La zone euro est entrée en récession

June 08, 2023
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A la Bourse de Francfort, le 20 mars 2023. DANIEL ROLAND / AFP

La révision statistique est technique, mais le symbole est lourd : la zone euro est officiellement entrée en récession. Selon la publication de l’institut statistique européen Eurostat jeudi 8 juin, le produit intérieur brut (PIB) des vingt pays de la monnaie unique a reculé de 0,1 % au premier trimestre, après une baisse de la même ampleur le trimestre précédent.

Deux trimestres négatifs de suite correspondent à la définition d’une récession. Derrière ces chiffres se trouvent deux grandes tendances : partout en Europe, la consommation chute assez lourdement, à cause de l’envolée de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt ; l’Allemagne, plus exposée à la guerre en Ukraine, est l’un des pays les plus touchés.

Le 16 mai, Eurostat avait estimé le PIB en zone euro au premier trimestre en très faible croissance de 0,1 %. Sa correction à -0,1 %, publiée jeudi, n’a rien d’exceptionnel, mais elle fait basculer officiellement les comptes dans le rouge. « L’économie de la zone euro a stagné ces deux derniers trimestres et nous pensons que le PIB va encore se contracter au deuxième trimestre, parce que les effets du durcissement monétaire [la hausse des taux d’intérêt] vont continuer à se faire sentir », note Andrew Kenningham, du cabinet Capital Economics.

La récession vient avant tout de la chute de la consommation des ménages, en baisse de 1 % et 0,3 % lors de deux derniers trimestres. L’envolée des prix, d’abord de l’énergie, puis de l’alimentaire, a durablement affaibli le pouvoir d’achat.

Jusqu’à présent, si la croissance avait officiellement résisté, il s’agissait essentiellement d’un trompe-l’œil : les importations ont reculé (-2,5 % et -1,3 % lors des deux derniers trimestres), améliorant mécaniquement la balance commerciale de la zone euro. Cette baisse illustre pourtant avant tout la mollesse de l’économie européenne.

L’Allemagne en net recul

Au niveau géographique, le recul économique vient avant tout de l’Allemagne, qui compte pour presque du tiers du PIB de la zone euro. Le pays, qui était particulièrement dépendant du gaz russe, est touché de plein fouet par la guerre en Ukraine. Son secteur industriel, très développé, est fortement pénalisé par l’énergie chère – même si le recul des prix du gaz et du pétrole ces derniers mois desserre l’étau. L’automobile, avec une transition vers l’électrification difficile, traverse aussi une crise sévère. Dans ce pays, la récession est désormais très nette : -0,5 % au quatrième trimestre 2022, -0,3 % au premier trimestre.

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Source: Le Monde