Damien Abad placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour tentative de viol

June 09, 2023
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Damien Abad à l’Elysée, en juin 2022. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Damien Abad, ancien ministre et député de l’Ain, a été placé en garde à vue mercredi matin par la brigade de répression de la délinquance à la personne (PJPP) pour des faits supposés de « tentative de viol », a appris le Monde de source policière, vendredi 9 juin. M. Abad a été relâché sans que des poursuites judiciaires soient, pour l’heure, engagées à son encontre, a appris Le Monde de source judiciaire, confirmant une information de l’Agence-France Presse.

L’ancien ministre des solidarités a été interrogé dans le cadre d’une enquête pour tentative de viol le visant. Cette enquête fait suite à la plainte déposée, en juin 2022, par une femme qui l’accuse d’avoir tenté de la violer lors d’une fête organisée chez lui, à Paris, en 2010.

« Je souhaite être entendu par la justice comme n’importe quel autre citoyen, et ce sous quelque régime que ce soit », avait déclaré M. Abad, le 17 mai, dans un communiqué. Son immunité parlementaire a ensuite été levée une semaine plus tard par une décision à l’unanimité du bureau de l’Assemblée nationale, ouvrant la voie à une possible garde à vue.

Des accusations de viol et de tentative de viol

L’ancien chef des députés Les Républicains avait été nommé en mai 2022 ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées, prise du président, Emmanuel Macron, à droite. Dès le lendemain de sa nomination, Mediapart relayait des accusations de viol à son encontre, datant de 2010 et 2011. Ces plaintes furent classées en 2012, puis 2017.

Mais, à la fin de juin 2022, une troisième femme, dont Mediapart a publié le témoignage sous le prénom d’emprunt de « Laëtitia », déposait plainte. Selon le site d’investigation, il s’agit d’une « élue centriste » qui était, au moment des faits qu’elle dénonce, présidente d’une fédération du mouvement de jeunesse du Nouveau Centre, dont M. Abad, alors député européen, était le président national. Lors d’une soirée, selon son récit dans Mediapart, l’élu, qui est handicapé en raison d’une maladie rare, lui a « offert un verre » au fond duquel elle a vu « quelque chose » : méfiante, elle est allée recracher sa gorgée aux toilettes.

Toujours selon ses dires, M. Abad l’attendait derrière la porte et tout est allé « très vite » : l’eurodéputé l’aurait « poussée dans une pièce en face » puis aurait tenté de la contraindre à une fellation. « J’avais peur, j’étais sidérée. Je me suis débattue, je l’ai frappé dans le ventre », raconte-t-elle. « Laëtitia » dit avoir finalement pu « [s]e défaire » de son agresseur présumé et sortir de la pièce grâce à l’irruption d’un convive.

« Chloé », qui avait accusé dans Mediapart le député de l’avoir violée en 2010, a été auditionnée en janvier dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte en juin 2022 après la plainte de « Laëtitia », et de nouveau témoigné auprès de nos confrères. Son récit présente d’importantes similitudes avec celui de « Laëtitia ». Elle affirme avoir fait un « black-out » après avoir bu une coupe de champagne offerte par Damien Abad dans un bar du 9e arrondissement de Paris, en 2010. Elle relate s’être ensuite réveillée dans une chambre d’hôtel près du bar, « en état de choc », « en sous-vêtements » avec le sentiment d’avoir été « droguée ».

L’ouverture d’enquête préliminaire qui a suivi la plainte de « Laëtitia » avait fragilisé la position de celui devenu ministre, et mis la pression sur la cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne.

M. Abad avait finalement quitté l’exécutif au début de juillet 2022. Réélu entre-temps député pour un troisième mandat, il s’est fait discret depuis au Palais-Bourbon.

Le Monde

Source: Le Monde