Scénario Cac 40 : poursuite de la consolidation avant un possible rally vers les 8.000 points
Publié le 12 juin 2023 à 9:30
Le scénario de la consolidation que nous évoquions dans la dernière analyse se déroule correctement. Malgré un nouveau record historique pour l’indice français proche des 7.600 points en avril, le Cac 40 a rendu près de 6% depuis, en raison notamment d’une macro globalement décevante en zone euro, d’une reprise moins forte que prévu en Chine et de craintes persistantes concernant l’action prolongée des banques centrales.
La correction des valeurs du luxe traduit bien l’évolution du sentiment autour de la Chine : de fortes attentes sur la reprise qui se sont exprimées fin 2022 lors des annonces d’assouplissement sanitaire et qui n’ont pas été satisfaites d’un point de vue macroéconomique : les indices d’activité manufacturière ont alterné phase d’expansion et phase de contraction sur les six derniers mois, en parallèle de chiffres d’exportation régulièrement en-dessous des attentes (en mai, -7,5% pour les exportations alors que le consensus tablait sur -0,4% seulement). Les matières premières liées à l’activité en Chine, comme les métaux industriels par exemple, se sont repliées pendant plusieurs mois : le cuivre, qui évoluait à plus de 9.500 dollars la tonne en janvier, est tombé à moins de 7.900 dollars en mai. Le yuan s’est également replié de 7% face au dollar entre janvier et mai.
Preuve que la situation de reprise n’est pas celle que les autorités attendaient, on voit apparaître les premières mesures de soutien économique depuis quelques semaines, comme l’abaissement des taux de dépôt dans les grandes banques du pays ou encore la multiplication des rendez-vous publics avec les PDG d’entreprises internationales, pour montrer que le pays est redevenu « business friendly » après le tour de vis règlementaire de 2021 ou les confinements à outrance de 2022.
L’autre facteur de prudence qui pousse à la consolidation sur le Cac 40 est l’évolution de la situation macroéconomique des derniers mois, sur fond de durcissement monétaire toujours en cours de la BCE. Depuis février, la très grande majorité des chiffres macroéconomiques tombe en-dessous des attentes, comme en témoigne l’indice de « surprise économique » en zone euro (chiffre publié vs consensus) qui ne cesse de se replier depuis février. Formulé autrement : le consensus est trop optimiste sur les chiffres économiques depuis février.
La récession technique que connaît la zone euro (contraction du PIB aux quatrième et premier trimestres) en est la traduction, même si tous les pays de la zone ne sont pas logés à la même enseigne. L’Allemagne, qui pensait échapper à la récession, comme en témoignent les différentes déclarations politiques depuis le début de l’année, paie finalement l’envolée des prix de l’énergie au niveau de sa dynamique économique.
Ces déceptions macro soulèvent aussi des questions légitimes sur les projections annuelles des entreprises (les « guidances ») : n’étaient-elles pas trop optimistes post-résultats du premier trimestre ? Notamment dans un contexte où l’agressivité de la BCE ne retombe toujours pas et où le prochain mouvement de la Fed est incertain.
En effet, l’aspect monétaire est le troisième facteur qui a poussé le Cac 40 à la consolidation ces dernières semaines. La BCE devrait relever encore deux fois ses taux et la Fed hésite à annoncer une pause. Les dernières déclarations du vice-président de la Fed (Philip Jefferson) fin mai, ont laissé la porte ouverte à une pause sur les taux en juin tout en laissant la possibilité d’une nouvelle hausse en juillet si nécessaire. Mais il faut également se souvenir que Jerome Powell n’était pas particulièrement favorable à une trajectoire erratique de hausse de taux, préférant l’atteinte du taux terminal avant de laisser planer les taux quelques mois puis de procéder aux premières baisses. On se souvient aussi des nombreuses déclarations des membres de la Fed indiquant qu’il valait mieux « en faire trop que pas assez » dans la lutte contre l’inflation. La pause en juin n’est donc pas un « done deal » et si, toutefois, la pause était bien confirmée, la tonalité globale de la Fed ne pourrait pas basculer trop rapidement du côté « accommodant » en raison de niveaux d’inflation toujours inacceptables et encore très éloignés de l’objectif des 2%. La secrétaire au Trésor américain a déclaré il y a quelques jours que la lutte contre l’inflation restait la « priorité absolue ».
Ce contexte semble donc propice à une poursuite de la consolidation du Cac 40 sous ses sommets. La consolidation peut se définir par le fait d’osciller dans une zone délimitée qui s’étend de 6.800 à 7.600 points et qui aurait commencé au moment du stress bancaire en mars, après deux puissants rallys successifs observés depuis octobre. Je ne serai pas étonné de voir le Cac 40 revenir temporairement sous les 7.000 points pour se rapprocher des points bas de mars, avant de rebondir. Il y a trois zones techniques en vue : le haut de l’ancien canal haussier en place depuis la crise des subprimes (actuellement à 7.100 points), l’ancien sommet historique de l’an 2000 à 6.944 points et, enfin, le creux de mars dans la zone des 6.800 points. Cette densité technique devrait empêcher le Cac 40 d’aller beaucoup plus bas, favoriser la consolidation en cours, avant un retour sur les 7.600 qui serait le signal d’un nouveau rally vers les 8.000 points.
Source: Investir