A La Rochelle, bras de fer autour d’un commerce de déstockage de fruits et légumes
Un supermarché alimentaire Grand Frais, à Toulouse, le 4 avril 2019. PASCAL PAVANI / AFP
Le marché de gros de La Rochelle vit depuis peu une double vie. Il fait encore nuit quand les transpalettes électriques chargent et déchargent les cagettes de fruits et légumes frais, autour desquelles se croisent maraîchers, livreurs et restaurateurs.
Quelques heures plus tard, quand les professionnels ont déserté les allées du petit Rungis rochelais, les particuliers viennent faire leurs courses, même s’il n’est pas possible d’acheter ses tomates ou ses courgettes au détail : les produits extra-frais sont vendus par barquettes ou cagettes entières. Il y a embouteillage devant les cagettes à 10 ou 20 euros contenant, en fonction des arrivages du jour, pommes de terre, salades, radis, bananes, fraises, framboises…
Le Dépôt, nom donné à un local du grand bâtiment, accueille deux jours par semaine le public dans la zone d’activités économiques de Périgny, commune voisine de La Rochelle. L’endroit n’est pas des plus attrayants et le marché de gros a fait l’économie de publicité, mais la file de chariots qui s’allonge de semaine en semaine avant le lever du rideau de fer témoigne du rapide succès acquis par ce type de commerce, inédit dans la région, et sans doute ailleurs.
« Est-ce que nous sommes les premiers en France ? Je n’en ai aucune idée. Je ne sais même pas s’il existera encore dans deux ans, le commerce évolue à une telle vitesse… » Stéphane Guitet n’en revient pas lui-même. Aujourd’hui patron de CM Approvisionnement et de la société MDG, gestionnaire du marché de gros de La Rochelle, il a commencé tout jeune à travailler sur les marchés. Il a connu le développement des centrales d’achat de la grande distribution dans les années 1990, qui ont mis à mal le quasi-monopole des marchés de gros.
« Déstockage et antigaspi »
M. Guitet, né en 1971 comme le marché de gros de Périgny, s’est adapté à chaque fois, comme pendant le premier confinement, lorsque les marchés traditionnels étaient fermés et que les livraisons à domicile ont explosé. C’est encore ce qu’il a fait quand, en mars dernier, un magasin Grand Frais a ouvert dans la zone d’activité de Belle-Aire, à Aytré. Une déclaration de guerre pour CM Approvisionnement, dont les enseignes Couleur marché et L’Heure du marché ont essaimé jusqu’en Vendée et dans les Deux-Sèvres.
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Le patron a aussitôt contre-attaqué en ouvrant Le Dépôt, lieu de « déstockage et antigaspi ». Mais il ne s’attendait pas à un tel engouement, même en pleine période d’inflation alimentaire. « On a pris une claque, confie-t-il. Qu’il y ait autant de monde, ça pose question. Après les trois années dingues qu’on a vécues, la pandémie puis la guerre en Ukraine, on voit qu’il y a un problème sociétal profond. » La surprise est d’autant plus grande que le gestionnaire du marché de gros n’a pas investi « un seul euro » pour aménager Le Dépôt ni recruté du personnel. « C’est la forme la plus sobre qui soit. »
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Source: Le Monde