La Ciivise évalue le coût économique des violences sexuelles pendant l’enfance

June 11, 2023
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Le coprésident de la commission, Edouard Durand, écoute une victime de violences sexuelles lors d’une réunion publique de la Ciivise, au Palais de la femme, à Paris, en septembre 2022. JULIEN DE ROSA / AFP

Ces dernières années, le silence sur les ravages causés par l’inceste et, plus largement, les violences sexuelles faites aux enfants, commence à se briser. Avec son dernier avis en date, rendu public lundi 12 juin, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), qui a largement contribué à la mise en lumière du sujet, entend cependant exposer le « coût du déni », encore « massif ». La méthode s’inspire de calculs similaires faits par les militantes féministes afin de mettre en lumière le coût des violences conjugales ou de la prostitution.

En l’occurrence, le déni entourant les violences sexuelles sur les enfants coûte 9,7 milliards d’euros par an à l’ensemble de la société, estime la commission, installée en mars 2021 sur décision d’Emmanuel Macron, avec l’objectif de recevoir les victimes et d’inspirer des politiques publiques protectrices.

Pour parvenir à ce chiffrage de près de 10 milliards d’euros annuels, le cabinet Psytel, auquel la Ciivise a eu recours, s’est fondé sur diverses données (statistiques officielles, enquêtes de victimation et de population générale, études françaises et internationales), en extrayant les conséquences « pour lesquelles les coûts peuvent faire l’objet d’une valorisation monétaire ».

Plusieurs postes, tels que les dépenses publiques consacrées aux frais de police et gendarmerie, à la justice pénale, à l’aide sociale à l’enfance ou au traitement des troubles mentaux par exemple, pondérés au regard du nombre de victimes connues (160 000 par an), sont additionnés pour parvenir au résultat final.

Une évaluation « minimale »

Dans le trio de tête des dépenses ainsi regroupées se trouvent l’amplification des conduites à risque induites par l’exposition à l’inceste et aux violences sexuelles pendant l’enfance (2 609 millions d’euros par an, soit 27 % du chiffrage), le coût du traitement des troubles mentaux (2 101 millions d’euros, 21,7 %) et l’accueil et l’accompagnement des victimes (1 676 millions d’euros, 17,3 %). L’étude distingue deux catégories : le coût immédiat des violences faites aux enfants (30,8 % du total) et celui sur le long terme, le plus élevé (69,2 %).

« C’est un chiffrage conservateur, qui ne prend en compte que des postes de dépenses pour lesquels on a les données précises », explique Lucile Peytavin, experte au cabinet Psytel, ce qui produit une évaluation « minimale », certaines conséquences n’ayant pas pu être comptabilisées, faute d’éléments chiffrés suffisants. « Par exemple, on a estimé à moins de 10 millions d’euros le budget consacré à la prévention, mais on n’a pas pu l’inclure en l’absence de données précises », indique-t-elle, soulignant au passage que « les conséquences coûtent mille fois plus cher que ce qu’on dépense pour les prévenir ».

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Source: Le Monde