Natation : " Je pense avoir progressé "… Léon Marchand prêt à tout casser pour son retour en France
Le vent va souffler sur une piscine de la Bretagne armoricaine, pendant six jours. On peut même parler d’un ouragan, formé à Toulouse et qui s’est renforcé en passant par l’Arizona, avant de déferler dimanche sur Rennes. La tempête Léon touchera ensuite Fukuoka, au Japon, le 14 juillet, et devrait encore monter en puissance avant de frapper Paris, en août 2024. Finissons-en avec la métaphore météorologique : Léon Marchand attaque les championnats de France grand bassin dans la ville natale de Clarisse Agbegnenou et de François-Henri Pinault, et ça va envoyer.
« On est assez confiants, indique Nicolas Castel, son entraîneur aux Dauphins du Toec, qui a maintenu le contact avec son protégé depuis son exil américain, à l’été 2021. Il a fait de super entraînements, il est en forme, il est serein. Tous les voyants sont au vert pour réaliser de belles performances. »
Léon Marchand, nouvelle star médiatique, jeudi à Toulouse. - Nicolas Stival / 20 Minutes
A Rennes, le prodige de la natation française (21 ans) ne va pas beaucoup garder son maillot au sec. « Je vais faire une course par jour », détaille le double champion du monde 2022, sur 200 m quatre nages et 400 m quatre nages. Outre ses deux distances fétiches, Marchand va aussi s’aligner sur 100 m papillon, 200 m papillon, 200 m nage libre, après avoir commencé par le 200 m brasse, ce dimanche. « Je vais essayer de faire mon meilleur temps, j’ai nagé 2’ 8” l’an dernier, j’aimerais passer en dessous et me qualifier pour les championnats du monde. C’est un peu l’objectif dans toutes les courses. »
Un stage « ennuyeux » mais a priori efficace
L’un des grands espoirs français pour Paris 2024 a tenu une conférence de presse ce jeudi, après s’être entraîné avec ses potes toulousains dans « sa » piscine Castex, à trois ou quatre coulées du Stadium. Devant une grosse quinzaine de journalistes, il a étalé son aisance verbale et sa confiance, sculptée à grands coups d’exploits chronométriques dans le championnat universitaire américain, sous la houlette de Bob Bowman.
L’ancien mentor du mythe Michael Phelps sera présent lors des « France » où il pourra constater les bienfaits du stage de mai à Colorado Springs (1.800 mètres), suivi de deux semaines de « repos » studieux dans sa ville natale, où il n’était plus revenu depuis dix mois. « Je me sens très confiant après ce stage d’un mois, c’était un peu ennuyeux à la fin mais pour l’entraînement, il n’y a pas mieux, explique le fils de Xavier Marchand (vice-champion du monde 1998 du 200 m 4 nages) et de Céline Bonnet (ancienne nageuse internationale). Je commence à sentir les effets de l’altitude, Je suis en forme. Je pense avoir progressé. »
« Je serai encore meilleur aux championnats du monde »
Très attaché à son club - « c’est la famille » - l’étudiant en informatique va porter haut et loin le bonnet vert des Dauphins du Toec à Rennes, même si ces « France » ne sont qu’« une étape » nécessaire pour valider ses billets pour les Mondiaux de Fukuoka.
« Je vais bien me sentir la semaine prochaine mais je pense que je serai encore meilleur aux championnats du monde. L’an dernier, je n’avais pas trop d’expérience au niveau international chez les seniors. J’ai réussi à gagner deux courses. C’était super mais je pense que je peux faire mieux. J’avais commis pas mal d’erreurs sur mon 200 m quatre nages par exemple. Je vais essayer de gagner et d’améliorer mes temps. » Michael Phelps et le dernier record du monde individuel qu'il lui reste, sur 400 mètres quatre nages (4’ 03”84 aux JO de Pékin 2008), peuvent claquer des fesses tant Marchand semble parti pour raboter son record d'Europe établi l'été dernier aux Mondiaux (4’ 04''28).
Directeur général du club toulousain, Michel Coloma tente un pronostic : « Trois médailles d’or aux "Monde". » « On ne va pas y aller pour ramoner la suie », sourit le dirigeant historique du club des mythiques Jean Boiteux, Alex Jany et Alfred Nakache, dans une saillie digne de Kaamelot. Au Japon, Marchand voudra conserver ses deux titres obtenus l’an dernier à Budapest, tout en tentant de convertir l’argent du 200 m papillon en métal plus noble. Sans oublier de porter le plus haut possible les relais 4X100 m 4 nages (en papillon) et 4X200 m nage libre…
Vivement les JO
Par rapport à l’an dernier, il s’est musclé sans excès et a même un « peu grandi », de son propre aveu, pour atteindre un sympathique gabarit de 1,87 m pour 77 kg. De quoi améliorer sa puissance, l’un de ses rares points faibles (relatifs). « J’avais du mal à partir très vite sur les courses l’an dernier et je suis meilleur maintenant », relève le roi Léon, qui garde déjà dans un coin de sa tête les JO 2024 « à la maison, à un âge où je serai à mon pic ».
Préparation mentale, nutrition, sommeil… Tout est travaillé, mais dans une ambiance légère et parfois potache, au sein de la coloc qu'il partage avec cinq autres jeunes nageurs, à l’Arizona State University. Que lui reste-t-il à améliorer, alors, pour asseoir sa domination sur la natation mondiale ? « Il n’y a pas grand-chose qui gêne pour faire de grandes choses, assure Nicolas Castel. C’est comme une Formule 1, ce sont de petits réglages. » A Rennes, les nageurs des couloirs voisins risquent fort de passer pour des kartings.
Source: 20 Minutes