Destruction des menhirs de Carnac : La Drac estime que la valeur archéologique " n’est pas établie "

June 08, 2023
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Face à la tempête médiatique, la direction régionale des affaires culturelles de Bretagne a dû réagir. Mercredi, ses services ont vécu une salle journée quand ils ont vu toute la presse française révéler la disparition de 39 menhirs à Carnac, sacrifiés pour laisser place à un magasin Mr Bricolage. Cette charge menée par un archéologue amateur et révélée par Ouest-France a généré un torrent de critiques de la part de spécialistes autoproclamés du patrimoine breton. Notre préféré : Eric Zemmour. L’homme politique s’est rapidement rendu sur place pour enregistrer une vidéo dans laquelle il évoque « l’époque celtique » de ces menhirs, vieux de 7.500 ans. Problème : l’arrivée des Celtes en Armorique n’est estimée qu’à partir de - 800 ans avant Jésus-Christ.

Face à des critiques plus ou moins étayées, les services de la Drac ont tenté de faire entendre leur voix. Dans un communiqué envoyé mercredi soir, elle précise que « l’atteinte à un site ayant une valeur archéologique n’est pas établie. » Mais la tempête gronde dans la cité balnéaire du Morbihan, mondialement connue pour ses alignements.

Un terrain « partiellement encombré de déblais et de déchets »

Pour établir ce constat, les services de l’Etat s’appuient sur les recherches archéologiques réalisées sur le site en 2015 à la suite de la première demande de permis de construire de l’enseigne Mr Bricolage. Mené par l’institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), ce travail avait consisté à creuser huit tranchées de trois mètres de large sur un terrain décrit comme « partiellement encombré de déblais, de déchets divers et de bosquets ». Les images disponibles sur Google Maps confirment l’état du site du chemin de Montauban, situé à quelques mètres de la déchetterie et d’un Super U, et qui semblait servir régulièrement de décharge. Le bilan de l’Inrap était d’ailleurs clair : « Aucun vestige archéologique n’a alors été découvert », assure la Drac.

Le maire de #Carnac : pic.twitter.com/3xDfpQZHgL — crepeausucre (@lacrepeausucre) June 7, 2023 L‘accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement En cliquant sur « J‘ACCEPTE », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires J‘ACCEPTE Et pour mieux rémunérer 20 Minutes, n'hésitez pas à accepter tous les cookies, même pour un jour uniquement, via notre bouton "J‘accepte pour aujourd‘hui" dans le bandeau ci-dessous. Plus d’informations sur la page Politique de gestion des cookies.

Seules deux anciennes clôtures semblant avoir été réalisées avec des pierres. Selon l’Inrap, la première était faite de blocs « manifestement déplacés pour construire le muret ». La seconde affichait un intérêt plus marqué et la Drac avait demandé une fouille de 2.000 m² sur le site. Le dossier avait finalement été abandonné, le permis de construire ayant cependant été refusé par la mairie de Carnac, pour une raison qui n’avait rien à voir avec l’archéologie.

Le maire dénonce les insultes

En 2022, une nouvelle demande de permis de construire avait atterri sur le bureau du maire Olivier Lepick. Ce dernier s’est appuyé sur son plan local d’urbanisme qui atteste que le terrain fait partie de la zone d’activité de Montauban. N’étant pas répertorié parmi les zones de présomption archéologique, le terrain a pu être viabilisé et la construction du magasin de bricolage a pu démarrer sans susciter de grand émoi dans la commune. L’affaire n’a finalement pris une tournure polémique qu’après le post du passionné d’histoire Christian Obeltz. Dans son texte, ce dernier estime que les 39 pierres sacrifiées étaient « sans doute l’un des ensembles de stèles les plus anciens de la commune de Carnac ». Un avis que ne partage pas la Drac, qui martèle : « du fait du caractère encore incertain et dans tous les cas non majeur des vestiges tels que révélés par le diagnostic, l’atteinte à un site ayant une valeur archéologique n’est pas établie ».

Suite à la publication de ce communiqué par la direction des affaires culturelles, le maire de Carnac a dénoncé les insultes subies par lui-même et sa famille suite à la diffusion d’articles. Mercredi, ce dernier avait assuré que « l’instruction de ce dossier avait été menée avec la plus grande rigueur ». L’association de défense du patrimoine Koun Breizh (Mémoire bretonne) a annoncé avoir déposé une plainte contre X pour destructions volontaires aggravées.

Les 3.000 menhirs vieux d’environ 6.000 ans qui sont visibles à Carnac attendent de déposer un dossier auprès de l’Organisation des nations unies pour intégrer le cercle fermé du patrimoine mondial de l’Unesco. La demande pourrait aboutir en 2025 ou 2026.

Source: 20 Minutes