Comment l'armée ukrainienne se met au défi de franchir les lignes russes ?

RFI
June 11, 2023
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La contre-offensive ukrainienne annoncée de longue date se précise. Les combats ces derniers jours sont plus intenses dans les régions de Donetsk et Zaporija. Mais pour permettre aux blindés ukrainiens d’avancer, les unités du génie vont devoir ouvrir des « brèches » dans le rideau défensif russe. Le « bréchage », élément central de l’offensive ukrainienne, c’est le thème de Lignes de défense.

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Champs de mines, obstacles antichars, tranchées, et des casemates… Cette ligne de défense, les Russes l’ont baptisée Fabergé, référence au joailler des Tsars… la ligne Fabergé a de l’épaisseur et la franchir ne sera pas une mince affaire, pointe le colonel Frédéric Jordan du Centre de doctrine et d'enseignement du commandement : « Cette ligne défensive, elle est installée dans la profondeur, sur à peu près une profondeur d'une trentaine de kilomètres et sur 6 lignes successives. Ce qui permet aux Russes, d'abord d'observer une attaque ukrainienne et ensuite, par bonds successifs, d'essayer de l'arrêter. L'ensemble de cette ligne est largement valorisé par des moyens du génie, en particulier des mines, mais aussi des abris. Des abris bétonnés et un certain nombre de tranchées. Elle n’est pas tout à fait continue, il y a beaucoup d'espaces lacunaires, mais en fait, elle est positionnée sur les endroits qui sont des couloirs de mobilité qui permettraient de protéger des sites, des carrefours, des zones d'importance stratégique. »

Ligne Fabergé et artillerie spéciale

L’armée russe a également étoffé sa défense, d’une « artillerie spéciale », comme il l’appelle : ils ont enterré leurs vieux chars T54 sortis des stocks cet hiver ; seules les tourelles émergent du sol… L'objectif est d’opposer à l’assaillant de plus en plus d’obstacles et lui infliger le maximum de pertes.

Alors pour que les troupes d’assaut ne s’engluent pas dans ce maillage défensif, les unités du Génie ukrainien vont devoir ouvrir des corridors, c’est le « bréchage » indique le colonel Jordan « Pour franchir cette ligne, il faut brécher et donc il faut des moyens du génie capables justement d'ouvrir des couloirs de pénétration dans ces bandes minées par exemple ou sur des obstacles qui auraient pu être mis en place pour freiner toute avance. Ça peut être aussi des fossés antichars par exemple. Donc le Génie va être en première ligne sur cette action. Il sera appuyé par l'artillerie pour masquer son déploiement. Pour tirer sur des défenseurs russes qui essaient bien évidemment de détruire ces matériels du génie. Il sera aussi entouré d'unités blindées d'infanterie, qui vont pouvoir exploiter très, très vite ensuite, les brèches qui ont été mises en place dans le dispositif russe. »

À Donetsk et Zaporijjia,Il n'y a pas encore de grande manœuvre, l’armée ukrainienne sonde le dispositif russe, précise l’historien militaire Michel Goya, pour y trouver des intervalles : « s'ils arrivent à percer les lignes fortifiées, ils créent une brèche et là, ils lancent, comme c'était le cas un peu dans la province de Kharkiv en septembre… Là, ils lancent des unités mobiles qui essaient d'aller le plus loin possible à l'intérieur et peut-être qu'on pourra assister, d'ailleurs, pour la première fois, à de véritables combats de rencontres… Des combats mobiles. Il y a des centaines de chars de part et d'autre, et il n’y a pas de bataille de chars. Mais si les Ukrainiens percent, à ce moment-là, on verra peut-être des chars qui s'affrontent directement. »

Blindés de déminage, bulldozers et ponts projetés sont donc la clé d’une contre-offensive d’envergure. Des matériels rares que les Etats-Unis sont les seuls à posséder en quantité…

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Source: RFI