Finale de la Ligue des champions : Façon Mourinho, l'Inter a-t-elle intérêt à "garer le bus" face à Manchester City ?

June 09, 2023
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Simone Inzaghi doit réussir là où tout le monde a échoué. Ou presque. L'entraîneur de l'Inter a pu constater que Manchester City broyait quasiment tout sur son passage ces derniers mois. Il a de quoi se triturer les méninges au moment d'aborder la finale de la Ligue des champions face aux hommes de Josep Guardiola. Et être tenté d'axer son plan de jeu sur la défense face au potentiel offensif impressionnant du club anglais. Et pourquoi pas de "garer le bus", à la façon de José Mourinho en 2010…

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Le technicien portugais avait guidé l'Inter à sa dernière finale de Ligue des champions au bout d'un match mémorable au Camp Nou. Après la victoire du match aller (3-1), il avait opté pour un bloc très bas animé par une résilience de tous les instants pour résister au Barça de Guardiola. Malgré une infériorité numérique après l'expulsion de Thiago Motta, l'Inter avait tenu, ne s'inclinant que sur la plus petite des marges (1-0) et validant ainsi son billet pour la finale, remportée face au Bayern (2-0). Inzaghi a cette option face au City du technicien catalan. Mais est-elle vraiment viable ?

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Vertus et limite du bloc bas

Les vertus

Au moins, l'Inter a le système de jeu pour le mettre en place, avec un schéma articulé autour de trois défenseurs centraux, deux pistons, et trois milieux axiaux. Elle a ainsi la perspective de proposer une densité de joueurs maximale dans ses 40 mètres pour gêner la progression mancunienne vers le but. Cela permet notamment d'envisager une prise à deux sur Erling Haaland avec la possibilité d'avoir un défenseur au marquage sur le Norvégien, et un autre en couverture, sans forcément libérer trop d'espaces aux autres éléments offensifs de City.

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L'équipe d'Inzaghi s'est bien exprimée dans cette configuration, notamment dans le derby contre l'AC Milan en demi-finale. Après le break assez précoce du match aller (0-2), elle avait nettement reculé un bloc sur lequel les Rossoneri n'avaient cessé de se casser les dents. Les Nerazzurri ont montré une discipline tactique et un impact dans les duels pour ne pas concéder beaucoup d'occasions nettes. Et ce plan de jeu peut aussi mettre en valeur leurs qualités dans la transition offensive, avec la possibilité de faire mal à l'adversaire en contre-attaque.

"Défensivement, face à cinq défenseurs, nous avons toujours des difficultés, reconnait Pep Guardiola dans une interview accordée à BT. La mentalité italienne, s'ils veulent défendre, ils sont incroyablement à l'aise. C'est à ce moment-là que nous avons du mal, il faut être patient. Ils essaient de nous rendre anxieux ou nerveux. C'est à ce moment-là que je dois être plus calme, m'en tenir à ce que nous avons à faire et aller de l'avant."

Les limites

Elles ne viennent pas des atouts de l'Inter, mais plutôt de ceux de City. Il y a déjà la cohésion collective de la formation de Guardiola, capable de déployer des joueurs plus défensifs comme John Stones vers les zones d'attaque sans perdre en sécurité défensive grâce à sa maîtrise du contre-pressing. Elle offre des surnombres, plus de solutions de passe de situations de un contre un. Avec Kevin de Bruyne, Jack Grealish ou Bernardo Silva, City dispose des hommes capables d'exploiter à merveille les espaces créés dans ces conditions, même quand ils sont restreints. Cela s'était vérifié dans la première période face au Real Madrid, où le bloc bas des Madrilènes avait fini par exploser.

Bernardo Silva ouvre le score pour Manchester City face au Real Madrid Crédit: Getty Images

Il y a aussi Erling Haaland. La puissance du Norvégien lui permet d'enfoncer tout sur son passage, même les défenseurs les plus robustes. Ceux de l'Inter ont du répondant dans le domaine physique, mais le moindre duel perdu face au buteur mancunien dans la configuration d'un bloc bas lui offre quasiment une occasion de tir à proximité du but adverse. Même dans le cadre d'une prise à deux, Haaland a les qualités pour se sortir de la tenaille et se montrer décisif. De quoi faire réfléchir à deux fois avant d'adopter cette stratégie pour l'Inter.

Le pressing haut… et sinon, quelle solution ?

Le pressing haut

Si le bloc bas présente des risques, pourquoi pas une stratégie opposée avec un pressing haut ? Le pari serait osé. Mais là aussi, l'Inter a les joueurs pour. Elle a la possibilité d'imposer une pression intense dans l'axe sous l'impulsion des attaquants et des trois milieux, et d'écarter sur le jeu sur Dimarco et Dumfries à la récupération pour échapper au contre-pressing mancunien et mettre la défense de City en difficulté. L'équipe de Guardiola, malgré ses qualités exceptionnelles dans les sorties de balle, a parfois été gênée quand l'adversaire est venu la chercher dans son propre camp.

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Mais c'est beaucoup moins net désormais. L'apport de Haaland ne se limite pas à sa faculté à empiler les buts. Le Norvégien a aussi donné d'autres perspectives dans le jeu. City a gagné en verticalité grâce à la capacité de son buteur faire parler son physique pour jouer en appui. De Bruyne, Silva, Grealish ou Gundogan savent se projeter très rapidement vers l'avant pour offrir des relais à Haaland. L'équipe mancunienne est ainsi devenue capable d'attendre l'adversaire pour mieux le punir en contre-attaque. Jouer haut face à City, c'est ainsi s'exposer à la plus lourde sanction.

Quelle solution ?

Sur le papier, un bloc médian peut ressembler au bon compromis. Sur le terrain, c'est moins net. City est particulièrement à l'aise face à ce type de configuration par sa faculté à provoquer un surnombre au milieu de terrain et arriver dans les 30 mètres adverses, où le talent de ses attaquants peut faire la différence à n'importe quel moment. Chaque option a ses contraintes face à l'équipe de Guardiola mais celle-ci, pourtant moins risquée a priori, peut s'avérer plus dangereuse en réalité.

Alors que faire ? Inzaghi n'a pas forcément besoin de chercher bien loin. Lors du match aller face au Milan, l'Inter a joué très haut en début de match puis reculée après avoir pris l'avantage au score, avec la même efficacité. La flexibilité tactique est l'une des grandes qualités des Nerazzurri, capables de de s'adapter à la fois à l'adversaire et au scénario du match. Varier les configurations par séquences peut être le moyen de désorienter City. Et si l'Inter devra s'armer de beaucoup de courage face à la machine mancunienne, son meilleur argument pourrait bien être de jouer son jeu, tout simplement.

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Source: Eurosport FR