L’analyse tactico-technique du Game 4 des Finales NBA
Nouvelle victoire au compteur des Nuggets qui encerclent le roi d’Erik Spoelstra sur l’échiquier de ces Finales NBA. Toujours avec ce même avantage physique, Denver n’est plus qu’à une bataille de remporter le trophée Larry O’Brien ! Alors c’est le moment de sortir les jumelles tactico-techniques pour comprendre comment les hommes de Michael Malone ont fait le break dans ce Game 4.
Avant de se faire spoiler, les autres épisodes de la série sont dispos ici :
Malheureusement pour le Heat, Caleb Martin, Max Strus et Gabe Vincent n’ont toujours pas grandi depuis le Game 3 : les Floridiens lèvent toujours le menton pour regarder les Nuggets dans les yeux. Eh oui, les scénarios se ressemblent d’un match à un autre pour Miami qui ne parvient toujours pas à contrebalancer cet avantage de taille. Au Game 1, c’était la découverte des mismatch, au Game 3 on était plutôt sur une domination dans la peinture, et ce Game 4 nous ramène au point de départ des grands qui se font plaisir sur les petits… Kevin Love ne peut malheureusement pas jouer 48 minutes. Essayons donc de comprendre comment cet avantage physique a pu s’accentuer !
Miami n’a pas pris soin du ballon
Commençons par l’une des premières anomalies statistiques du box score : les pertes de balle du Heat. Les hommes d’Erik Spoelstra ont pourtant l’habitude de prendre soin du cuir durant ces Playoffs mais hier soir, l’addition était trop salée :
• Prenant habituellement soin du ballon, le Heat en a perdu beaucoup sur ce Game 4 (14 contre seulement 6 pour Denver).
1 possession sur 6 de Miami s’est conclue par une perte de balle. pic.twitter.com/wywAhcG8dg
— Antoine Demaegdt (@AntoineDmgdt) June 10, 2023
Ce secteur du jeu avait été mentionné dans quelques previews, et à raison puisque Denver et Miami sont respectivement premier et deuxième en terme de ballons perdus sur ces Playoffs. Deux équipes extrêmement propres qui n’ont pas intérêt à sortir de leurs standards dans ce tempo si lent des Finales NBA. Lors du Game 4, 16,5% des possessions du Heat se sont terminées par une perte de balle (TOV%). C’est deux fois pire que Denver qui affiche un TOV% de 8,8%. Et lorsqu’on est déjà dominé physiquement, offrir du jeu rapide à l’adversaire est rarement un bon point…
Cross Matches : le “faux jeu rapide” des Nuggets
Mais qu’est-ce que c’est que ces Cross Matches ? Ce sont tout simplement des mismatch qui sont générés par la possession offensive précédente. Exemple : Bam claque un gros dunk, tombe au sol et met du temps à revenir en défense. Jokic voit l’opportunité de mismatch et se met à courir en attaque pour forcer un joueur plus petit à le défendre. Vous voyez l’idée ? Avec la vidéo c’est toujours plus parlant :
Et lorsqu’on regarde la suite de l’action, Bam quitte ses missions défensives intérieures en restant (trop) vigilant sur Jokic.
Vincent switch avec Love → Adebayo oubli son défenseur extérieur dans son dos ⇒ coupe de KCP pour un panier facile. pic.twitter.com/0Ibt6z0A9n
— Antoine Demaegdt (@AntoineDmgdt) June 10, 2023
Plusieurs Cross Matches, comme ci-dessus, ont été généré par les pertes de balles (d’où leur importance). KCP fonce tête baissée pour récupérer Bam sur lui et temporise ensuite pour profiter de l’avantage qui s’est créé ailleurs : si Bam est sur lui, ça va logiquement chauffer à l’intérieur. D’où ce “faux jeu rapide” : les Nuggets jouent vite pour dispatcher les défenseurs à leur guise lorsque c’est intéressant, et temporisent ensuite pour tranquillement en tirer profit sur du jeu placé. Alors bien sûr il y a aussi pas mal de contre-attaques, mais ces Cross Matches représentent une part non négligeable de la stratégie offensive de Denver. Et les pertes de balles du Heat ne font que favoriser cette jolie fourberie de Michael Malone.
Les mismatch insolubles d’Aaron Gordon
Tiens tiens tiens, il y avait pas des odeurs de Game 1 dans ce quatrième match lorsqu’on voyait Aaron Gordon se faire plaisir sur les minus ailiers de Miami ? L’adversaire de rêve pour lui :
Possession suivante, rebelote. Gordon se retrouve sur Vincent ? Eh bien dégage MPJ, Aaron s’occupe de tout.
Mismatch criant sur isolation qui se conclut sur un and1… pic.twitter.com/7PnM8u9VmQ
— Antoine Demaegdt (@AntoineDmgdt) June 10, 2023
Tout ce qu’on a mentionné en amont est un scénario hollywoodien pour Aaron Gordon. La ligne de stats parle d’elle-même : 27 points, 7 rebonds, 6 passes à 11/15 au tir. Obtenir des mismatch est sans doute la manière de maximiser son impact contre cet effectif du Heat. Et lorsqu’il met en plus ses tirs du parking (3/4 dans ce Game 4), le bulldozer Gordon XTR3000T est tout bonnement indéfendable. S’il y a bien une chose qu’Erik Spoelstra a du mal à bricoler, c’est un plan pour freiner l’intérieur de Denver.
Bruce Brown qui sort du chapeau
Si vous êtes des habitué aux analyses tactico-techniques, vous savez qu’on aime bien mettre en lumière les facteur X qui change le déroulement d’un match sans que l’on s’y attende. Pour cette rencontre, c’est Bruce Brown qui enfile le costume :
• Bruce Brown aura tout fait dans ce match : ses coupes habituelles loin du ballon, du 3-points et du drive sur P&R.
Jamal Murray pose un écran sur Bam pour perturber les rotations avant l’écran de Jokic ⇒ Adebayo est mal placé ⇒ tapis rouge pour Bruce. pic.twitter.com/A0r1izchuF
— Antoine Demaegdt (@AntoineDmgdt) June 10, 2023
Dans ce Game 4, Bruce c’est 21 points, 4 rebonds, 2 passes, 1 interception, 1 contre pour un 8/11 au tir et un 3/5 à 3-points, plutôt pas mal pour un gars qui sort du banc. Il fait partie de ces joueurs qui dynamisent l’attaque de Denver principalement sans ballon. Au dernier match c’était Christian Braun, et sur ce Game 4, il prend le relai en exploitant les espaces ouverts tout en balançant des bombinettes du parking. Quelle équipe ne voudrait pas d’un joueur pareil ?
Quels ajustements pour le Game 5 ?
Plus de minutes pour Kevin Love ? Il ne joue que le premier et troisième quart-temps dans cette série.
Donner les rennes à Jimmy Butler ?
Utiliser davantage Duncan Robinson ?
Jouer à 6 sur le terrain ?
Les Nuggets retournent dans le Colorado avec un bon matelas d’avance pour finir le job sereinement. Michael Malone contrôle donc l’échiquier de ces Finales NBA grâce à la taille de ses pièces. Est-ce qu’Erik Spoelstra arrivera de à se sortir de ce guet-apens ? Réponse dans la nuit de lundi à 2h30 pour un nouvel épisode de la série !
Source stats : CleaningTheGlass
Source: TrashTalk