Le risque de sécheresse se confirme en France, malgré des sols plus humides dans certaines régions
Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et des territoires, le 27 avril 2023, à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). RAYMOND ROIG / AFP
En dépit de quelques nuances, puisque toutes les régions ne sont pas touchées de la même manière et que la situation, pire qu’en 2022 à la même période, est moins préoccupante qu’en mars, le tableau ne laisse guère de doute sur la survenue prochaine de la sécheresse en France. C’est ce qui ressort du Comité d’anticipation et de suivi hydrologique (Cash) qui s’est tenu jeudi 27 avril à Paris. L’occasion de mettre en perspective une large palette d’indicateurs : météorologie, débit des cours d’eau, état des nappes souterraines et des grands réservoirs. Pour la première fois, cette séance était ouverte aux médias, sans doute le signe que le gouvernement souhaite sensibiliser l’opinion publique de ce qui l’attend cet été.
Pour l’heure, la Bretagne et l’Aquitaine s’en sortent plutôt bien car il y a plu ces dernières semaines. Mais sur la carte, les trois quarts de l’Hexagone, ainsi que la Martinique et La Réunion, apparaissent constellés de sous-bassins colorés d’un rouge de mauvais augure. Tous les yeux sont tournés en direction de l’arc méditerranéen, vers les Pyrénées-Orientales en particulier, qui n’ont pas connu une journée de pluie depuis plus d’un an. Le niveau dans les nappes souterraines y est si bas que le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) évoque le risque de pénétration d’un biseau salé. Dans ces conditions, faute d’eau douce en quantité suffisante, leur contenu peut devenir saumâtre, rendant impossible la potabilisation de l’eau.
Une grande partie des Pyrénées-Orientales pourrait être incessamment classée en crise par le préfet. Trois autres départements sont déjà partiellement touchés par ce type d’arrêtés, avec le lot de restrictions qu’ils entraînent : les Bouches-du-Rhône, le Var, mais aussi l’Ain. Auxquels s’ajoutent, en cette fin avril, 27 départements en situation de vigilance, 9 en état d’alerte et 7 en état d’alerte renforcée, davantage qu’en 2022 à la même date.
Le risque d’une eau « de moins bonne qualité »
En moyenne, la période des précipitations efficaces, qui va de septembre à mars, avant que la végétation ne se développe en puisant dans la ressource, se solde cette année par un déficit de précipitations de 10 %, contre 20 % en 2022, selon Météo France. « Il ne faut pas baisser la garde, se dire que c’est moins catastrophique qu’en 2022, prévient Hervé Paul, maire de Saint-Martin-du-Var (Alpes-Maritimes), au nom des élus locaux de la Fédération nationale de collectivités concédantes et régies. Moi qui vis dans les Alpes-Maritimes, je rappelle que lorsque les volumes diminuent, les polluants, les sulfates se concentrent. Non seulement on a moins d’eau, mais elle devient de moins bonne qualité. »
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Source: Le Monde