Comment la baisse de la fécondité va plomber l'économie mondiale
Par Marion Torquebiau
Publié le 8 juin 2023 à 16:58 Mis à jour le 8 juin 2023 à 17:37
Bien que le nombre d'êtres humains vient de passer le cap des 8 milliards, la fécondité mondiale ne cesse de diminuer. En cause notamment, une fertilité masculine qui baisse à cause des modes de vie contemporains. Alors que l'on craignait une planète surpeuplée pour les prochaines décennies, la perspective des 10 milliards d'habitants pourrait finalement s'éloigner. Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? « The Economist » penche plutôt pour la deuxième option.
Pour l'hebdomadaire britannique, « l'effondrement des naissances pèse sur l'avenir de l'économie mondiale », et cela pour une raison simple : les 15 pays avec les PIB plus élevés voient leur population diminuer car le taux de fécondité par femme est inférieur au taux de remplacement, à 2,1 actuellement. Pour ces pays, cela signifie des populations de plus en plus âgées.
Un phénomène global
L'Allemagne est souvent citée comme l'exemple européen de pays vieillissant, mais le problème ne se limite pas à l'Europe, souligne « The Economist ». Le Brésil, le Mexique et la Thaïlande subissent également ce vieillissement accéléré de leur population. « D'ici à 2030, plus de la moitié des habitants de l'Asie de l'Est et du Sud-Est auront plus de 40 ans », précise le journal.
Ce qui pourrait être une bonne nouvelle pour la planète - moins d'enfants, c'est moins de pollueurs potentiels - s'avère être une bombe à retardement pour le système économique. Le principal problème est la survie des systèmes de retraites. Un sujet au coeur de l'actualité française et des débats sur le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans, solution du gouvernement pour financer durablement le système.
Retraite et innovation
Avec la baisse des naissances, et donc une diminution du nombre d'actifs, le financement des pensions sera mis en difficulté et les conséquences néfastes pour l'économie pourraient arriver plus vite que prévu. S'en suivrait « des impôts plus élevés, des départs à la retraite plus tardifs, des rendements réels plus faibles pour les épargnants et, au final, des crises budgétaires pour les gouvernements », estime l'hebdomadaire britannique.
Au-delà du financement des retraites, la baisse de la fertilité aurait également des conséquences directes sur l'innovation. Les pays aux populations les plus jeunes sont, en effet, bien plus susceptibles de déposer des brevets sur des innovations de rupture.
C'est d'ailleurs une de ces innovations qui pourrait changer la donne : l'intelligence artificielle. « A terme, l'IA pourrait être capable de générer des idées par elle-même, réduisant ainsi le besoin d'intelligence humaine », plaide « The Economist », tout en affirmant que, « combinée à la robotique, l'IA pourrait également réduire l'intensité de la main-d'oeuvre nécessaire pour s'occuper des personnes âgées ».
Source: Les Échos