Vivendi : Pourquoi Vivendi s'est fait sortir du CAC 40

June 09, 2023
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(BFM Bourse) - Le groupe de communication, médias, et jeux vidéo quittera l'indice parisien le 19 juin prochain. Une sortie logique au vu de la réduction de la capitalisation flottante de la société.

Vivendi n'avait pas quitté le CAC 40 depuis l'entrée en vigueur de l'indice, en 1988, la société s'appelant alors Compagnie Générale des Eaux .

Ce sera bientôt chose faite, le 19 juin, à l'ouverture du marché, puisque Vivendi cédera sa place à Edenred.

"Cette décision strictement technique et mécanique ne reflète en rien les performances et les bons fondamentaux du groupe", a réagi auprès de BFM Bourse une porte-parole de l'entreprise présente dans les médias, la communication et les jeux vidéo.

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Après cette annonce, Vivendi recule de 2,2% ce vendredi à la Bourse de Paris vers 14h à 8,15 euros, accusant la deuxième plus forte baisse du CAC 40.

"Des aspects techniques entrent en ligne de comptes puisque des gérants de fonds indiciels, qui doivent répliquer la performance du CAC 40, ajustent leur portefeuille, ce qui pèse mécaniquement", souligne un analyste parisien. C'est notamment le cas des fonds ETF répliquant le CAC 40 qui doivent vendre leurs actions Vivendi et acheter des titres Edenred. L'éviction de Vivendi de l'élite boursière parisienne n'est en effet pas très surprenante.

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Scission d'UMG

Rappelons que la société avait opéré à l'automne 2021 la distribution-cotation de son plus important actif, la maison de disques Universal Music Group (UMG) qui est ainsi entrée en Bourse à Amsterdam. Cette opération a eu pour effet de diviser par trois la capitalisation de Vivendi. A 8,75 milliards d'euros, celle-ci est aujourd'hui la plus faible du CAC 40, à l'exception d'Unibail-Rodamco-Westfield (6,6 milliards d'euros). De son côté UMG, dont Vivendi a encore 10%, pèse 35 milliards d'euros.

De plus, Vivendi est pénalisé par le fait que Groupe Bolloré possède un peu moins de 30% de son capital, ce qui réduit son flottant. Or le conseil scientifique d'Euronext se base sur deux critères techniques pour prendre ses décisions d'intégration et de sortie du CAC 40, le volume d'échanges sur l'action et la capitalisation boursière flottante.

Certes, des logiques sectorielles peuvent entrer en ligne de compte dans le jugement du conseil. Mais là où Unibail-Rodamco-Westfield est le seul et unique représentant de son secteur, l'immobilier, Vivendi n'est pas vraiment le seul groupe de médias-communication, puisque Publicis est également associé à cet univers.

"La sortie du CAC 40 survient par ailleurs à un moment où le cours est très bas", poursuit l'analyste parisien précédemment cité. L'action Vivendi recule de 8,5% depuis le 1er janvier, la troisième plus forte baisse du CAC 40, et surtout de 17% sur un mois.

Bolloré freine des quatre fers

Un catalyseur clef sur lequel misait plusieurs analystes a récemment pris du plomb dans l'aile. Vivendi possède actuellement des actions auto-détenues, et doit en annuler plusieurs dizaines de millions cette année. La conséquence est qu'en septembre, la participation du groupe Bolloré devrait théoriquement dépasser le seuil de 30%, à partir duquel un actionnaire a l'obligation de déposer une offre publique d'achat (OPA).

Plusieurs bureaux d'études jugeaient ainsi possible que Groupe Bolloré, avec ses poches bien remplies (12 milliards d'euros de liquidités potentielles à fin décembre et ce hors produit de la vente de Bolloré Logistics) franchisse alors le pas et lance cette OPA.

Mais des récentes ventes d'actions Vivendi, bien que faibles en montant, de la part d'une filiale de Groupe Bolloré ont mis à mal ce scénario. Au contraire, ces cessions de titres soutiennent l'idée que Groupe Bolloré devrait vendre des actions sur le marché pour éviter de franchir ce seuil de 30%.

"On n'a pas très envie de dépasser le seuil de l'OPA. Le projet n'est pas à l'ordre du jour", a affirmé il y a deux semaines Cyrille Bolloré, le PDG de l'entreprise, cité par l'AFP, lors de l'assemblée générale des actionnaires.

Pour éviter cela, Groupe Bolloré devra certainement céder encore des actions. Selon Deutsche Bank, après les ventes de titres annoncées il y a deux semaines, l'entreprise détient toujours 29,5% du capital. Avec les annulations de titres prévues par Vivendi, cette participation passerait théoriquement (et sans nouvelle action de Groupe Bolloré) à 30,6% en septembre, d'après les calculs de la banque.

Tout ceci explique probablement en très grande partie le récent repli de l'action du groupe.

Reste qu'aujourd'hui la valorisation de Vivendi s'avère extrêmement faible au regard de ses actifs. L'analyste parisien interrogé calcule une valorisation théorique autour d'environ 13,5 euros l'action soit une décote de 40% environ.

Julien Marion - ©2023 BFM Bourse

Source: BFM Bourse