Banksy à Brest : l’extravagant succès de la Modeste collection

June 10, 2023
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Il y a des jours où le sens des mots semble tout relatif. Regardez cette Modeste collection attachée à l’œuvre de Banksy : 280 œuvres, rien que ça, déballées pour deux semaines à l’étage des Ateliers des Capucins. Modeste, oui.

Et le mot fan, alors ? Ce samedi 10 juin 2023, en matinée, Marie, Brestoise d’une petite trentaine d’années, nous a assuré : non, non, elle n’est pas une fan de la mystérieuse star du street art. Combien d’expos Banksy à son compteur ? « Bah, quatre à Paris, avant celle-là », dit celle qui visite en compagne de Théo, lui-même venu de… Belgique ! « Mais pour voir la famille d’abord, hein », s’empresse de préciser le jeune homme.

Pas « fan », non plus, Olivier, jeune quadra en short et casquette, débarqué aux Capucins avec Hélène. Débarqués d’où, au fait ? « De Normandie, Le Havre. Cinq heures de route, mais on en profite pour découvrir Brest, c’est cool ». Cool, oui. Leur première expo Banksy, sûrement, pour justifier ce périple ? « Oui, enfin première de la Modeste collection. Parce que j’en ai vu une autre à Paris et une à Amsterdam. Mais ici, il y a quelques œuvres que je ne connaissais pas », apprécie le voyageur.

La bouée de sauvetage à la mode Banksy, utilisée comme « point photo » pour immortaliser sa venue à l’expo, est prise d’assaut par le public, comme ici les Brestois Nino, Colyne et Lilou. Eux sont venus avec papa et maman, curieux, surtout, de voir « cette expo dont tout le monde parle ». (Photo Le Télégramme/Pierre Chapin)

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« Il fait de l’éducation populaire »

Face à eux, Christophe, 52 ans, est un petit joueur. L’homme vient simplement de Quimperlé, où il enseigne les arts appliqués dans un lycée pro. Mais, au moins, peut-il se targuer d’être le tout premier à avoir découvert l’expo, une fois le vernissage et la visite réservée aux commerçants des Capucins passés. À 11 h pétantes, c’est lui qui a passé la porte, avec May, et Duc Long, l’un de ses étudiants. Et quelque deux cents personnes dans son dos.

On ne le lui demande pas s’il est fan (on a abandonné le concept), mais pourquoi ce succès dingue de Banksy. « Je l’utilise souvent dans mes cours. Et ça fonctionne parce qu’il manie les symboles, avec un langage graphique assez simple, lisible par tous ». Le prof finit par trouver la formule définitive : « Banksy fait de l’éducation populaire à travers ses œuvres ».

Des détournements d’images universelles, pour un message limpide : l’une des clés du succès de Banksy, qui s’est attaqué ici à La Joconde. L’une des œuvres parmi les plus connues de l’artiste dont l’identité est maintenue secrète. (Photo Le Télégramme/Pierre Chapin)

« Il montre un propos engagé avec des images simples, efficaces comme une punchline (phrase choc) », prolonge Théo, notre Brestois belge. « Moi, je découvre. Et j’aime : au premier regard, on ne sait pas trop comment interpréter, mais dès qu’on se pose, des questions, des idées viennent, et on voit des sujets profonds traités avec beaucoup de légèreté ou d’humour », commente pour sa part Vincent, venu avec son fils de huit ans et des amis… Nantais.

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Lascaux et Banksy, même combat

« Banksy est un artiste vraiment engagé, mais très accessible grâce à ses références à la pop culture, notamment, c’est ce qui touche un public très large. Et qui est génial : on voit dans ces expos des gens qui ne sont pas habitués des musées, et qui vont peut-être être touchés par une œuvre qui va les pousser à aller davantage vers l’art ou vers les causes que défend l’artiste », anticipe Luna Berardino, l’une des trois médiatrices qui accompagnent cette Modeste collection.

Et si derrière la signature Banksy se cachait la nantaise Valérie, « 40 ans hors taxe », qui vient de signer l’un des avatars cultes de l’artiste, sur un tableau ouvert à l’expression libre, aux Capucins ? « Je n’ai pas le droit de vous répondre », sourit-elle. (Le Télégramme/Pierre Chapin)

Reste la fameuse question : qui se cache derrière ces œuvres ? Peut-être Banksy s’est-il mêlé au public, peut-être est-il même un gars (ou une fille) de Kerangoff ou du Pilier rouge ? « On s’en fiche. Tu connais le nom de ceux qui ont peint la grotte de Lascaux ? Et ça change quelque chose ? », balaie Christophe. Simple et efficace. Comme cette sacrée expo.

Pratique

De 11 h à 19 h, du 10 au 25 juin, aux Capucins. Entrée libre.

Source: Le Télégramme