Guerre en Ukraine : après l’explosion du barrage de Kakhovka, où sont les mines qui ont été emportées par le courant ?

June 10, 2023
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Ces mines anti-véhicule mettent en danger la population victime des inondations et les secours dont l'action est limitée par le conflit.

En Ukraine, les mines sont plus dangereuses que jamais pour les populations. Après l’explosion du barrage de Kakhovka sur le Dnipro, dans la nuit de lundi 5 juin à mardi 6 juin, de nombreuses mines anti-véhicules ont été dispersées au gré des courants. Le Comité International de la Croix-Rouge alerte : il est désormais difficile de savoir où se trouvent ces engins explosifs. Ce qui met en danger la population victime des inondations mais aussi les secours qui leur viennent en aide.

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La zone la plus touchée se trouve sur la rive gauche du Dnipro, contrôlée par l’armée russe. Depuis leur retrait de la région de Kherson, juste en face, en novembre dernier, les soldats russes ont consolidé leur défense, en posant notamment des mines anti-char qui pèsent 5 à 10 kilos. "Quand le barrage a été rompu, nous avons vu des quantités vraiment importantes de terre emportées par les eaux", affirme Andrew Ducan, coordinateur de l'unité Contamination par les armes du Comité International de la Croix Rouge en Ukraine. "Toute la zone où les mines anti-véhicules avaient été posées a été emportée par les courants".

Des mines qui restent actives pendant une dizaine d'années

Dans ce déluge d’eau, la violence des chocs a parfois enclenché les détonateurs. Mais dans la grande majorité des cas, les mines anti-char finissent par couler. "Elles vont finir par se fixer quelque part, en aval du cours d’eau. Et le problème que nous avons, c’est qu’il va y avoir beaucoup de sable et de dépôts de terre. Les mines pourraient se retrouver profondément enterrées", explique Andrew Ducan.

Son équipe, composée de 32 personnes, dont cinq à Kherson, va tenter d’établir une nouvelle cartographie des champs de mines. Une fois que l'eau se sera retirée, ils pourront voir la quantité de terre qui a été déplacée, et tenter de déterminer combien de mines ont été balayées par les courants. "Nous allons superposer nos cartes. D’abord, celle des combats qui étaient en cours et des zones de défense et ensuite, celle des inondations."

"En comparant les deux cartes, on pourra tenter de deviner où ces mines ont atterri. Mais ce qu’on ne peut pas faire, c’est aller sur le terrain car c’est la ligne de front." Andrew Ducan, coordinateur de l'unité Contamination par les armes du Comité International de la Croix-Rouge en Ukraine à franceinfo

Venir à bout d’un champ de mines prend du temps pace qu'il faut respecter les procédures. Impossible en effet de déminer tant que la guerre se poursuit. Le CICR, qui intervient côté russe comme ukrainien, se dit très inquiet pour les populations locales. À terme, elles pourraient avoir besoin de cultiver à nouveau leurs champs mais une mine anti-char, même restée longtemps sous l’eau, reste active pendant plusieurs dizaines d’années.

Source: franceinfo