À son procès en appel, Alexandre Benalla joue la carte de la contrition mais conteste toute violence volontaire

June 09, 2023
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Rejugé devant la Cour d'appel de Paris, dans l'affaire qui lui a coûté sa place chargé de mission à l'Elysée, Alexandre Benalla a fait amende honorable, et reconnu certains des faits qui lui sont reprochés.

Son procès en appel devait se tenir en janvier, mais il a été reporté pour raisons de santé. Alexandre Benalla s'est retrouvé à nouveau devant la justice vendredi 9 juin, rejugé devant la Cour d'appel de Paris notamment pour les violences du 1er mai 2018. L'ancien chargé de mission de l'Elysée avait été condamné en première instance à à trois ans de prison, dont un ferme pour avoir molesté cinq personnes en marge de la manifestation, coiffé d'un casque de la police, alors qu'il n'assistait au défilé qu'en tant qu'"observateur".

L’ancien chargé de mission de l’Elysée est interrogé, vidéo à l’appui. On le voit place de la Contrescarpe molester un manifestant au sol. "J’ai eu des gestes maladroits, malencontreux, concède le prévenu, mais c’était dans le but de l’interpeller, je tentais de bien faire. Je conteste toute violence volontaire." On le voit aussi au Jardin des plantes, sweat à capuche sur les épaules, en train de marcher avec un homme interpellé. La situation est calme, contrairement à ce que dit Vincent Crase, son coprévenu. L'ancien monsieur sécurité du parti En Marche, ami d'Alexandre Benalla, décrit un climat de guerre civile. Alexandre Benalla argumente : "Oui, je faisais une clé de bras à l'homme interpellé, mais non, je n'étais pas spécialement violent." L'ex-conseiller de l'ombre concède simplement qu'il aurait dû remettre plus vite l'homme arrêté à la police, avec qui il se trouvait en tant que simple observateur.

"J'ai perdu toute crédibilité"

Alexandre Benalla a joué la carte de l'humilité dans un spectaculaire exercice de contrition. Costume gris anthracite, chemise blanche, cravate bleu marine et lunettes rectangulaires, il a reconnu sans détour une partie des faits dès l'ouverture du procès : l'utilisation de ses passeports diplomatiques après son licenciement de l'Elysée, un faux en écriture pour un passeport de service. Et surtout le port illégal d'une arme de poing, visible dans un selfie pris dans un restaurant de Poitiers : "Je regrette profondément cette photo, dit-il. J'ai manqué de discernement et de professionnalisme. Quand j'ai dit qu'il s'agissait d'un pistolet à eau lors de l'enquête, j'ai perdu toute crédibilité."

Mais l'ancien conseiller de l'ombre maintient en revanche son appel sur le cœur de l'affaire, à savoir ses violences lors de la manifestation du 1ᵉʳ mai 2018 à Paris, avec cinq personnes molestées. Alexandre Benalla rappelle que sa présence était autorisée. Il regrette en revanche d'avoir proposé à Vincent Crase de l'accompagner sans autorisation, "Une erreur monumentale", lâche-t-il. Quant à sa ligne de défense et ses réactions au moment de l'affaire, Alexandre Benalla évoque des maladresses, des erreurs de jeunesse, lui qui a 31 ans aujourd'hui contre 26 à l'époque des faits.

Vincent Crase se décrit comme un paria

Alexandre Benalla s'est également montré plus précis sur sa vie actuelle. L'ancien chargé de mission à l'Élysée travaille désormais pour une ONG suisse spécialisée dans la gestion de crise, comme conseiller du président dont il gère notamment l'agenda. Avec en charge des dossiers comme la guerre en Ukraine, tremblement de terre en Turquie pour un salaire net de 7 350 francs suisses (un peu plus de 7 500 euros).

Quant à Vincent Crase, il se dit de son côté sans emploi et sans revenu, aidé par ses parents, en plein divorce. L'ancien réserviste de la gendarmerie habite désormais à Dakar, et explique que son nom est un sérieux handicap pour trouver un travail. Mais pas seulement : un prêt immobilier lui a été refusé. Vincent Crase décrit une vie de paria depuis l'affaire et espère être ouvrier agricole cet été grâce à un ami pour la récolte des haricots verts.

Source: franceinfo