Roland-Garros 2023 | Alcaraz- Djokovic : Les clés tactiques issues de leur premier duel

June 08, 2023
137 views

L’entame de match : avantage Alcaraz

Carlos Alcaraz a l'habitude de démarrer tambour battant. A Madrid, il avait envoyé un message clair dès le premier point : dans la foulée d’un retour bombé croisé, il avait laissé Novak Djokovic sur place d’un missile de coup droit gagnant le long de la ligne. Un break d’entrée avait suivi pour l’Espagnol qui avait engagé d’entrée le bras de fer, avant de toutefois perdre le premier set au jeu décisif.

Ad

Roland-Garros Le meilleur ratio de l'histoire : quel est le secret de Djoko sur les tie-breaks ? IL Y A 3 HEURES

Il n’en reste pas moins qu’Alcaraz a cultivé depuis ces entames tonitruantes, particulièrement dans cette quinzaine (à l’exception d’un break concédé d’entrée contre Lorenzo Musetti). Pour Djokovic en revanche, les mises en route sont souvent plus laborieuses comme ses départs contre Davidovich Fokina et Khachanov l’ont montré. Ce sera le premier enjeu de cette demie.

Alcaraz frappe fort d'entrée avec un magnifique passing pour breaker Djokovic

La qualité de première balle : avantage Djokovic

C’est un atout fondamental de son jeu, souvent sous-estimé. Meilleur relanceur du monde, Djokovic se procure beaucoup de points gratuits (ou de seconds coups de raquette faciles) en touchant les lignes sur sa première balle. S’il avait été surpris d'emblée à Madrid, il avait ensuite gagné 21 (!) points d'affilée sur ses engagements grâce à un pourcentage élevé et des zones très précises (90 % de points gagnés derrière la première dans le 1er set).

Alcaraz est efficace dans ce domaine, mais un peu moins chirurgical et le Serbe a un tel œil au retour que l’échange devrait être engagé plus systématiquement sur le service de l'Espagnol. Sur seconde balle en revanche, Djokovic ne dispose pas d’un avantage net même s’il a augmenté sa vitesse ces dernières années. Le kick extérieur d’Alcaraz l’avait même beaucoup gêné à Madrid, l’obligeant à reculer comme rarement pour le maîtriser. Mais l’altitude madrilène accentuait son effet, ce qui ne sera pas le cas sur le court Philippe-Chatrier.

L’explosivité et l’agressivité : avantage Alcaraz

Alcaraz comme Djokovic, l’homme-élastique, se déplacent remarquablement bien. Ils ont tous deux la capacité de faire jouer le coup de plus à leur adversaire et maîtrisent parfaitement l'art de la glissade. Mais sur terre battue, le Murcien y ajoute quelque chose d’animal, de naturel qui caractérise aussi un certain Rafael Nadal. Monté sur ressorts, il a réponse à tout : trajectoires bombées ou rasantes, rien ne lui pose de difficultés apparentes.

A Madrid, cette présence physique avait marqué Djokovic, contraint de lui laisser trop souvent l’initiative du jeu : Alcaraz l'obligeait à anticiper, sur les talons. Toujours à l’heure sur la balle, il avait ainsi constamment de multiples options dont le service-volée et l’amortie (utilisée plus d’une dizaine de fois avec beaucoup de réussite). Son dernier décalage coup droit fabuleux pour clore les débats était à l’image de ce leitmotiv : attaquer le premier coûte-que-coûte grâce à une vivacité des petits appuis hors normes.

Une balle de set folle : comment Alcaraz est revenu dans le match contre Djokovic

Les diagonales : égalité

En coup droit : avantage Alcaraz

Techniquement plus naturel chez l’Espagnol, le coup droit est une arme fatale dont "Carlitos" avait fait un usage remarquable dans la Caja Magica. Aussi bien capable de prendre la balle tôt et relativement à plat, notamment dans ses décalages à l’instar d’un certain Roger Federer, que de lui imprimer beaucoup de lift pour gagner du terrain, Alcaraz avait agressé et fait reculer Djokovic dans cette diagonale. Une véritable entreprise de démolition malgré un déchet certain.

En revers : avantage Djokovic

En revers, Alcaraz ne se défend pas mal non plus. Quand il distribue dans le court, il peut imprimer beaucoup de vitesse à la balle et alterne bien à l’occasion avec un slice rasant très maîtrisé. Mais il lui arrive de se précipiter en voulant trop bien faire. C’est en cédant de ce côté à deux reprises consécutivement qu’il avait permis à Djokovic de refaire son retard à Madrid (4-4) dans le premier set. Dans cette diagonale, le Serbe n’a pas de rival sur le circuit en termes de régularité. Capable de neutraliser, autant que de déborder subitement le long de la ligne, il est aussi redoutable en passing.

L’endurance : égalité

Ils ont 16 ans d’écart, mais lors de cet unique duel madrilène qui avait duré 3h35, aucun des deux n’avait véritablement flanché physiquement. Malgré ses 35 printemps, Djokovic avait répondu à l’intensité infernale imprimée par Alcaraz qui sortait, lui-même, d’une belle bataille face à… Rafael Nadal. Personne avant le Murcien n’avait réussi à gagner contre les deux monstres consécutivement lors d’un tournoi sur terre battue, ce qui en disait déjà long sur ses réserves en énergie. Lors de cette quinzaine de Roland-Garros, "Carlitos" a moins puisé jusqu’ici, mais "Nole" a montré contre Khachanov qu’il maîtrisait plus que jamais le format long.

Pour ce qui est de l’endurance mentale, les deux hommes avaient rivalisé de résilience à Madrid. Alors qu’il était mené d'un set, Alcaraz avait montré un sacré caractère pour écarter deux balles de break à 4-4 puis 5-5 (sur une amortie) dans la 2e manche avant de remettre les compteurs à zéro. Et que dire de Djokovic dans la 3e ? Six balles de break sauvées dont une balle de match à 5-4 d’un ace, alors qu’il venait de perdre un échange monstrueux de 22 frappes… C’est finalement sur son 51e coup gagnant (contre 24), le 35e en coup droit (contre 6), que le Murcien était allé chercher son triomphe. L’audace finira-t-elle encore par payer au meilleur des cinq sets ? Réponse vendredi.

Roland-Garros Ferrero, l’autre cerveau d’Alcaraz IL Y A 4 HEURES

Source: Eurosport FR