A Annecy, après l’attaque au couteau, l’appel à " bâtir plutôt qu’à haïr " de la municipalité

June 11, 2023
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Le maire écologiste d’Annecy, François Astorg, s’exprime après l’attaque au couteau dans sa ville, le 11 juin 2023. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Ils sont tous là, ou presque, ce dimanche en milieu de journée, sur la scène installée sur l’esplanade du Pâquier, à quelques mètres du square où a eu lieu, jeudi 8 juin, l’attaque au couteau ayant fait six blessés, dont quatre enfants âgés de 22 mois à 3 ans. Des policiers municipaux et nationaux, des pompiers, des soignants, des membres de la Croix-Rouge, deux agents de la propreté urbaine ainsi que des passants.

Tous sont intervenus ce matin-là, quand l’horreur a envahi le décor de carte postale du lac d’Annecy et du pont des Amours le surplombant. Le maire écologiste, François Astorg, et son conseil municipal voulaient honorer les victimes, juste avant le lancement du Festival international du film d’animation, ce même dimanche. Juste avant, aussi, la reprise des débats politiques, les élus se sachant critiqués par certains habitants, qui leur reprochent un manque de sécurité dans la ville.

Dans son discours, M. Astorg dit l’importance de ce rassemblement à cet endroit précis, « un havre de paix », un lieu « où nous venons respirer, nous amuser, profiter du lac, partager des moments de convivialité ». Un lieu transformé, le temps d’une attaque au couteau, « en scène de terreur ». « Il n’y a pas d’autre choix que de répondre par l’unité, par la communion et par l’espoir », ajoute-t-il, enjoignant la population à « bâtir plutôt que haïr ».

Pour l’édile, un devoir doit animer chacun, « celui de refuser d’un bloc le désespoir, la haine, la facilité de certains discours. Nous ne devons pas céder à la tentation de la défiance, de la peur, d’une autre forme de lâcheté intellectuelle. Au contraire. Nous devons regarder devant ».

« Des scènes irréalistes »

Derrière, parmi les héros de la semaine, Lilian Teypaz, 19 ans, se demande ce qu’il fait là. « Je suis un peu gêné, admet-il, alors qu’une passante est venue le saluer à la fin du rassemblement. Je ne dis pas non à ces félicitations, mais ce n’est pas évident. »

Jeudi, alors qu’il était dans l’eau, en train de décrocher un pédalo du ponton du lac, il a d’abord entendu des « hurlements », puis aperçu sa collègue de travail tétanisée alors qu’elle assistait à la scène. Lilian est sorti de l’eau, a vu Abdelmasih H., l’assaillant, sur le toboggan du square puis s’en prendre à une enfant dans une poussette. « Des scènes irréalistes », dit-il – il n’en revient toujours pas.

Henri d’Anselme, qualifié de « héros au sac à dos » sur les réseaux sociaux, est parvenu à faire sortir le mis en cause du parc, raconte Lilian, et tous les deux l’ont poursuivi sur l’esplanade. Devant eux, l’assaillant a fait face à un homme de 72 ans, lui assénant plusieurs coups de couteau alors qu’il était assis sur un banc face au lac. Lilian lui a demandé en anglais : « Mais pourquoi faites-vous cela ? » Il ne lui a pas répondu. Quelques instants plus tard, Abdelmasih H. a été neutralisé. « J’ai eu peur qu’il atteigne d’autres personnes. Les gens autour ne réalisaient pas ce qui se passait, on leur a dit de partir », raconte-t-il, encore sous le choc.

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Source: Le Monde