Pourquoi les usines de batteries de voitures sont appelées des gigafactory
Gigafactory : c'est un terme qui s'est démocratisé ces dernières années avec l'avènement de la voiture électrique. Les "gigafactories" se multiplient dans le monde, avec différents projets notamment aux États-Unis et en Europe, notamment en France. Mais qu'est-ce qu'une "gigafactory" ? D'où vient ce terme ? Quels sont les projets actuellement en cours ? Nous vous proposons un petit tour d'horizon.
Souvent, la plupart des gens associent le terme « Gigafactory » à Tesla et ils n’ont bien évidemment pas forcément tort. Pourquoi ? Parce que c’est justement Tesla qui a démocratisé ce terme ces dernières années. Mais pourquoi le terme « Gigafactory » ?
Tesla n’est pas allé chercher bien loin, puisque le nom de « gigafactory » provient du mot « giga », le préfixe d’unité de mesure correspondant au milliard et du mot anglais « factory », signifiant usine. Nous entendons pour la première fois ce terme en 2014, même si la première grosse usine de Tesla date de 2010, lorsqu’en mai de cette année, Tesla Motors rachète l’usine de Freemont afin d’y assembler la Model S. L’usine est renommée Tesla Factory.
Déjà cinq Gigafactories pour Tesla
Le terme évolue ensuite lorsque les ambitions de Tesla évoluent aussi. Afin de faire des économies sur de très grandes échelles, Tesla souhaite construire une usine géante de batteries pour ses véhicules électriques.
La première Gigafactory, sobrement appelée « Gigafactory 1 », est celle située dans le Nevada. Elle est dédiée à la fabrication de batteries lithium-ion. La Gigafactory 1 a débuté la fabrication de batteries en janvier 2017, mais la production inférieure aux prévisions a provoqué des retards de livraison. Cependant, la Giga Nevada va rapidement atteindre un bon rythme de croisière puisque, fin 2018, l’objectif de 35 GWh (gigawattheure) / an est atteint avec deux ans d’avance.
Plus haut, nous vous disions que le terme « Gigafactory » remonte à peu près à 2014. Disons qu’il est arrivé en même temps que l’annonce de la Tesla Giga New York (ou Gigafactory 2), le nom donné à l’usine de cellules photovoltaïques de la marque, située dans la ville Buffalo. La construction de la Gigafactory 2 a été annoncée en 2014 et elle devient opérationnelle en août 2017. Depuis 2019, la Tesla Giga New York produit aussi le Solar Roof, ces cellules photovoltaïques qui ont l’apparence de tuiles et qui permettent l’alimenter en énergie solaire une maison.
La Giga New York a précédé la Gigafactory 3, l’une des plus importantes puisqu’il s’agit de celle située à Shanghai. Cette usine marque une nouvelle ère pour Tesla, avec une production mondiale à très grande échelle. C’est d’ailleurs grâce à cette usine que Tesla a pu battre plusieurs records de vente dans le monde.
La Gigafactory de Shanghai produit plusieurs milliers de voitures par semaine, à savoir des Tesla Model 3 et des Tesla Model Y, avec un objectif de production de 500 000 véhicules par an. Le 30 décembre 2019, moins d’un an après le début de la construction de l’usine, Tesla livre les premières Model 3 sorties de ses lignes de production.
Après l’usine de Shanghai, Tesla ouvre son quatrième établissement avec la Gigafactory de Berlin, un parcours semé d’embûches pour Elon Musk, le patron de Tesla, en raison de la légendaire bureaucratie européenne et des actions de certains activistes écologistes.
L’usine est destinée à produire plusieurs milliers de voitures par semaine, d’abord des Tesla Model Y puis la Tesla Model 3, avec un objectif de production de 500 000 véhicules par an. En plus de la production des packs batteries et des groupes motopropulseurs, cette usine sera la première dans laquelle le constructeur produira également ses propres cellules de batteries.
Du tout en un en quelque sorte, Tesla voulant avoir un contrôle total sur sa chaîne de production. À long terme, le site pourrait produire plus d’un million de véhicules par an. Elle pourrait même devenir la plus grande usine de batteries d’Europe, voire du monde.
Tesla a récemment ouvert une cinquième Gigafactory du côté du Texas, à Austin, aux États-Unis. La construction a débuté fin juillet 2020 et l’usine a été inaugurée par Elon Musk le 7 avril 2022. Sa capacité sera d’environ 500 000 voitures par an. Dans un premier, ce site produira des Tesla Model Y, puis le Tesla Cybertruck. Viendra ensuite le Tesla Semi et le Tesla Roadster. On y trouve aussi la production des fameuses batteries 4680 « révolutionnaires » de Tesla.
De nombreux projets en cours
Si le terme Gigafactory a été effectivement démocratisé par Tesla, le constructeur américain n’est pas le seul à avoir plusieurs « méga-usines » pour les batteries de voitures électriques et leur assemblage. Récemment, nous vous avons d’ailleurs proposé un dossier sur la fabrication des batteries des voitures électriques, avec une cartographie de ces fameuses gigafactories en Europe.
Pour le moment, en dehors de Tesla pour qui l’application est concrète, nous n’avons que des projets de gigafactories, que ce soit aux États-Unis ou en Europe.
Voici d’ailleurs quelques-uns des principaux projets actuellement confirmés en Europe :
Projet Northvolt – Volkswagen (Allemagne)
Projet Northvolt – Volvo (Europe)
Projet Stellantis – Douvrin (France) : le projet est porté par la co-entreprise ACC entre Stellantis et Saft, filiale de Total
Projet Renault – Douai (France)
Projet Verkor – Dunkerque (France)
Projet CATL (Allemagne)
Projet SVOLT (Allemagne)
D’autres projets sont aussi en cours de finalisation en France, avec McPhy du côté de Belfort (France), et Symbio à Saint-Fons (France).
Comme vous pouvez le constater, il y a beaucoup de projets dans l’Hexagone, et notamment dans le nord de la France. Cette région porte d’ailleurs un nouveau surnom, celui de la « vallée de la batterie », un peu comme la « Motor Valley », terre fertile des supercars qui se situe en Italie et où nous retrouvons des constructeurs comme Ferrari, Lamborghini ou encore Maserati.
L’Europe se renforce à vitesse grand V
La France est donc très bien placée pour devenir un nouvel acteur majeur de la production de batteries dans le monde, mais elle sera sans doute devancée par l’Allemagne en Europe. Si on compte actuellement quatre projets actés en France, outre-Rhin, ce sont trois fois plus d’usines de batteries qui sont actuellement prévues.
Au total, la production allemande devrait atteindre près de 435 GWh (environ deux fois plus qu’en France) par an d’ici 2030, de quoi fournir des batteries à environ cinq millions de voitures électriques. Avec ce chiffre, l’Allemagne deviendrait le plus gros producteur européen de batteries. La première usine allemande vient justement de démarrer la production.
Pour le reste de l’Europe, c’est un peu plus poussif, même si l’Italie compte actuellement trois projets, tandis que le chinois CATL a annoncé l’implantation d’une usine en Hongrie l’année dernière.
Les États-Unis vont sans doute rebattre les cartes
Mais attention, les États-Unis pourraient jouer un mauvais tour à l’Europe. Et c’est d’ailleurs ce qui se profile, même si Tesla, par exemple, a déjà annoncé que, malgré les incitations fiscales américaines, cela ne changera pas la stratégie d’investissement de la marque en Europe, et notamment en France.
Rappelons que la stratégie Biden prévoit une des bonus pour les véhicules électriques produits en intégralité aux USA. Cela a déjà encouragé certains constructeurs à revoir leurs plans. Stellantis va profiter de la situation et sans doute ouvrir deux autres usines après celles du Canada et de l’Indiana. Cette information a d’ailleurs été confirmée par le PDG du groupe, Carlos Tavares aux journalistes lors de l’inauguration de la première usine de batteries en France.
Carlos Tavares précise que cette nouvelle loi crée des conditions d’investissement « très favorables » aux États-Unis. Avec prochainement quatre gigafactories en Amérique du Nord, l’objectif d’atteindre une production globale de 400 GWh par an d’ici 2030 sera réaliste, ainsi que la décarbonisation de toutes les activités du groupe d’ici 2038. Il faut dire que la loi américaine permet de prendre en charge un tiers du coût de production de la batterie.
Dans le même temps, Toyota vient aussi d’annoncer un nouvel investissement de deux milliards d’euros pour une gigafactory située en Caroline du Nord. Pour la petite histoire, Toyota voulait initialement financer le projet à hauteur de 3,56 milliards d’euros (1,21 pour les batteries destinées aux véhicules hybrides et 2,35 pour les véhicules électriques). Avec ce nouvel investissement, Toyota apporte ainsi plus de 5,5 milliards d’euros consacrés au projet, qui comptera jusqu’à six lignes de production.
Cela permettra à Toyota de produire d’ici 2025 sa première voiture électrique aux États-Unis, un SUV sept places. La voiture sera assemblée sur le site de Georgetown, dans le Kentucky, (c’est l’usine Toyota la plus productive au monde avec une capacité annuelle de 550 000 véhicules par an), tandis que les batteries viendront de la future gigafactory en Caroline du Nord qui devrait être opérationnelle en 2025.
Pour aller plus loin
Délocaliser aux USA pour réduire le prix des voitures électriques en Europe : mais que mijote Volkswagen ?
Le groupe Volkswagen est aussi particulièrement actif. L’entreprise prévoyait deux usines de batteries en Europe à la base, mais en 2021, de nouvelles annonces ont eu lieu et ce sont aujourd’hui six usines différentes qui sont prévues par Volkswagen à travers l’Europe. Même si Volkswagen lorgne aussi du côté des États-Unis.
Il y a le site allemand de Salzgitter, dont les travaux ont débuté à l’été 2022, et la production devrait débuter en 2025. Il y a aussi le site suédois en partenariat avec Northvolt qui livre déjà ses premières batteries depuis la fin de l’année 2021, tandis que la troisième usine est confirmée est à Valence, en Espagne. Les trois autres usines n’ont pas encore de lieu d’implantation révélé au public.
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Source: Frandroid