" Le porc vaut de l’or "
Un porc dans un élevage à Polo (Illinois, Etats-Unis), le 9 avril 2018. DANIEL ACKER / REUTERS
Le porc traverse une période épique. Les éleveurs n’en croient pas leurs yeux lorsqu’ils scrutent l’évolution de l’aiguille du marché au cadran de Plérin, dans les Côtes-d’Armor. La magie des marchés l’a fait tourner du bon côté. Jeudi 8 juin, le kilo de cochon se négociait à 2,18 euros. Il a même atteint les 2,38 euros entre mi-mars et mi-avril, battant un nouveau plus-haut historique, avant de baisser d’un poil de suidé.
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Globalement, depuis fin janvier, l’aiguille s’est toujours maintenue au-dessus de la barre des 2 euros. « Nous n’avons jamais connu une telle période faste depuis le début des cotations », se réjouit François Valy, installé à Ruffiac, dans le Morbihan, vice-président de l’interprofession Inaporc. Le porc vaut de l’or.
Le moral est d’autant plus au beau fixe qu’il n’est plus nécessaire de débourser un pognon de dingue pour nourrir le cochon. Le coût de l’aliment reflue doucement, passant de 400 à 370 euros la tonne, profitant du recul des cours du blé, du maïs et du soja.
Météo capricieuse
Pour l’instant, donc, M. Valy ne voit pas de nuages noirs se profiler à l’horizon et, selon lui, l’avenir porcin reste teinté en rose. En tout cas, l’avenir prochain. Pour expliquer le trou d’air de mai, il évoque les jours fériés pendant lesquels les abattoirs ont été fermés. Pas de cochon pendant les ponts. Les feux de la consommation de côtelettes et de chipolatas ont aussi baissé pendant ce mois. Les barbecues ont peut-être réduit leur flamme face à une météo capricieuse. Il n’empêche, comme le dit le dicton, cité par M. Valy, « les abatteurs ne sont pas assis sur un tas de cochons ». Comprendre : les acheteurs ont peur de manquer de viande et les prix restent soutenus.
Chacun soupèse la production. Or elle fond en Europe. « La baisse est de 9,5 % en Allemagne et de 5 % en France », affirme Thierry Meyer, président de l’interprofession nationale porcine (Inaporc). En Allemagne comme dans les pays nordiques, la volonté politique est de réduire les cheptels porcins face aux enjeux environnementaux. En France, les éleveurs partent à la retraite et les exploitations s’arrêtent.
Rien de tel en Chine, où Emmanuel Macron est allé porter la bonne parole de la filière porcine française début avril. « Après l’épidémie de fièvre porcine africaine, la Chine pensait industrialiser son élevage et éradiquer les petits élevages familiaux. Mais ces derniers ont survécu et le pays souffre de surproduction depuis 2022 », raconte M. Meyer avant d’ajouter que « le prix du porc a été divisé par deux en deux ans ». Le porc laqué est bradé.
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Source: Le Monde