheures (TWh) en 2035 [alors que le scénario médian des « Futurs énergétiques » prévoyait une consommation de 650 TWh en 2050].

Dans quelle mesure la guerre en Ukraine a-t-elle changé la donne ?

Le conflit a renforcé l’intérêt de sortir des énergies fossiles de manière structurelle et de se dégager des sources d’approvisionnement qui posent des problèmes géopolitiques. Il a souligné la nécessité de se réindustrialiser plus vite pour maîtriser nos propres chaînes de valeur. La guerre en Ukraine a également modifié des paramètres économiques, puisqu’elle a eu des incidences sur le prix du gaz et sur la manière dont le système électrique fonctionne.

D’autres facteurs influent-ils à l’échelle nationale ?

Notre trajectoire repose sur la somme des besoins qui nous ont été remontés, filière par filière, lors de la concertation. Là aussi, des choses ont changé. Dans « Futurs énergétiques », il y a par exemple très peu d’électricité qui sert à produire des carburants de synthèse pour l’aviation. A l’époque, les industriels du secteur ne semblaient pas avoir autant avancé sur leur transition bas carbone. Cette fois, ils ont répondu en masse à notre consultation et sont venus avec leur trajectoire, qui prévoit la production de carburants de synthèse.

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Source: Le Monde