La hausse du point d’indice des fonctionnaires et la prime " pouvoir d’achat " ne convainquent pas les syndicats

June 12, 2023
323 views

GERARD JULIEN / AFP GERARD JULIEN / AFP

ÉDUCATION - Un coup de pouce qui ne suffit pas à calmer la colère. Le ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Stanislas Guerini, a annoncé ce lundi 12 juin une revalorisation de 1,5 % au 1er juillet du point d’indice des fonctionnaires et une prime dégressive pour soutenir les bas et moyens salaires. Mais la faiblesse des montants accordés a déçu, voire provoqué la colère les organisations syndicales.

La prime, dite de « pouvoir d’achat », d’un montant compris entre 300 et 800 euros sera versée avant la fin de l’année 2023, a précisé le ministère de la Transformation et de la fonction publiques. Elle bénéficiera aux agents gagnant jusqu’à 3 250 euros bruts par mois, et sera perçue par 50 % des agents de l’État et 70 % des agents publics hospitaliers. Un agent d’accueil en début de carrière gagnerait ainsi au total 182 euros par mois de plus, et une professeure des écoles avec sept ans d’ancienneté 102 euros de plus.

Des syndicats ont claqué la porte du ministère

Mais selon le communiqué de la CGT, la prime « ne semble pas être reconductible » ce qui limiterait fortement le gain de pouvoir d’achat pérenne. Le premier syndicat de la fonction publique dénonce dans un communiqué une « mesure largement insuffisante » alors que l’inflation atteignait encore 5,1 % en mai, selon l’Insee.

Selon la CGT, la perte de pouvoir d’achat depuis le gel du point d’indice le 1ᵉʳ juillet 2010 s’élève à « à peu près 16 % ». Les syndicats demandaient « un geste fort et l’ouverture immédiate de négociations pour rattraper ces pertes de pouvoir d’achat », a déploré Natacha Pommet, secrétaire générale de la Fédération CGT Services publics (FDSP), sur franceinfo. « Des augmentations salariales vraiment pas à la hauteur, le ministre doit revoir sa copie ! », a encore tancé la UFSE-CGT dans son communiqué.

🔴Salaires dans la #Fonctionpublique : Des augmentations salariales vraiment pas à la hauteur, le ministre doit revoir sa copie ! Les syndicats ont quitté la réunion pour manifester leur mécontentement ! https://t.co/tsNm9EYow2 — UFSE-CGT (@UFSE_CGT) Voir le tweet

« Ça ne répond absolument pas à l’urgence salariale dans la fonction publique », a déclaré à l’AFP Gaëlle Martinez, déléguée générale Fonction publique de Solidaires, ajoutant ressentir « beaucoup de colère ». « La déception est surtout liée à l’épaisseur de l’enveloppe », a de son côté commenté Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques.

Au cours d’un point de presse, le ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Stanislas Guerini, a reconnu que plusieurs syndicats qu’il avait conviés lundi ont quitté la réunion avant la fin, comme vous pouvez le voir dans le tweet ci-dessous. L’an dernier, la revalorisation du point d’indice, longtemps gelé, avait été de 3,5 %.

Les syndicats de la #FonctionPublique quittent la réunion avec @StanGuerini. Les mesures annoncées sont "insuffisantes" dit @VerzelettiCeli1 de l'@UFSE_CGT en référence notamment à la hausse de 1,5% du point d'indice.Le pouvoir d'achat "va continuer à se dégrader" #fonctionnaires https://t.co/0X3OyUba76 — Bastien Scordia (@Bas_scordia) Voir le tweet

La fonction publique territoriale pas concernée

Et pour cause, les revendications syndicales étaient grandes, et chaque syndicat avait son objectif. La CGT exigeait une de hausse 10 %, pour rattraper les dix ans de gel du point d’indice. Le secrétaire général de la FSU Benoît Teste, réclamait le 12 juin une augmentation de salaire « de 10 % minimum pour tout le monde ». Force Ouvrière, réclamait une compensation de l’inflation, autour de 6 %, en comptant la revalorisation de l’été dernier, rapportent nos confrères de Franceinfo.

Quant aux agents de la fonction publique territoriale, ils ne sont pas directement bénéficiaires de la prime de pouvoir d’achat mais « un outil de politique salariale pour les collectivités » sera créé pour celles « qui souhaiteraient la verser à leurs agents », selon le document du ministère.

La CGT s’est insurgée : « la fonction publique territoriale reste le parent pauvre de la fonction publique » et souligne que « les salaires dans la fonction publique territoriale sont, en moyenne, beaucoup moins élevés que dans la fonction publique de l’État et dans la fonction publique hospitalière ».

L’Association des maires de France (AMF) a estimé dans un communiqué que « les annonces de ce jour du gouvernement sur la rémunération des agents placent les communes devant le fait accompli », réclamant de la « visibilité sur leur budgets ».

Stanislas Guerini a pour sa part salué « des mesures qui sont significatives et qui laissent aussi des marges de manœuvre aux employeurs territoriaux pour pouvoir apporter eux aussi des réponses aux questions de pouvoir d’achat ».

Accord de méthode

La revalorisation de 2022 avait été chiffrée à 7,5 milliards d’euros. Cette fois, les mesures annoncées interviennent alors que l’État cherche à faire des économies budgétaires pour 2024. Selon le ministère, elles s’ajoutent à l’effet en année pleine de la revalorisation de l’an passé et à des mesures catégorielles, notamment en faveur des enseignants, et représenteraient pour la fonction publique d’État « une hausse de 6,8 % en 2023 ».

Cette année, les agents publics ont aussi obtenu la reconduction pour 2023 de la Garantie individuelle de pouvoir d’achat (Gipa, une indemnité compensatoire de l’inflation), une revalorisation des frais de mission, une meilleure prise en charge des abonnements aux transports collectifs et une revalorisation du barème de monétisation des comptes épargne temps.

Aussi le gouvernement cherche-t-il d’autres pistes que les salaires pour instaurer un dialogue durable avec les syndicats, qui ont un temps boycotté les réunions officielles au ministère pour protester contre le report à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite.

Stanislas Guerini espère leur soumettre rapidement un projet d’accord sur le financement par l’Etat des frais de prévoyance (décès, invalidité..) de ses agents. Des dispositifs d’aide au logement des fonctionnaires pourraient également être annoncés dans les prochaines semaines. « Les syndicats m’ont indiqué leur volonté de construire un accord de méthode, de définir un champ de négociation », a déclaré le ministre.

À voir également sur Le HuffPost :

Source: Le HuffPost