Annecy : le suspect, Abdelmessih H., est un réfugié syrien chrétien venu de Suède

June 08, 2023
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Capture d’écran d’une vidéo où l’on voit le suspect s’enfuir après l’attaque, à Annecy, le 8 juin 2023. (Photo by AFPTV / AFP) - / AFP

Les raisons et la motivation de la terrible attaque de jeudi matin 8 juin à Annecy restent pour le moment sans explication. Rien n’avait filtré, jeudi soir, de la garde à vue du suspect, Abdelmessih H., un réfugié syrien chrétien venu de Suède. Coup de folie, drame de l’exil, séquelle de la guerre en Syrie, crise familiale ou dérive personnelle : toutes les hypothèses restent ouvertes, y compris la piste terroriste que le Parquet national antiterroriste (PNAT) « évaluait » encore jeudi soir « au vu des éléments en [s]a possession ».

Né en 1991, Abdelmessih H. a quitté la Syrie après le déclenchement de la guerre civile qui a éclaté dans son pays en mars 2011. Mobilisé dans l’armée, il avait déserté pour partir en Turquie, selon sa mère, où il avait rencontré sa future femme, syrienne comme lui. Le couple serait parti pour la Suède en 2013, où il a obtenu l’asile politique en novembre de la même année. Stockholm accueillait à l’époque massivement les réfugiés syriens. Rien qu’entre 2013 et 2015, le pays a enregistré 98 238 demandes d’asile de Syriens. A la suite de la crise migratoire de 2015, les chiffres ont drastiquement chuté mais les Syriens demeurent les premiers demandeurs d’asile en Europe.

« Nous nous sommes rencontrés en Turquie, nous sommes tombés amoureux et nous sommes venus ici [en Suède]. Après deux ans, nous nous sommes mariés, mais il n’a pas pu obtenir la nationalité suédoise, donc il a décidé de quitter le pays. Nous nous sommes séparés parce que je ne voulais pas quitter la Suède », a confié sa femme, jointe par l’AFP.

Père d’un enfant de 3 ans

S’il a bénéficié d’une « protection subsidiaire » en Suède depuis novembre 2013 et disposait d’un titre de séjour valable jusqu’en 2025, Abdelmessih H. n’a pas pu être naturalisé suédois. Selon l’Office suédois des migrations, il avait demandé la nationalité une première fois quatre ans après son arrivée, mais trop tôt, le délai minimal de présence étant de cinq années. Il avait fait une deuxième demande en 2018, refusée aussi sans qu’on en sache la cause. D’après le journal suédois Aftonbladet, il avait reçu dans le même temps une amende avec sursis pour avoir commis une fraude aux allocations en percevant l’aide aux études et le chômage. Il avait ensuite fait appel de ce refus à plusieurs reprises et, après le rejet de ses appels, avait immédiatement déposé une troisième demande à l’été 2022.

Mais il a quitté la Suède avant de recevoir la réponse à sa dernière demande, « il y a huit mois », selon sa femme, dont il a divorcé. Il habitait alors à Trollhätan, dans l’ouest de la Suède. Le couple, qui a un enfant de 3 ans, n’était plus enregistré à la même adresse depuis le 1er novembre 2022. Il semble qu’il soit arrivé fin octobre en France, à Annecy, après être passé successivement en Italie en mai et en Suisse début octobre où il avait à chaque fois déposé une demande d’asile. Sa demande en France a été enregistrée à Grenoble le 8 novembre 2022.

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Source: Le Monde