“Abysses”, “The Idol”, “Dave” saison 3… Que valent les séries de la semaine ?

June 10, 2023
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Une fable écologique de science-fiction angoissante, la dernière série affligeante du créateur d’“Euphoria”, l’autofiction drolatique d’une sommité du rap US… On vous dit tout sur ces nouveautés, à regarder à la télé ou sur les plateformes.

Dr. Cécile Roche (Cécile de France) dans « Abysses ». Photo ZDF/Staudinger + Franke/[M] Serviceplan

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Sur les chaînes télé

q “Abysses”, minisérie (France 2)

D’étranges accidents maritimes se produisent aux quatre coins du monde. Un pêcheur péruvien est noyé par un banc de poissons, des baleines s’en prennent à un bateau de touristes au large de Vancouver, des crustacés sécrètent un poison mortel dans un restaurant de Saint-Jean-de-Luz… Peu de temps après, de nouvelles espèces apparaissent soudainement. Des scientifiques tentent de percer ce mystère. S’agit-il d’une évolution naturelle ou de la vengeance des océans, fatigués d’être souillés par l’homme ? L’étonnement laisse bientôt place à la terreur… Grosse coproduction entre huit pays, Abysses évite l’écueil des « puddings », ces séries internationales où chacun tire la couverture à soi en dépit de toute qualité artistique. Amplement mise en scène, profitant d’une photo élégante, elle prend le temps de développer des personnages solidement incarnés (notamment côté France, par Cécile de France). Lire la suite

p “Countrymen”, saison 1 (Arte)

À Oslo, Marwan, un veuf d’origine iranienne, kidnappe sa fille Kiki, confiée à la garde des grands-parents maternels, dans l’espoir de retourner au pays avec elle. Aidé dans sa fuite par Adil, un ami d’enfance, il se retrouve à la campagne au milieu d’un trio de musulmans orthodoxes, qui prétend se lancer dans l’élevage de moutons. Entre racisme et curiosité, la petite bande ne passe pas inaperçue… Une comédie sur des djihadistes ? Ce numéro d’équilibrisme avait déjà été tenté en 2010 par le film anglais We Are Four Lions. Countrymen transpose dans une ferme norvégienne la même idée : imaginer les aspirants terroristes en pieds nickelés pas vraiment sûrs de leur coup, que les événements vont détourner de leur plan initial. Lire la critique

Sur les plateformes

o “The Idol”, saison 1 (Prime Video avec le Pass Warner)

The Idol promettait sexe, drogue et rock’n’roll. Question substances stupéfiantes en tous genres, les spectateurs qui découvriront les deux premiers épisodes de la nouvelle série de Sam Levinson (Euphoria) après leur première mondiale au Festival de Cannes en mai dernier, seront servis. Mais pour le reste, ce sera plutôt chair triste, bouillie musicale infâme… et soupe à la grimace. Ce portrait d’une jeune star de la pop (Lily-Rose Depp), qui va passer de l’emprise de sa maison de disques à celle, plus toxique encore, d’un nouvel amoureux pervers (le chanteur Abel Tesfaye, alias The Weeknd), est un abîme de bêtise et de vulgarité. N’est pas Paul Verhoeven qui veut. Lire la suite

r “Dave”, saison 3 (MyCanal)

Le genre sériel investit de plus en plus souvent l’autofiction. Larry David a lancé le mouvement avec Larry et son nombril, imité par Louis C.K. (Louie) aux États-Unis, puis par Éric Judor (Platane), Blanche Gardin (La Meilleure Version de moi-même) […]. Ces acteurs issus de la scène comique inventent une autre version d’eux-mêmes, nettement moins drôle et sympa que celle qu’on connaissait. Dans Dave, la démarche de Dave Burd ressemble davantage à un prolongement naturel de son rap humoristique, où il a toujours été question de raconter des histoires autour de son personnage. Dans un monde du hip-hop qui déborde de testostérone, lui a choisi de s’appeler Lil Dicky (« P’tite Bite »), plaçant ainsi immédiatement l’autodérision, les complexes et le contre-pied au cœur de son projet. Lire la suite

q “The Crowded Room”, minisérie (Apple TV+)

À la fin des années 1970, Danny (Tom Holland) est arrêté pour avoir participé à une fusillade au Rockefeller Center, mais il prétend que c’est son amie Ariana (Sasha Lane) qui a appuyé sur la gâchette. Or la jeune femme s’est évaporée dans la nature. Une certaine Rya Goodwin (Amanda Seyfried) est alors mandatée pour mener une série d’interrogatoires afin d’éclaircir la situation. À ce stade, les plus roués ont déjà compris de quoi il retourne. Et à moins de débarquer de la planète Mars, les autres devraient raccrocher les wagons dès la première heure de la série, soit trois épisodes avant le grand twist. La gestion du suspense est le premier talon d’Achille de The Crowded Room, qui s’échine à garder un secret qui n’en est pas vraiment un et multiplie les cliffhangers en forme de pétards mouillés. Lire la suite

o “Saint X”

Une entrée de plus au panthéon des fictions qui sautent à pieds joints dans ce qu’elles essayent de déconstruire. Ici, le récit de la disparition d’une jeune femme blanche (West Duchovny, fille de David, l’acteur de Californication) dans une île des Caraïbes, sur fond de tourisme de luxe et de racisme. Les locaux sont immédiatement accusés… et la façon dont leurs personnages sont dessinés ne laisse que peu de place au doute. Dans cette série créée par Leila Gerstein, l’une des productrices de The Handmaid’s Tale, tout fait toc. Dialogues, jeu des acteurs, esthétique des images – des flash-back dans les flash-back sont teintés d’un bleu affreux pour que l’on fasse bien la différence entre chaque époque… Bref, revoyez plutôt The White Lotus. A.P.-L.

o “Barracuda Queens”

En 1995, dans une banlieue huppée de Stockholm, quatre filles à papa trop dépensières et leur copine moins nantie qu’elles se mettent à cambrioler leurs voisins pour éponger leurs découverts… Barracuda Queens veut faire le trait d’union entre The Bling Ring, de Sofia Coppola, et la série ado Pretty Little Liars, mais elle n’a ni le style du premier, ni le suspense de la seconde. La critique sociale de cette bourgeoisie sous cloche, que nos Spice Girls scandinaves mettent à sac, reste très superficielle, tout comme le propos féministe de convenance. Même les actrices n’ont pas l’air de se sentir très concernées… Et ce qui se présentait comme une folle virée entre filles se résume finalement à une balade mollassonne autour du pâté de maisons. Une série sur l’ennui des privilégiés ? Non, plutôt sur le nôtre. C.V.

Source: Télérama.fr