La contre-offensive de l’armée ukrainienne a commencé

June 09, 2023
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Des soldats se préparent à participer à la contre-offensive ukrainienne sur le flanc sud-ouest de Bakhmout en utilisant un véhicule de transport de troupes, dans l’oblast de Donetsk, le 28 mai 2023. LAURENT VAN DER STOCKT POUR « LE MONDE »

Après plusieurs jours de flou, savamment entretenu par les Ukrainiens, les analystes militaires en ont désormais la certitude : la contre-offensive de l’armée de Kiev a débuté, en tout cas pour ce qui concerne sa phase terrestre la plus dynamique. « Des opérations de contre-offensive sont en cours sur tout le théâtre » ukrainien, affirme le groupe de réflexion américain Institute for the Study of War (ISW), réputé pour sa couverture exhaustive du conflit, dans une analyse publiée le 8 juin, avertissant que « de premiers revers sont à prévoir » pour les troupes ukrainiennes au vu de la densité des lignes de défense russes.

Contrairement à ce que voudrait le sens commun, cette contre-offensive n’est pas menée en un seul endroit mais en plusieurs, espacés les uns des autres sur les quelque 1 000 kilomètres de la ligne de front, gelée depuis le début de l’hiver dernier. « L’offensive a commencé mais elle est progressive. Cela ne ressemble pas à l’opération “Cobra” du général Patton », assure une source militaire française, évoquant la percée effectuée en quelques jours par les forces américaines dans le Cotentin en juillet 1944, qui avait ouvert aux Alliés la route vers Paris.

Les militaires tricolores disent avoir identifié au moins six « axes d’effort » ukrainiens, allant du nord du pays, dans la région de Kharkiv, jusqu’à l’ouest de l’oblast de Zaporijia, en passant par Bakhmout, où les combats se poursuivent malgré la chute de la ville survenue fin mai. Mais c’est dans le Sud que les manœuvres semblent pour l’instant les plus importantes. A en croire les images diffusées sur les réseaux sociaux russes, les attaques ukrainiennes y ont débuté dès le 4 juin, dans un secteur situé à l’ouest de Vouhledar.

Depuis, plusieurs autres incursions ont été enregistrées entre la ville de Novopetrykivka, dans l’oblast de Donetsk, et l’est du réservoir de Kakhovka, près de la cité de Vassylivka, sur une ligne d’environ 150 kilomètres. « A l’heure actuelle, des combats actifs ont repris dans la région entre Orekhovo [le nom russe d’Orikhiv] et Tokmak », a reconnu, vendredi 9 juin, un responsable de l’occupation russe, Vladimir Rogov. Prendre Tokmak, une ville d’environ 30 000 habitants avant la guerre, ouvrirait la voie vers les agglomérations de Melitopol et de Berdiansk, permettant aux Ukrainiens de couper en deux le dispositif terrestre russe et d’isoler la péninsule de Crimée.

D’apparence contre-intuitive, cette stratégie d’éparpillement des efforts permet, selon les militaires occidentaux, de tester les lignes de défense russes et de déterminer où se trouvent les maillons faibles. Après seize mois de guerre et des pertes humaines qui se comptent en dizaines de milliers d’hommes, les Russes n’ont en effet plus les moyens de défendre la zone de contact sur toute sa longueur, en tout cas de manière homogène. « On estime qu’il y a aujourd’hui quinze soldats russes au kilomètre sur le front, contre quarante à cinquante au début de la guerre. Les lignes sont étirées et laissent des points de passage », affirme un officier français.

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Source: Le Monde