Normalisation avec Israël : l’Arabie saoudite donne des signes d’ouverture

June 10, 2023
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Le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Fayçal Ben Farhan, avec le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, à Riyad, en Arabie saoudite, le 8 juin 2023. AHMED YOSRI / REUTERS

Erigée en dossier prioritaire par l’administration de Joe Biden, la normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël était au cœur de la visite à Riyad du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, du 6 au 8 juin. Les Américains se donnent jusqu’à la fin de l’année, avant d’être rattrapés par la campagne présidentielle de 2024, pour faire avancer ce dossier, également prioritaire pour le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. La monarchie saoudienne, qui négocie en retour une coopération militaire accrue avec Washington et un soutien à son programme nucléaire civil, montre des signes d’ouverture.

« La normalisation avec Israël est dans l’intérêt de la région, a estimé le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Fayçal Ben Farhan, jeudi. Elle peut être porteuse d’avantages significatifs pour tout le monde, mais sans un chemin vers la paix pour le peuple palestinien, sans s’attaquer à ce défi, une normalisation aura des bénéfices limités. Nous devons continuer à nous focaliser sur la façon de trouver un chemin vers une solution à deux Etats, qui rende aux Palestiniens dignité et justice », a ajouté M. Farhan.

Le choix des mots n’est pas anodin. En parlant d’un simple « chemin vers la paix », le chef de la diplomatie saoudienne semble indiquer que Riyad est prêt à revoir à la baisse ses exigences : la création d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967 ne serait plus une condition préalable à la normalisation avec Israël. Cette formule avait été consacrée par l’initiative de paix du prince héritier saoudien Abdallah, avalisée par les pays de la Ligue arabe en 2002.

Les Emirats arabes unis et Bahreïn y ont de facto renoncé, en établissant des relations diplomatiques avec Israël en 2020, dans le cadre des accords d’Abraham signés avec le précédent gouvernement Nétanyahou, sous l’égide de l’administration Trump. Le Maroc leur a emboîté le pas en 2021. A son tour, le royaume saoudien semble signaler qu’une relance du processus de paix pourrait lui suffire. L’arrivée au pouvoir d’une coalition d’extrême droite dirigée par M. Nétanyahou en décembre 2022 ne lui facilite pas la tâche. Cette coalition s’oppose à la création d’un Etat palestinien et multiplie les actions qui alimentent la violence entre Palestiniens et Israéliens.

La peur d’une course à l’arme nucléaire

L’administration Biden fait valoir à la couronne saoudienne qu’il est dans son intérêt de conclure un accord avec Israël tant qu’elle est au pouvoir. Au Congrès, de nombreux démocrates s’opposent à un renforcement de la coopération avec la monarchie, critiquant ses violations des droits de l’homme et la guerre qu’elle mène au Yémen depuis 2015. L’équipe Biden, qui espère revendiquer ce succès avant l’élection présidentielle, assure que les élus se rallieront plus facilement à un accord porté par son administration. Mais les concessions que réclament les Saoudiens divisent l’administration Biden, qui redoute une course à l’arme nucléaire au Moyen-Orient, entre Riyad et Téhéran.

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Source: Le Monde