Dépressions, stress, suicides : Bruxelles pousse les Vingt-Sept à agir sur la santé mentale

June 07, 2023
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Par Fabienne Schmitt

Publié le 7 juin 2023 à 16:03 Mis à jour le 7 juin 2023 à 17:24

C'est « l'épidémie silencieuse » de l'Europe, selon les termes du vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas. La santé mentale des Européens s'est considérablement dégradée ces dernières années, engendrant des coûts de plus en plus élevés.

Avant la pandémie de Covid, environ 84 millions de personnes étaient touchées sur le Vieux Continent, d'après la Commission. Un chiffre qui n'a fait qu'empirer, depuis, sur fond de guerre en Ukraine, de crise énergétique, d'augmentation du coût de la vie et de changements radicaux des modes de travail…

Le coût total des problèmes de santé mentale - systèmes de santé, programmes de Sécurité sociale, baisse de l'emploi et de la productivité des travailleurs compris - est évalué, par Bruxelles, à « plus de 4 % du PIB » en Europe, soit plus de 600 milliards d'euros par an.

L'exécutif européen estime ainsi qu'il y a urgence à agir, en proposant une série d'actions spécifiques, en particulier préventives et pour aider, avant tout, les plus vulnérables.

Il s'agit aussi de remettre de l'ordre dans les différentes initiatives qui ont été prises par le passé dans ce domaine. De l'aveu même de la commissaire à la Santé, Stella Kyriakides, « les services et outils » mis en place par l'UE sont « dispersés et souvent insuffisamment connus de ceux qui en ont besoin ».

Epidémie silencieuse

L'UE est ainsi prête à mettre 1,23 milliard de financement sur table pour « agir là où c'est nécessaire », a souligné Margaritis Schinas et inciter les Etats membres à classer la santé mentale parmi leurs priorités.

« Ce n'est pas à Bruxelles que nous pouvons résoudre tous ces problèmes, a-t-il ajouté. Nous avons placé haut la barre sur ce que peut faire l'Europe pour compléter les efforts nationaux et internationaux. Ce n'est que le début du voyage, pas un aboutissement… »

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A ce stade, les mesures sont très générales. Bruxelles veut d'abord lancer une « initiative » - étape préalable à une législation - de prévention de la dépression et du suicide.

L'Europe planche parallèlement sur un code européen de la santé mentale dont les contours restent, pour l'heure, assez flous. Il s'agit de « donner aux gens les moyens de mieux prendre soin d'eux-mêmes et de leurs proches », a simplement mentionné Stella Kyriakides.

Suicides

Bruxelles veut aussi que les entreprises prennent plus en compte ces questions et annonce, pour ce faire, une future initiative sur les risques psychosociaux. Et des campagnes européennes de sensibilisation par l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail.

« Nous savons que le stress et l'épuisement contribuent à environ la moitié de toutes les journées de travail perdues. Ceci est inacceptable », a regretté la commissaire. Elle a par ailleurs promis de « continuer à soutenir » les partenaires sociaux dans la négociation des nouveaux accords de télétravail et dans le droit à la déconnexion.

La Commission envisage aussi plusieurs mesures en direction des enfants, cible privilégiée, pour qui elle veut développer « une trousse d'outils de prévention ». Elle veut surtout sécuriser l'espace numérique, alors que la cyberintimidation fait des ravages sur la jeunesse provoquant des suicides. Ceux-ci sont d'ailleurs devenus, après les accidents de la route, la deuxième cause de mortalité chez les jeunes.

Source: Les Échos